Adiós Bélgica !

Il reste trois matches pour admirer le talentueux joueur costaricien de La Gantoise.

Sur le bras droit de Bryan Ruiz, un tatouage a fait son apparition depuis un an : le nom de son fils, Matías, né le 20 octobre 2007 en Belgique. Le joueur costaricien de La Gantoise gardera donc, quoi qu’il arrive, un souvenir indélébile de notre pays. Pourtant, ce n’est plus un mystère, il souhaite le quitter :  » Je me plais beaucoup en Belgique, mon fils y est né, mon épouse s’est bien adaptée, mais le moment est venu de franchir une étape. Dans mon plan de carrière, c’est d’ailleurs ce que j’avais imaginé : trois années en Belgique, puis plus haut. « 

Cela a le mérite d’être clair…

BryanRuiz : Je n’ai jamais caché mes ambitions. Mon agent est au courant, il gère toutes les demandes à mon sujet. Personnellement, je ne veux rien savoir avant la fin du championnat car j’entends me concentrer sur les dernières rencontres avec Gand. Mais je sais ce que je veux. Je quitterai le championnat de Belgique : c’est sûr à 90 %.

Pourquoi pas le Barça ?

Votre rêve, c’est l’Espagne ?

Exactement. Une grande équipe qui joue la Ligue des Champions, par exemple.

Vous ne pensez pas partir à Barcelone, tout de même ?

Et pourquoi pas ? ( Ilrit) On peut toujours rêver.

Et si vous êtes contacté par des équipes comme Numancia ou Osasuna ?

J’espère partir en Espagne, mais pas dans une équipe qui risque de descendre en D2, forcément. Un club de milieu de classement, où je pourrais me montrer, ferait mon bonheur.

Et à défaut d’Espagne ?

L’Angleterre, l’Italie, la France… pourvu qu’il s’agisse d’un pays où le championnat est d’un niveau supérieur.

La Liga est très compliquée. Aucun joueur de champ belge n’a encore réussi à s’y imposer. Mais il est vrai que vous n’êtes pas Belge…

C’est un championnat très technique. Très rapide aussi. Il me plaît beaucoup. Avant de penser que le niveau y est trop élevé pour moi, il faut tenter le coup.

Avoir joué trois ans en Belgique vous offrira plus d’atouts ?

Je pense que oui. La Belgique fut un bon tremplin. J’y ai appris beaucoup : je sais désormais jouer plus rapidement, en une touche de balle lorsque c’est nécessaire. J’ai aussi appris à défendre. Au Costa Rica, j’étais un attaquant pur, qui ne devait pas trop se soucier du travail de récupération.

Passer directement du Costa Rica à l’Espagne aurait été plus compliqué ?

Oui, sans aucun doute. La Liga est le championnat le plus compétitif d’Europe, il y a un abîme entre elle et la compétition costaricienne. Il faut gravir les étapes progressivement et je pense que la Belgique fut une bonne étape intermédiaire.

Et si Anderlecht vous contactait ? Tout le monde affirme que vous avez le profil idéal pour les Mauves…

Hummm… J’ai beaucoup de respect pour cette équipe et je serais flatté si le club de la capitale s’intéressait à moi. Je pourrais sans doute y remporter des trophées, mais ce n’est pas l’équipe dont je rêve. Je ne veux pas m’éterniser en Belgique,

De toute façon, vous êtes trop cher pour Anderlecht…

C’est vous qui le dites.

A quelle hauteur a-t-on fixé votre prix de transfert ?

Je l’ignore. Je sais que, si une bonne offre devait parvenir au secrétariat de La Gantoise, le club serait disposé à me laisser partir. J’en ai déjà parlé avec Michel Louwagie et Ivan De Witte.

C’est quoi, une bonne offre ? On a parlé de dix millions…

Dix millions, c’est beaucoup. Cinq ou six millions, ce serait déjà très bien.

Trois entraîneurs très différents

En trois années à Gand, vous avez travaillé avec trois entraîneurs : Georges Leekens, Trond Sollied et aujourd’hui Michel Preud’homme. Pouvez-vous les comparer ?

Ils sont très différents l’un de l’autre. Leekens avait son système à lui, ses joueurs à lui, et ne faisait confiance qu’à ses propres joueurs. Je n’avais malheureusement pas la chance de faire partie des privilégiés et je n’ai donc été titularisé que deux fois, avec trois montées au jeu en cours de match. C’est sûr que je n’ai pas pleuré le départ de Leekens, je le concède. Je savais qu’avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur, tout le monde repartirait de zéro. Et effectivement, tout a changé avec Sollied. Pourtant, la saison n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices. J’ai dû être opéré de la clavicule et j’ai loupé plusieurs matches en début de saison, à une période où normalement, l’équipe se forme. Dès mon rétablissement, j’ai reçu ma chance et je l’ai saisie. Sollied avait aussi ses propres joueurs, mais à la différence de Leekens, il était également disposé à faire confiance à ceux qui étaient déjà en place. La relation fut bien meilleure et son système en 4-3-3 me convenait bien. Il m’a permis d’inscrire des buts et de délivrer de nombreux assists. Mes bonnes prestations m’ont mis en confiance. Ensuite, tout s’est enchaîné.

Pas de chance pour vous : après un an, Sollied s’en est allé lui aussi et a cédé le relais à Preud’homme, qui a commencé par un 4-4-2 en vous reléguant milieu gauche…

Par rapport à l’été 2007, j’avais l’avantage d’avoir déjà acquis un certain statut en Belgique. Je restais sur une très bonne saison, ce qui n’était pas le cas après mes 12 premiers mois sous Leekens. Preud’homme savait qu’il pourrait compter sur moi, je ne me tracassais donc pas trop, même si dans le rôle qu’il m’a confié, j’avais plus de mal à m’exprimer.

Certains ont prétendu que vous étiez déçu de devoir rester une saison supplémentaire en Belgique et que vous aviez la tête ailleurs…

C’est faux, je me sentais toujours concerné par Gand. Simplement, j’avais un autre rôle qui me permettait moins de m’illustrer. Dans cette position de milieu de terrain latéral, je devais davantage me soucier du travail défensif et je me retrouvais moins fréquemment devant le but adverse. Par rapport à la saison dernière, je passais donc plus inaperçu. Mais cette fonction nouvelle m’a aussi permis d’ajouter d’autres cordes à mon arc. Cela m’a été utile, même si je n’appréciais pas trop. Heureusement, depuis lors, Preud’homme a également opté pour un 4-3-3.

Spécialement pour vous ?

Non, aussi parce qu’il a estimé que cela convenait mieux à l’équipe. Et effectivement, on voit le résultat. Ce changement de système et l’apport de nouveaux joueurs arrivés durant le mercato hivernal, a contribué à la relance de l’équipe. En décembre, on était 10e. Aujourd’hui, 4e avec l’Europe en point de mire.

Quel regard portez-vous sur l’entraîneur de l’année 2008 ?

Preud’homme est un entraîneur qui analyse beaucoup l’équipe adverse et essaie de trouver une tactique susceptible de la mettre en difficulté. C’est aussi un adepte du football offensif et du jeu vertical. Il s’est engagé dans un travail à long terme. Il est venu à Gand avec l’ambition d’offrir le titre à son nouvel employeur, mais c’est un club qui n’a jamais été champion. On voit déjà qu’il est sur le bon chemin. Notre deuxième tour est très bon et il faudra sans doute compter avec Gand la saison prochaine.

Ce sera sans vous ?

En principe, oui. La participation de La Gantoise à la Coupe de l’UEFA n’influencera pas ma décision. J’espère jouer sur la scène européenne, avec une autre équipe.

Se montrer digne du brassard

Louwagie a déclaré qu’il aurait fallu vous vendre après la finale de la Coupe de Belgique, lorsque votre valeur marchande était au plus haut. Aujourd’hui, elle aurait baissé…

Je pense qu’il a raison. J’ai réalisé une saison 2007-2008 pleine, d’un bout à l’autre. J’avais brillé en finale de la Coupe. C’est très difficile de réaliser deux championnats consécutifs du même acabit. Cette saison-ci, j’ai connu de bons moments, d’autres moins bons. Il y avait eu des offres l’été passé, mais Gand voulait à tout prix me conserver.

Preud’homme vous a confié le brassard de capitaine. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est un grand honneur. Une responsabilité supplémentaire aussi, mais qui me flatte. Etre capitaine, ce n’est pas uniquement jouer le toss avant un match. Il faut montrer, lors de chaque match, qu’on est digne de porter le brassard. Je suis étranger et je ne suis pas le plus ancien de l’équipe, c’est donc une belle marque de confiance émanant de l’Entraîneur de l’année 2008.

Sollied reste l’entraîneur qui vous a lancé en Belgique. Et s’il vous attirait à Heerenveen ?

Eh bien… je ne serais pas contre ! Je suis persuadé, en effet, que le championnat des Pays-Bas est d’un niveau supérieur au belge et qu’il pourrait constituer une étape supplémentaire vers un tout grand championnat. Etant donné qu’il est assez technique, il devrait très bien me convenir également.

Le 17 mai, on connaîtra le nom du Footballeur pro. Sur votre talent individuel, vous devriez faire partie des candidats. Une récompense individuelle serait-elle un atout supplémentaire pour votre transfert ?

Assurément. J’espère figurer en bonne place. Pour un Costaricien, être plébiscité en Belgique serait un grand honneur. Mais va-t-on voter pour le meilleur joueur ou pour l’élément le plus en vue de l’équipe championne ? Au référendum du Soulier d’Or, les Standardmen avaient effectué une razzia.

par daniel devos

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