Admirer Admir et Alphonse qui fonce

De la pointe d’un soulier, puis de l’autre pointe, Yoni Buyens tripote imprudemment, et par derrière quoique sans agressivité bouchère, les gambettes en mouvement d’ Admir Mehmedi, lequel s’emmêle ainsi les pinceaux au moment où il projetait d’ajuster Sinan Bolat. Peno pas scandaleux et carton rouge non plus… vu que le Zurichois semble posséder une habileté rendant son occasion manifeste selon les Lois du Jeu ! D’où, dix contre onze à la 22e et patatras au bout du bout du match. Comme il fut long, ce rêve printanier durant lequel Liège lutta via les play-offs pour une qualification en Champions League ! Puis comme il vient vite, comme il est court, ce pétage de gueule estival qui fait que tout s’écroule avant d’avoir vraiment commencé.

Ainsi va le foot. Et les analyses diront que les absences/départs d’ Axel Witsel, Steven Defour, Eliaquim Mangala et Mehdi Carcela ont pesé lourd dans la balance, ce qui n’est évidemment pas faux. Mais ce n’est pas ce qui me rend triste : les footballeurs changent maintenant de club comme de slip, faut s’y faire ou choisir plutôt d’aimer les chants d’oiseaux.

Ce qui m’attriste, c’est que ce soit Buyens, le demi défensif, c’est-à-dire le gars positionné devant une défense à quatre, qui se retrouve dernier homme dépassé aux trousses d’un attaquant, comparse aux avant-postes d’ Alexandre Alphonse. Tout ça pendant que les deux défenseurs centraux assistent à la scène, seuls et plantés loin comme des saules pleureurs ! Et ceci n’est pas une critique à José Riga en particulier, loin de là, ni à Buyens, ni même aux deux saules ici concernés. C’est le genre de risque que prennent désormais tous les top-coaches à la page, depuis cette mode de la défense dite à plat et en zone. Celle dont raffolent les attaquants adverses, puisqu’elle permet de décrocher pour trouver l’espace et jouer dans les intervalles si souvent cités ! Mais aussi celle qui fait que les arrières en zone zonent, c’est-à-dire flânent plus souvent qu’à leur tour, et qu’une défense à plat peut se retrouver battue à plate couture.

Je sais, ça fait vieux déphasé, n’empêche. Imaginons que soit collé à la culotte de ce Mehmedi, pendant 90 longues minutes, un gars qui sait coller/culotte et qui raffole de ça : pareil gars doit encore exister, non ? Imaginons ensuite que soit adopté le principe d’un couvreur derrière ces deux-là dès qu’ils sont en lutte. Eh bien de la sorte, un attaquant comme Mehmedi (vif, technique, infiltreur) se retrouverait moins fréquemment nez à nez avec un gardien ! Certes, le ou les gars en marquage individuel strict (expression ô combien désuète !) se verraient ainsi privés de participation au noble processus collectif de construction. Et alors, quelle importance puisque reconstruire à dix aujourd’hui n’amène pas plus de buts que reconstruire à huit ou neuf hier, au temps où les garde-chiourmes garde-chiourmaient vraiment ?

Le crash du Standard m’égare, je voulais surtout causer de Witsel. La déception aurait dû être qu’il nous quitte, vu que nous serons désormais privés de son jeu si juste et de velours. Mais non. La déception dominante est qu’il ne nous quitte que pour Benfica et que contre six minables millions d’euros ! Or, aucun club belge n’a la renommée d’un Benfica qui jouera les poules de la Champions League si Witsel élimine le Twente de son pote Nacer Chadli ! Axel a choisi la progression par paliers et une rampe de lancement idéale vers les vrais grands. Benfica n’a-t-il pas fourni ces derniers temps Ramires et David Luiz à Chelsea, Angel Di Maria et Fabio Coentrao au Real Madrid ? Mieux vaut ça qu’un looping loupé de type Jova qui croyait tutoyer les cimes et n’a que ciré le banc d’Anfield ! Quant aux six petits millions, nous comparerons le 31 août, une fois les emplettes terminées. J’aimerais croire qu’ils sont l’indice d’une imbécillité à la baisse par rapport aux 20 millions pour Marouane Fellaini en 2008. Et je n’y crois pas quand j’apprends que Javier Pastore (vers PSG) et Sergio Aguero (vers Man City) dépassent la barre des 40 millions !

PAR BERNARD JEUNEJEAN

Comment le demi défensif Buyens s’est-il retrouvé dernier homme dépassé ?

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