Académie des BRASSERIES

International Espoir camerounais formé à Douala, le nouveau médian des Hurlus a aussi joué à Geel.

Parmi tous les joueurs que Mouscron est allé chercher dans les divisions inférieures, deux se sont déjà illustrés : PatrickDimbala qui, bien guidé par PhilippeSaintJean, semble retrouver l’efficacité qui lui avait permis de se révéler sous le maillot d’Alost autrefois, et PatriceNoukeu, que les observateurs attentifs de la D2 considéraient déjà comme un grand talent.

Le jeune milieu de terrain camerounais (21 ans) ne passe pas inaperçu : il rayonne par son travail de récupération et, de plus en plus, par son calme à la relance. A la lecture de sa carte de visite, on est interpellé par son parcours. A commencer par le nom de son premier club, les Brasseries du Cameroun :  » C’est une académie de football à l’image de celle de JeanMarcGuillou en Côte d’Ivoire. Elle est située à Douala, le grand port de la côte atlantique et métropole économique du pays, et est parrainée par les Brasseries du Cameroun, d’où son nom. On ne paie pas pour y entrer mais on est recruté après une sélection effectuée dans les dix provinces du pays. A partir de 13 ou 14 ans, on s’y entraîne sous la direction d’entraîneurs nationaux et, après avoir reçu une formation footballistique de quatre ans tout en suivant un programme scolaire normal, on est en principe apte à intégrer un club « .

Finale de coupe au Cameroun

Le premier club de Noukeu fut le Racing Bafoussam. Il faut être un expert du football africain pour le connaître.  » C’est un club de D1, mais pas professionnel. Plutôt non-amateur. Il se situe au nord-ouest du pays. J’ai commencé par intégrer le noyau, je me suis entraîné avec le groupe, et lorsque j’avais suffisamment progressé, j’ai reçu ma chance. J’y suis resté deux saisons. Ensuite, je suis parti dans un club de la capitale, Yaoundé  »

Mais pas au Canon, ni au Tonnerre, les clubs les plus connus. Noukeu a débarqué au Cintra.  » C’est un club qui a l’habitude de faire l’ascenseur entre la D1 et la D2. Cette saison-là, nous avons livré des prestations plutôt moyennes en championnat. Par contre, nous avons atteint la finale de la Coupe du Cameroun. Cela reste le souvenir le plus marquant de ma carrière. Nous avons été battus 2-3 par le Fovu Club de Baham. C’était une finale d’outsiders, pas vraiment un classique du football camerounais. L’ambiance était magique. Le match s’est joué au stade national de Yaoundé, devant 60.000 spectateurs et en présence du chef de l’Etat, PaulBiya. C’est de cette période-là que datent mes cheveux blonds. J’avais décidé de me teindre pour l’occasion, afin de marquer l’événement, et malgré la défaite, j’ai gardé ce look depuis quatre ans. Je trouve que cela ne me va pas mal « .

Le Cameroun est devenu l’un des pays de pointe au niveau du football africain. Ses joueurs vedettes évoluent dans les plus grands clubs européens et Noukeu rêve de les imiter :  » J’ai suivi toute la filière des équipes nationales de jeunes. J’ai été sélectionné en Cadets, en Juniors, en Espoirs. J’ai participé au Championnat d’Afrique des û19 et des û21 ans, avec EricDjemba-Djemba de Manchester United et ModesteMbami, du PSG. J’ai, aussi, été présélectionné à deux reprises chez les A avant la CAN 2002. Le nouveau sélectionneur national, l’Allemand WinfriedSchäfer, voulait passer en revue les talents actifs au pays avant de faire appel aux vedettes des grands clubs étrangers. Je n’ai malheureusement pas été retenu « .

A l’essai à Charleroi

Patrice a alors tenté l’aventure en Europe :  » JeanClaudeEyenga, qui est désormais reconnu comme agent FIFA, m’a fait venir en Belgique et s’est chargé de me trouver un club qui accepterait de me prendre à l’essai. Ce fut Charleroi. A l’époque, l’entraîneur était EnzoScifo et je suis resté trois semaines. Mais, comme la saison se terminait, on m’a demandé de revenir pour le début de la suivante. A la reprise, Charleroi m’a effectivement procuré les documents nécessaires à l’obtention d’un nouveau visa. Mais entre-temps, Scifo avait été remplacé par EtienneDelangre. Il ne me connaissait pas et m’a convié à effectuer un nouveau test. Celui-ci s’est prolongé pendant un mois et demi. Je me suis battu comme je l’ai pu, mais j’estime avoir manqué du petit brin de chance nécessaire.

Alors que je commençais à désespérer, Geel m’a lancé une bouée de sauvetage. Après une semaine de test, et deux matches amicaux, j’ai signé un contrat d’un an. Un club de D2, néerlandophone de surcroît, ce n’était pas vraiment ce que j’espérais, mais j’étais déjà casé en Europe, c’était l’essentiel. Au début, c’était dur : je ne comprenais pas la langue, j’étais seul. J’ai suivi des cours de néerlandais pendant six mois et je parviens à me faire comprendre. Le médecin du club, le Dr PieterT’Seyen, était un peu devenu mon confident. Aux côtés de son épouse et de son fils, j’ai trouvé une véritable famille d’accueil. Le capitaine de l’équipe, BartVanHees, a également joué son rôle à la perfection. Le président, VicKeersmaekers, fut lui aussi très attentionné. L’entraîneur, l’ancien gardien d’Anderlecht et du Standard PeterMaes, s’est montré très exigeant mais c’était pour mon bien. Ma première année fut convaincante, car l’option a été levée. Geel a terminé 7e, et la saison dernière, nous avons disputé le tour final. Nous avons aussi éliminé Charleroi en Coupe. J’ai savouré ce moment-là « .

Mouscron, la récompense

 » Charleroi m’a proposé de revenir. Le Brussels, que j’avais affronté en championnat, s’est aussi intéressé à moi. Ainsi que le Cercle Bruges, entraîné par… l’ancien entraîneur du Brussels, HarmvanVeldhoven. Tous ces gens avaient eu l’occasion de me voir à l’£uvre en D2. Tout comme PhilippeSaintJean : avec Geel, j’ai affronté Tubize à quatre reprises. RolandLouf, spectateur assidu des rencontres de divisions inférieures, me connaissait également. J’ai aussi discuté avec GuyMangelschots, le directeur sportif de St-Trond « .

Le choix se porta finalement sur l’Excel :  » Le discours de Saint-Jean m’a convaincu. Il m’a expliqué, comme aux autres joueurs venus des divisions inférieures, que je venais de D2 où j’avais livré une très bonne saison, mais que la D1, c’était encore un échelon supplémentaire. Il m’a précisé que je viendrais à Mouscron pour apprendre et progresser, et qu’il me laisserait le temps. Il ne m’a pas mis la pression et m’a proposé un contrat trois ans assorti d’une option pour deux années supplémentaires. C’était une belle marque de confiance : cela signifiait que je ne suis pas obligé de percer directement, mais que le club était sûr de ma réussite sur le long terme. Mouscron véhicule l’image d’un club familial, et j’ai déjà pu constater qu’elle n’était pas usurpée. Les anciens sont là depuis quatre ou cinq ans. Et un joueur comme MboMpenza y était revenu dans le club, après l’avoir quitté. C’est le signe qu’on s’y sent bien. Mouscron a aussi des infrastructures du top belge. Pour moi, ce transfert est la récompense de tous mes efforts depuis deux ans. Je n’ai jamais baissé les bras, après le coup au moral que j’avais reçu suite aux tests manqués à Charleroi « .

Patrice s’est imposé en équipe Première plus rapidement que prévu :  » Le départ de SteveDugardein a précipité mon intégration dans le onze de base. C’était la figure emblématique du club, et à ce niveau-là, je ne pourrai jamais l’égaler. Mais ce qui est encourageant, c’est que l’Excel m’a fait confiance. Le groupe m’a très bien accueilli. FrankyVandendriessche, par exemple, m’appelle Patje. C’est sympa ! Tous les anciens me prodiguent de précieux conseils. Que ce soit KoenDeVleeschauwer, TonciMartic ou MarcinZewlakow. La pression, bien sûr, existe : il faut répondre à l’attente du public, obtenir des résultats et essayer de commettre le moins d’erreurs possibles. Mais, au-delà de cela, il y a tout le travail à l’entraînement. On a régulièrement droit à des séances individualisées, qui permettent d’améliorer ses points faibles « .

Par rapport aux premiers matches, il perd beaucoup moins le ballon :  » Plus on avance dans la compétition, plus on apprend à se connaître et plus mes équipiers me font confiance. Mais les difficultés s’accroissent aussi, car les adversaires commencent à se méfier. Ma principale qualité demeure mon travail de récupération. Je pense, aussi, avoir une certaine intelligence et une bonne vision du jeu. Mais je souffre d’une certaine lenteur, d’un manque d’explosivité. Je dois aussi améliorer ma frappe au but. Et, dans l’ensemble, je manque de body. Mais je travaille « .

Daniel Devos

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