A ta santé, Scott Parker !

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

S cott Parker. Un nom de whisky qui claque comme un nom de bourbon. Il n’est ni l’un ni l’autre, mais est au foot ce que le bourbon est au whisky. Il a ce petit truc en plus, cette petite finesse enrobée de subtilité qui fait la grande différence. Scott Parker est fournisseur d’ivresse. Sans une goutte d’alcool. En un geste, il est capable d’enivrer ceux qui en ont abusé comme ceux qui ne vont pas tarder à succomber. Scott Parker est footballeur, il joue à West Ham, le 17e de la Premier League.

Qu’est-ce qu’il fout là ? Faut dire, son parcours est tout sauf rectiligne comme son nom pourrait le laisser croire. Style stylo qui fend la page. Les lignes, il les a rarement enfreintes, même s’il les a souvent défiées. Scott Parker est le genre de joueur dont on se dit qu’il mettrait trois entraînements à s’adapter au jeu du Barça. Oui, oui, le FC Barcelone, la meilleure équipe du monde !

C’est un joueur qui a le Style. Petit, toujours en mouvement avec la technique qui suit le rythme. Avec la disponibilité qui rend la possibilité. Avec un dribble court et l’accélération qui le suit. Accélérer en dribblant, peu peuvent le faire. Lui, il peut.

Il est de ces joueurs qui savent que le geste juste n’est pas le même partout. Derrière, au milieu ou devant, il sait comment. Lui, il est partout ; il s’est donc adapté partout. Dans ses 30 mètres, c’est un pitbull dont les crocs ne mordent pas. Pas besoin, ils dissuadent. De toute façon, tout est dans le placement. Il commet très peu de fautes et pousse beaucoup son adversaire à en commettre.

Au milieu, il a de la fulgurance dans la reconversion offensive. De la fulgurance dans l’analyse, dans l’application vers l’avant. Que ce soit par la passe, la course ou le dribble. Dans les 30 mètres adverses, même chose. Sa frappe de balle frappe aux yeux, son dribble sur petit espace enrhume. Sa lucidité à pouvoir servir le caviar aussi. Elle fait froid dans le dos des défenseurs.

Alors, pourquoi ? Pourquoi ce joueur joue-t-il chez le 17e ? Peut-être parce qu’il vient de signer le contrat le plus élevé de l’histoire du club. 25 millions d’euros sur cinq ans. Les grands clubs peuvent offrir cela. Mais dans un grand club, ce genre de joueur qui sait tout faire, ne pourrait pas tout faire. Il faudrait choisir. Ce serait gâcher, comme dirait Guy Roux. Récupérateur ? Créateur ? Aboyeur ? Buteur ?

Un grand club, il a déjà connu. Chelsea. Pas de chance, c’était l’époque de Claude Makelele et déjà celle de Frank Lampard. Et pas de chance : Lampard sait tout faire comme lui et Makelele savait récupérer et aboyer (et même trop souvent massacrer). Malgré son statut de réserviste chez les Blues, Parker jouait en équipe nationale. Là on se dit qu’en fait, en Angleterre tout le monde savait que ce type a la classe internationale. Cela devient exceptionnel quand on regarde de plus près. Quatre fois international : à chaque fois, il jouait pour un club différent (il a joué pour Charlton, Norwich, Chelsea, Newcastle et West Ham depuis 2007). Cas unique en Angleterre. Quatre sélections qui s’échelonnent sur…. huit ans.

Elu meilleur jeune de Premiership en 2004 alors qu’il joue à Charlton, balaise ! A 30 ans, plus question d’être le meilleur jeune mais toujours, plus que jamais, le meilleur argument contre la misère. La saison dernière il met le but du 3-2 contre Wigan qui permet à West Ham de se sauver. Ce 12 février, contre WBA, concurrent pour le maintien, c’est 0-3 à la mi-temps. Carlton Cole, son coéquipier, raconte :  » J’ai failli chialer. Les mots qu’il a prononcés nous ont bouleversés. Nous sommes remontés sur le terrain, certains qu’on reviendrait. Score final 3-3.  »

Ce mec parle avec les pieds, le regard, la posture et trouve les mots justes. Il a été élu joueur du mois de février. On n’a pas fini de parler de Scott Parker.

JOURNALISTE BE/TV

PAR FREDERIC WASEIGE

Ce mec parle avec les pieds, le regard, la posture et trouve les mots justes.  » J’ai été très surpris lorsque le sélectionneur a frappé à ma sonnette  » Michael Owen, lors de sa première cap.

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