AGENCE TOUS RISQUES

Stijnen on web, Blondel la faucheuse, Dirar et les retards… : la foire bleue et noire vue autrement.

Stijn Stijnen, le hacker (1)

Le compteur brugeois de Stijn Stijnen est définitivement bloqué à 155 matches de championnat. Quand il s’était approché de l’équipe Première, le monument en place l’avait encouragé : Dany Verlinden. Cette saison, le meuble Stijnen n’a pas supporté – entre autres choses – l’éclosion de la nouvelle perle, Colin Coosemans. Sa frustration et sa campagne de diffamation via internet ne viennent que de là. Via les pseudos Piop et Frigo, censés être des supporters du Club, Stijnen, son frère et sa compagne ont posté plus de 250 messages sur différents forums de fans entre avril 2008 et février 2010. Pas mal de monde en a pris pour son grade. Exemples. Sur Coosemans :  » Il a eu beaucoup de chance aujourd’hui, surtout quand il a complètement raté une sortie en dehors du rectangle. Si Stijnen avait fait la même chose, le forum serait devenu fou.  » Sur Geert De Vlieger :  » Tout le monde sait que c’est une taupe dans le vestiaire. C’est pour ça que Francky Dury l’avait viré de Zulte Waregem.  » Sur Carl Hoefkens :  » Son niveau est dramatique.  » Sur Glenn Verbauwhede :  » Il ferait mieux de se concentrer sur son football plutôt que sur des bêtes jeux à la radio.  » Sur Sven Vermant et Henk Mariman, les deux nouveaux patrons sportifs :  » Des puceaux. Aucune personnalité. Dupont et Dupond. Et ce sont des poids plumes pareils qui doivent diriger notre club. Ouais…  » Et sur Stijnen lui-même :  » Stijnen, un héros !  »  » Stijn, reviens vite stp !  »  » Stijnen, c’est la grande classe. Un vrai clubman.  »  » Stijnen est le meilleur joueur du Club depuis des années, je ne vois pas pourquoi on ferait maintenant jouer un autre gardien.  »

Une imagination débordante, mais pour la Computer Crime Unit, remonter jusqu’aux personnes qui postent des messages sur un forum est un jeu d’enfant. Stijnen est le premier joueur de l’histoire du foot belge à être viré pour délit informatique.

Jonathan Blondel, le démolisseur (2)

Empêchez vos enfants d’aller revoir les images de Villarreal-Bruges, fin septembre en Europa League (si le contrôle parental de votre PC vous pose problème, contactez Stijnen Software). Dans ce match, un Jonathan Blondel fou furieux se lance studs en avant sur Cani qui s’écroule bas de la jambe en sang. Et le Jo n’a même pas touché le ballon, ce n’était d’ailleurs pas son intention. Pendant qu’on place la victime sur la civière, Blondel nous refait le coup de l’innocent :  » Qu’est-ce qu’on me veut encore ? » Et un bon crachat pour suivre. Par miracle, il ne prend qu’une carte jaune.

Dégoûté, Adrie Koster critique publiquement son joueur et l’écarte de l’équipe. Blondel, c’est une collection de 21 cartes jaunes et deux exclusions depuis le début de la saison dernière. Rien qu’en championnat. Dommage car Baby Face peut montrer bien mieux que cela, c’est un garçon charmant en dehors des terrains et il a reçu une bonne éducation. D’ailleurs, depuis qu’il est de retour dans le 11 de base, il ne déçoit pas et est un pion du renouveau.

Wilfried Dalmat, le chômeur (3)

Il n’est pas bien dans sa peau, le Wil. Et pas bien en Flandre. Il l’a confié récemment en aparté. Bruges, et Roulers où il habite, ce n’est pas la même mentalité qu’à Mons ou à Liège. Il se sent  » bizarre  » dans cette ambiance. Et il râle de n’être qu’une doublure de luxe. Quand ça tourne bien, Koster bouge peu son équipe idéale et Dalmat n’est qu’un joker attitré en cas d’indisponibilité de Nabil Dirar ou IvanPerisic. Alors, il pète parfois les plombs.

Dès le mois d’août, quand le Club rentre au vestiaire à la mi-temps avec un handicap de deux buts contre Malines, Dalmat file une pêche à Antonio Ghomsi. En février, autre gros clash. Avec le coach. Une semaine après avoir marqué un but splendide contre Zulte Waregem, le Français apprend qu’il ne sera pas dans l’équipe face à Lokeren. Il refuse d’assister à la théorie et Koster le renvoie dans sa sombre campagne roularienne.

Nabil Dirar, le chahuteur (4)

Le positif d’abord : Dirar est unanimement considéré comme un artiste du foot et un gars charmant. Le négatif : son sang est bouillant et il déteste la discipline. Et lui aussi est peu accro à la ville de Bruges. Il se réfugie dès que possible chez sa copine à Bruxelles. Et comme les bouchons sont une institution sur le Ring et l’E40, il est… parfois un peu en retard pour l’entraînement. Sans parler de certains retours tardifs du Maroc quand il était sélectionné et qui ont renforcé le cliché footballeur africain, tu sais quand il part, tu ne sais pas quand il revient !

L’été dernier, Dirar est expédié dans le noyau B pour avoir brossé le fan-day. Un mois plus tard, il se plaint dans la presse qu’on rigole trop peu aux entraînements de Bruges. Juste après, il se fait remarquer au moment de son remplacement à Westerlo : il refuse la poignée de mains de Koster. Lors du match suivant, à domicile contre Genk, il est sifflé par les supporters du Club. Fin octobre, après la défaite à Lokeren, il est à nouveau envoyé dans le noyau B pour s’être disputé avec l’entraîneur. Depuis quelques mois, toutefois, l’homme est bien calmé et ne montre plus que ce qu’il sait faire de mieux.

Ivan Perisic, le noceur (5)

Jade Foret : WAG top class, mannequin, joli bout de femme qui partagea brièvement la vie d’ EmileMpenza. Suite de leur histoire agitée au tribunal. Fin septembre, elle prend un vol New York-Bruxelles pour venir fêter son anniversaire dans une discothèque de la banlieue anversoise. Didier Drogba est là et le champagne coule. Perisic aussi alors que le Club joue le lendemain au Germinal Beerschot (où il sera battu 2-1). La direction l’apprend. Et sait que ce n’est pas le premier écart du joueur, qui sort régulièrement avec les Yougos de Courtrai et de Roulers. Il reçoit une amende. Déjà, sa carte rouge en début de saison contre le Cercle avait été avalée de travers.

Et il y aura d’autres incartades du bouillant Perisic. A la fin du match à Eupen, il refuse d’aller saluer les supporters qui n’ont pourtant pas lésiné sur les heures de car (plus de 450 km aller-retour). La semaine suivante, contre le Beerschot, il donne un coup au visage de son coéquipier Jeroen Simaeys (qui a eu le tort de lui dire où il devait se placer sur une rentrée en touche). En février contre Lokeren, Perisic provoque encore un incident : il se dispute avec Dirar car ils veulent tous les deux donner un coup franc à l’entrée du rectangle.

Vadis Odjidja, l’orateur (6)

Vadis Odjidja est un bon client à l’interview parce qu’il va au fond des choses et dit toujours tout ce qu’il pense. Quitte à ce que ça choque. Frankie Vercauteren ? Un incapable. Anderlecht ? Un club où les jeunes n’ont aucun avenir. Son modèle comme médian défensif ? Nigel de Jong. Et encore ceci :  » Je pourrais continuer à jouer et à vivre normalement après avoir cassé la jambe d’un adversaire.  » En pleine préparation estivale, il quitte un entraînement après s’être frotté à trois équipiers aussi chauds que lui : Blondel, Dirar et Stijnen. Le Club lui colle une amende. En octobre, il est exclu à Lokeren pour avoir pris deux jaunes en quelques secondes. Fin décembre, il est écarté du groupe qui se déplace à Gand. Koster lui reproche de ne pas s’entraîner sérieusement. Odjidja réplique :  » Maintenant, je jouerai pour moi, plus pour lui.  »

Puis il y a la bombe qui désintègre Bruges et sa banlieue. Un peu égratigné par Gert Verheyen qui l’a traité d’enfant, il se demande publiquement ce que ce Verheyen a prouvé dans sa carrière. La direction, les supporters et les anciens sont scandalisés. Odjidja s’excuse mais c’est trop tard.

Adrie Koster, le démineur (7)

Koster doit sans arrêt réfléchir aux meilleures manières de gérer ces egos. Il n’y a pas que Stijnen, Dirar, Perisic et Odjidja. Dorege Kouemaha peut aussi péter un câble : un coup de boule à Hans Cornelis dans le derby contre le Cercle, une grosse amende et quatre matches de suspension. Et même le bon Joseph Akpala s’est risqué à critiquer son coach dans la presse.

Koster gère comme il peut. Pendant longtemps, il a laissé une grande liberté aux joueurs. Même quand il voyait qu’une partie du noyau ne respectait rien ou presque : les horaires (d’arrivée au stade et à table) étaient flexibles, le matériel était régulièrement malmené, des soirées de supporters étaient boycottées, etc. Les dirigeants s’en sont mêlés et le coach a dû se montrer plus dur. Il sait que c’est nécessaire s’il veut avoir une chance de conserver sa place. On lui a dit qu’il pourrait rester s’il qualifiait Bruges pour l’Europe. Mais le nouveau président, Bart Verhaeghe, scruterait déjà le marché. Il voudrait une grande pointure étrangère, on cite Morten Olsen et Ronald Koeman. Le sort de Koster est-il déjà scellé, quelle que soit la suite de la saison ? Si c’est le cas, on ne l’annoncera de toute façon pas trop vite. Le Club avait commis cette erreur avec Cedo Janevski puis Jacky Mathijssen : dès qu’on avait communiqué qu’ils seraient écartés à la fin de la saison, ils avaient perdu le contrôle du vestiaire.

Luc Devroe, le cavalier seul (8)

Mars 2007-janvier 2010 : le séjour de Luc Devroe comme manager sportif du Club n’aura pas duré quatre ans. Pour lui aussi, la saison fut très agitée. Premier clash : en août, il critique la préparation et n’est pas d’accord avec l’amende infligée par Koster à Dirar pour son absence à la journée des supporters. Un an plus tôt, Devroe a déjà démoli le Hollandais durant l’été, alors que les résultats étaient désastreux. Deuxième incident : après le match contre Malines, Devroe lâche ses flèches sur l’arbitre Johan Verbist :  » On ne le veut plus. Il y a d’autres clubs qui récusent des arbitres, et apparemment, ça marche.  » La Commission d’éthique sermonnera le manager sportif. Troisième passage difficile : pendant le match européen contre Zagreb, le public brugeois lance des slogans anti-Devroe. Et le coup de grâce intervient au tout début de cette année : dehors !

Ce qu’on lui reproche ? Surtout de ne s’être entouré… que de lui-même pour le recrutement. En collaboration avec quelques agents attitrés : Didier Frenay, Walter Mortelmans et Johan Plancke. Au Jan Breydel, des anciens joueurs ( Luc Sanders, Jos Volders) étaient habitués à faire des missions de scouting. Devroe a de plus en plus classé leurs rapports sans suite et son omnipotence irritait. Ses supérieurs reconnaissaient des réussites dans ses transferts (Perisic, Ronald Vargas, Odjidja,…) mais voyaient aussi qu’il y avait du déchet dans les dossiers qu’il avait traités sans consulter personne ( MarcosCamozzato, Maxime Lestienne, Daan Van Gijseghem,…).

Pol Jonckheere, la nounou (9)

Lu le 1er février:  » Pol Jonckheere a décidé d’abandonner son mandat. Le conseil d’administration a accepté cette démission.  » Du bluff : Jonckheere a été viré.

Quand cet architecte devient président en 2009, c’est un choix naturel. Son père a imaginé le stade actuel dans les années 70, lui-même l’a rénové à trois reprises et a occupé divers postes à responsabilités au Club. Choix naturel mais choix par défaut aussi : personne d’autre ne se proposait pour remplacer Michel D’Hooghe. Très vite, l’entente entre Jonckheere et D’Hooghe se dégrade. Le nouveau boss essaye d’écarter deux membres du conseil d’administration, des  » vieux  » auxquels il reproche de  » s’endormir aux réunions « . Il pousse à la démission le manager général Filips Dhondt, un homme de D’Hooghe. Il reprend le contact avec les autorités communales, ennemies du même D’Hooghe. On trouve qu’il essaye trop de s’occuper des transferts. Autre reproche fait à Jonckheere : son couple est trop proche des joueurs. Madame Jonckheere organise des activités pour les épouses et est la nounou de quelques étrangers du noyau. Akpala passe des soirées chez eux et elle lui prépare des repas à réchauffer. Elle est même la marraine de l’enfant du Paraguayen Antolin Alcaraz, entre-temps transféré en Angleterre. Certains dirigeants n’apprécient pas cette proximité et estiment que ce n’est pas une preuve de professionnalisme. Lorsque Jonckheere est démissionné, il reçoit l’interdiction d’avoir le moindre contact avec des joueurs du Club pendant six mois !

PAR PIERRE DANVOYE – DESSINS/ PAD’R

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire