AFRICANISATION

Beveren est presque allé au bout de son rêve… et de celui de pas mal d’amateurs de beau football. Mais l’équipe de Jean-Marc Guillou n’aurait sans doute gagné qu’avec l’adjuvant de joueurs partis au dernier mercato : les milieux Gilles Yapi Yapo et Yaya Touré et le défenseur Arsène Né. Mais les regrets sont superflus : ces footballeurs sont partis parce qu’ils constituent la preuve vivante que le système Guillou fonctionne. On détecte du talent à Abidjan, on le développe dans l’Académie, on le fait jouer dans une bonne équipe locale et puis, hop, on le fait venir en Europe où il se retrouve soit immédiatement dans un grand club (comme Aruna Dindane) soit il transite dans un club vitrine (comme Beveren).

Guillou est un cynique mais on aime le football qu’il fait pratiquer. Il n’est pas en Belgique par amour du Plat Pays mais plutôt de ses règles qui permettent d’aligner zéro Belge : fait unique dans le monde, probablement, et en Europe certainement.

Il aide ses Ivoiriens à accomplir une belle carrière footballistique, ce qui ne plaît guère à Michel Platini, membre du comité exécutif de la FIFA qui y voit une concurrence déloyale à l’égard des jeunes Belges. Platini peut évidemment râler mais pas contre Beveren : il devrait plutôt adresser ses remontrances à l’Union Belge qui, traumatisée d’avoir vu l’affaire Bosman se développer sur ses terres, a fait preuve d’un libéralisme total. Mais le phénomène Beveren s’applique û même moins massivement û à plein d’autres clubs. Partout, le joueur étranger empêche le jeune Belge de trouver une place de footballeur pro. Et ce sont surtout les joueurs du continent africain qui font obstacle en nombre.

Quand on épluche notre Dossier Afrique, on réalise que la présence de Beveren en finale de la Coupe ne fait que cristalliser les liens très forts que la Belgique cultive avec le foot africain depuis un demi-siècle. Il n’y a qu’à connaître notre équipe nationale pour s’en rendre compte. Si Lucy, le plus vieil être humain jamais exhumé, provient d’Afrique, le foot y trouve aussi pas mal de racines, surtout pour nous.

Mais revenons un peu à la FIFA, si prompte à donner des leçons du haut de sa puissance, mais si lente, parfois, à effectuer les bons choix éthiques. La semaine dernière, elle a enfin signé l’accord sur le dopage que le Comité International Olympique lui demandait d’appliquer. Non seulement aux Jeux, mais également au jour le jour, car on ne voit pas pourquoi les footballeurs ne devraient pas être soumis aux prescriptions de l’Agence Mondiale Antidopage.

On espère que c’est la commission médicale de la FIFA présidée par Michel D’Hooghe qui a fait comprendre aux autruches que les morts récentes de deux footballeurs au Portugal ou celles enregistrées en Italie depuis quelques années faisaient partir le foot dans le même mur que le cyclisme.

Dans la rubrique mode, on signalera aussi que la FIFA a finalement évité le ridicule en cessant l’ostracisme à l’égard du Cameroun, coupable d’avoir joué avec des maillots/shorts Puma d’une pièce à la dernière CAN. Et dire qu’il a fallu qu’on mette en évidence la confusion d’intérêt possible de la FIFA (sponsorisée par Adidas) pour en arriver là.

Heureusement, si la FIFA est parfois un peu légère, on ne peut la taxer d’anti-africaine, le Mondial 2010 ayant été attribué à l’Afrique du Sud. Mais la vie du footballeur africain ou d’origine africaine dans nos contrées n’est pas toujours banale. Le racisme existe et il affleure dans tous les articles du Dossier comme un tackle par derrière. On n’a pas encore trouvé la parade. Ni à l’un ni à l’autre.

par John Baete

Le racisme, comme un TACKLE PAR DERRIèRE…

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