À un poil près

Après avoir célébré le sauvetage, Alex s’est posé beaucoup des questions.

C’est le printemps, le soleil brille et des éclats de rires fusent depuis la salle des joueurs de l’Excelsior Mouscron. Ils avaient pris le pari, en cas de sauvetage financier, de se raser la boule à zéro.  » Même WalterBaseggio s’est exécuté, c’est tout dire « , rigole AlexandreTeklak.  » Pourtant, les Italiens sont coquets et tiennent à leurs cheveux.  »

Les joueurs ont poussé un gros ouf de soulagement après la conférence de presse de PhilippeDufermont, voici dix jours. Teklak :  » J’ai toujours pensé qu’une solution serait trouvée. Je ne savais pas laquelle, ni qui serait le sauveur, mais ce club représente trop pour la région. Il est en D1 depuis 13 saisons, entretient 550 jeunes, donne du boulot à plus d’une centaine de personnes. J’admets qu’on a traversé une période difficile. On a beau affirmer qu’on est des pros et qu’on doit accomplir notre boulot, ce n’était pas aisé de prendre du recul par rapport à cette situation.  »

C’est surtout lors du match à Roulers que l’on a senti un certain abattement :  » On venait d’apprendre que les investisseurs potentiels s’étaient retirés et qu’une Assemblée Générale allait probablement décider de la liquidation. D’après ce que l’on entendait, il ne nous restait plus que deux matches à disputer : au Schiervelde, puis au Canonnier contre Courtrai. On n’avait plus la tête au football et on a senti, dès le coup d’envoi, qu’on était présents physiquement mais pas mentalement. Ce qui m’a le plus dérangé, c’est que certains se sont jetés sur l’Excelsior comme des vautours. On n’a jamais vu autant de journalistes que durant cette période-là. Pas uniquement de la presse sportive. Je peux le comprendre : une disparition de l’Excel aurait eu des conséquences économiques pour la ville et la région. Mais c’était démoralisant. Maintenant que l’Excel est sauvé, il semble intéresser moins. On ne voit plus que les habitués au stade. J’ai l’impression que les gens se nourrissent du malheur des autres. « 

Un élan spontané

Au coup de sifflet du match contre Courtrai, il régnait une atmosphère de fin de règne. Les supporters sont montés sur le terrain en demandant les maillots des joueurs. Ils voulaient un souvenir de ce match historique, qui pouvait être le dernier de l’Excel.  » Je me souviens avoir répondu à un supporter : – Maisenfin, j’aiencorebesoindemonmaillot, ilresteneufmatches àjouer ! « , poursuit Teklak. Pourtant, alors que tout le monde était entré au vestiaire, Alex en est ressorti avec GonzagueVandooren et MarkVolders pour aller remercier les supporters. Ses enfants l’avaient même accompagné.

 » C’est venu naturellement. On entendait les supporters qui continuaient à chanter et refusaient de quitter le stade. Nous sommes allés vers eux. Ce match contre Courtrai est l’un de ceux qui resteront éternellement gravés dans ma mémoire, au même titre que lorsque j’ai battu Anderlecht, le Standard ou Bruges. Des matches qui comptent dans une carrière. Cet élan des supporters m’est allé droit au c£ur. Ils ont apprécié l’effort. On voulait vraiment gagner ce match, et on l’a fait. « 

Le vestiaire mouscronnois a été le théâtre d’un autre grand moment d’émotion, cette saison : le soir où, après la victoire 5-1 contre Bruges, AdnanCustovic a annoncé qu’il partait à Gand :  » La surprise a été grande. Généralement, lorsqu’un joueur est sur le départ, on se doute de quelque chose. Les rumeurs circulent, le bouche à oreille fonctionne. Dans le cas d’Adi, on est tombé des nues. En plus, il venait d’inscrire trois buts. Il a fondu en larmes en nous apprenant la nouvelle. Il se sentait chez lui à Mouscron, c’était la première fois de sa carrière qu’il connaissait la stabilité. Il voulait rester, il avait d’ailleurs fait construire à proximité du stade. Maintenant, je trouve qu’il a effectué un excellent choix en optant pour Gand. C’est un club qui, à l’avenir, devrait se positionner dans le Top 5 du championnat de Belgique. C’est à 50 kilomètres de Mouscron et il pourra toujours habiter sa nouvelle maison, tout en assurant la scolarité de ses enfants.  »

Une prolongation, cela se mérite

Teklak arrive en fin de contrat à l’Excel et admet que, pour lui aussi, ce serait un crève-c£ur de devoir abandonner ce groupe :  » C’est un club auquel on s’attache. Ce n’est pas un hasard si d’anciens joueurs reviennent régulièrement nous voir lorsque leur agenda le leur permet. Aujourd’hui, je me suis totalement imprégné de la mentalité de la région et je me sens chez moi à Mouscron. J’espère sincèrement que mon contrat sera prolongé. Mais un club n’est pas une organisation caritative. Si la direction décide de prolonger mon contrat, ce sera parce qu’elle estime que je peux encore rendre des services, pas pour me faire plaisir. « 

Des services, Teklak en a surtout rendu comme premier remplaçant dans le secteur défensif ou en milieu de terrain. Cela aurait sans doute encore été le cas samedi passé contre Mons, en l’absence de JérémySapina blessé, s’il n’avait pas été suspendu.

S’il n’avait pas passé la saison 2005-2006 à La Louvière, Teklak serait aujourd’hui le plus ancien joueur du noyau A. Il a rejoint l’Excel en 1999 et c’est sa dixième saison… sur les 13 que Mouscron a passées en D1. Il espère qu’il y en aura d’autres :  » Lorsqu’on traverse une période de crise comme celle que l’on a connue, soit le groupe se dissout, soit il se soude. Dans le cas de Mouscron, il s’est soudé.  » Reste qu’en raison de la réduction de masse salariale envisagée pour la saison prochaine, ce groupe risque d’exploser.  » On verra « , relativise Teklak.  » Chaque chose en son temps.

Alexandre Teklak est né le 16 août 1975 à Charleroi

Défenseur, 1,82m, 77 kg

Débute à 7 ans à l’US Courcelles, puis rejoint le SC Charleroi à 15 ans. Débute dans l’équipe Première des Zèbres en 1993. Il y jouera 78 matches de D1 (un but). Rejoint Mouscron en 1999. En six saisons, il disputera 149 matches avec les Hurlus (un but). Arrivé en fin de contrat, il signe à La Louvière pour 2005-2006 (zéro but). Retourne à Mouscron en 2006. 74 matches supplémentaires depuis lors (un but).

par daniel devos – photos: reporters/ gouverneur

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