Ados : halte à l’échec

Chaque année, l’équipe de Vermeersch fait confiance à de nouveaux jeunes : sans succès jusqu’à présent.

Il y a un peu plus d’un an, le Brussels pointait en tête du classement après un 10 sur 12 encourageant. A l’époque, le club de la capitale avait la plus jeune moyenne d’âge de l’élite et voyait l’avenir en rose. Albert Cartier déclarait dans Sport/Foot Magazine :  » Pour moi, un bon joueur n’a pas d’âge. S’il est prêt et s’il comprend et assimile son rôle, il peut être aligné « . Quant au président Johan Vermeersch, il ajoutait :  » En 2008, je serai au bout de mon premier quinquennat. J’espère que la moitié de l’effectif sera constitué de joueurs de la capitale « .

2008, c’est dans trois mois et on est loin de la prédiction présidentielle. Ceux qui constituaient l’avenir du Brussels il y a un an, ont tous disparu. Le défensif Fabrice Omonga s’est exilé à Oud-Heverlee Louvain, le médian Kristofer Andersen chez les amateurs du Borussia Moenchengladbach (dès décembre 2006), les défenseurs Michaël Jonckheere et Cédric Dellevoet et le milieu défensif Arnaud Sutchuin sont dans le noyau B, tout comme les jeunes attirés d’autres clubs comme le médian Julien Pinelli (que Vermeersch considérait pourtant comme le nouveau Pol Demesmaeker) ou l’attaquant Cédric De Troetsel. Quant à l’avant Esteban Costagolda, soutenu par Vermeersch, il a filé vers Diegem. L’opération jeune a donc failli.

Certes, certains n’avaient pas le niveau mais d’autres ont été sacrifiés sur l’autel des performances. Un garçon comme Andersen avait été aligné 12 fois au premier tour et avait déjà donné plusieurs assists mais en décembre, il connut une baisse de régime normale pour tout jeune. De Troetsel, qui a montré de bonnes choses, fut rarement aligné. Quant à Pinelli, il ne fut jugé que sur trois bribes de match.

On sait que certains d’entre eux ont été traités particulièrement durement. Vermeersch, qui croyait en eux, s’est vite rendu compte qu’avec 5 jeunes sur 11, son équipe ne tiendrait pas la cadence. Et quand on connaît le personnage, on sait que quand ce n’est pas bon, c’est mis de côté. C’est tout blanc ou tout noir. Il part du principe qu’il a donné une chance aux jeunes et que ceux-ci l’ont trahi, entend-on. Il offre aux jeunes un salaire minimum mais attend d’eux le maximum : rendement, professionnalisme, hygiène de vie, pas de sorties.

Le Brussels a pris un virage à 180° en attirant des mercenaires plus expérimentés comme l’attaquant Mickaël Citony, le milieu Flavien Le Postollec et le défenseur Samuel Neva. Outre les arrières Sydney Kargbo et Steve Colpaert (qui n’a que 21 ans mais compte déjà trois saisons de D1 derrière lui), plus aucun jeune sur lequel on misait en début de campagne passée ne reçoit sa chance. Seul Quantin Durieux, l’ancien Louviérois, a pu réintégrer le noyau A. Il ne ferait pas tache au sein de l’arrière-garde mais il a pâti de son étiquette louviéroise, dit-on.

Ne plus brûler les jeunes

Les conditions d’épanouissement pour ces jeunes ne sont pas présentes.  » Il y a un manque de structures et d’infrastructures « , explique Patrick Wachel, entraîneur des Espoirs,  » On s’entraîne sur un terrain synthétique. Une fois ça va mais tous les jours, ce n’est pas l’idéal. De plus, les heures de travail ne sont pas adaptées. Les entraînements ont lieu à 20 h 30 « .

Sans compter qu’un jour, les jeunes prennent le chemin du Sippelberg, le lendemain de Zellik. Le samedi, c’est impossible de voir tous les matches des jeunes évoluant à domicile tant ils sont dispersés aux quatre coins de la capitale. A contrario, à Anderlecht, le responsable des jeunes n’a qu’à se rendre à Neerpede et il aura une vue d’ensemble des équipes d’âge.

Pourtant, faute de moyens et de noyau suffisant, une nouvelle vague de jeunes refait surface. Est-elle plus prometteuse que la précédente ou est-elle vouée au même sort ?  » On a décidé de ne pas brûler cette génération car on ne veut plus avoir la même mésaventure que la saison précédente « , explique Noureddine Moukrim, finaliste de la Coupe des Coupes avec l’Antwerp en 1993, aujourd’hui à la tête des -17 ans.  » Cette année, on voit qu’on utilise les jeunes au compte-gouttes. On décide de les acclimater au fur et à mesure. Le médian défensif Sébastien Pirri s’entraîne avec les pros deux fois par semaine. Même chose pour le quatrième gardien Anthony Sadin. Tous ces jeunes ont de la qualité mais ne sont pas encore totalement prêts pour la D1. On le sait et on peut compter sur Cartier pour les lancer sans les éteindre complètement. Il va au contraire les fortifier « .

Ce discours tient compte d’un changement de politique depuis un an. On a tiré les leçons du passé récent. Pourtant, certains n’hésitent pas à dire que si le Brussels a décidé de faire confiance aux jeunes, c’est parce qu’il n’avait pas le choix. Ils font office de bouche-trou, dit-on. Parfois, on a l’impression qu’ils sont promus en A non pas suivant leurs qualités mais parce qu’il faut faire nombre. On en fait monter 10 en A pour en faire redescendre 8 dans le noyau B, quelques semaines plus tard. On ne peut pas vraiment parler d’une politique de jeunes suivie.

par stéphane vande velde – photos: belga/reporters

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