Affaire Ye : toujours cette odeur de pourriture.

Dans l’Affaire Ye, on ne sait toujours pas vers quoi on se dirige comme épilogue. On a la nette impression que l’Union Belge, échaudée par les menaces de procès, tarde volontairement à prononcer des peines qu’on espère très significatives pour tous les tricheurs. Pour être sur le velours, elle attend courageusement les décisions de justice pour ensuite pouvoir appliquer des sanctions exemplaires. Evidemment, on sait que la justice belge rend ses verdicts à la vitesse d’un ailier super vétéran et cela pose problème. Cela permet à des joueurs tricheurs de jouer en attendant d’être condamnés par la justice et d’être suspendus. Et à toute personne affiliée à l’Union Belge de vaquer à ses occupations sans en être empêchée.

Heureusement, les règlements de l’Union Belge précisent qu’il n’y a pas de prescription pour les actes de falsification dès qu’il y a instruction sportive disciplinaire ou/et judiciaire entamée(s). C’est le cas, mais c’est une maigre consolation. Un peu de calcul : à partir du début du procès, il faudra compter deux ans (c’est une moyenne) pour que le verdict soit rendu. Certains joueurs tricheurs auront terminé leur carrière à ce moment et d’autres la verront simplement raccourcie. Les coaches et dirigeants indélicats attendront sans doute le plus facilement pour se relancer…

Prenez le cas de LaurentFassotte. L’ex-défenseur du Lierse qui admet sa tricherie (voir plus loin) a intérêt à ce que la justice n’aille pas trop vite. Il dit qu’il risque juste une amende pénale pour avoir accepté de l’argent noir… C’est tout ? Le droit belge ne punit-il pas, aussi, les falsificateurs ? Si. Et par rapport au foot, Fassotte estime naïvement qu’il a assez payé.  » Vous vous rendez compte « , a- t-il l’air de dire,  » un joueur de D1 obligé de jouer en D3 !  » C’est naïf et outrancier pour tous ceux qui estiment anormal, par rapport aux valeurs sportives, qu’un tricheur puisse carrément encore jouer. Mais bon (et ceci étant dit que tout le monde est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire), dès que l’Union Belge aura un jugement le condamnant, elle ne se gênera pas pour le punir.

En attendant, l’Affaire Ye se traîne et cette odeur de pourriture incommode. Mais on n’est pas en Italie, où la loi prévoit qu’en cas d’irrégularité au sens large et de falsification au sens strict dans le Calcio, on peut faire jouer tout un arsenal policier… dont des écoutes téléphoniques. C’est cette procédure judiciaire mise en £uvre qui a débouché sur le Calciopoli. Rien de tout cela en Belgique, où le pouvoir sportif présente une inadéquation totale par rapport au droit du travail comme l’a mis récemment en évidence la cause gagnée par Maître Luc Misson en référé. La vieille histoire de règlements portant encore en eux-mêmes le souffle de l’amateurisme face aux dures lois de la jungle du sport pro où il ne faut pas nécessairement être fair-play pour gagner.

Face aux dénaturations de notre football importées par le Chinois, on risque, dans quelques années, d’avoir seulement encore dans notre mémoire olfactive les effluves évanescentes d’une grosse boule puante. Le temps aura passé et les joueurs, entraîneurs, dirigeants et autres tiers impliqués s’en seront en majorité sortis sans gros dommage. Le risque existe, à moins que la justice s’emballe. Pour la ministre de la Justice Laurette Onckelinx, ce serait peut-être positif d’avoir un bon  » procès des pieds propres  » avant les élections, non ? Le football reste un formidable levier d’intérêt général. Les journaux vendent le plus le lundi, au lendemain des matches du week-end non ? Et Belgacom n’a- t-il pas acheté à des prix sans précédents les droits de la D1 pour lancer sa télé par internet ? Bref, Onckelinx gagnerait à devenir la Madame Propre du foot belge. On peut rêver…

PAR JOHN BAETE

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