à son tour

Pas toujours titulaire, l’ancien attaquant de l’Ajax a pourtant montré de belles choses. L’adaptation avant l’éclosion à 21 ans…

Personne ne le dit mais Liverpool aurait pu, une nouvelle fois, looser son recrutement estival. Car tout le monde savait que les Yossi Benayoun ou Andriy Voronin n’avaient pas l’étoffe des tout grands. Mais voilà, Rafael Benitez s’en fout car il a réussi deux coups de maître. Fernando Torres qui a battu, cette année, le record de buts inscrits en Premier League pour un nouvel arrivant. Et puis, il y a le discret et timide Ryan Babel. Il n’a pas crevé l’écran comme l’Espagnol, il a même tâté du banc plus souvent qu’à son tour mais, à 21 ans, le Néerlandais a encore passé un palier et s’inscrit comme un futur grand. Car, à chaque fois qu’il a été appelé à rentrer au jeu, il a été dangereux. Et parfois décisif comme en quarts de finale de Ligue des Champions lorsque lancé en contre, il imposa sa puissance, balayant tout sur son passage (notamment Cesc Fabregas) pour crucifier Manuel Almunia et mettre fin aux espoirs des Gunners. Les pessimistes diront qu’au prix qu’il a coûté (18 millions d’euros), il peut se montrer décisif de temps en temps.

Mais les pessimistes sont peu nombreux dans les travées d’Anfield Road. Car, voir Babel sur le terrain, c’est d’abord s’incliner devant l’élégance, la puissance, la finesse et l’intelligence. Bref, l’antithèse d’un Dirk Kuyt.

Le plus jeune buteur en sélection néerlandaise

Et si Babel n’a pas encore réussi à évoluer toute une saison comme titulaire, son talent a déjà attiré les plus grands entraîneurs. Il séduit notamment Marco van Basten, qui lui offrit sa première sélection en novembre 2005. Pour le remercier, Babel planta un but, signant du même coup un nouveau record : celui du plus jeune buteur en sélection néerlandaise. Il n’avait que 18 ans.  » C’est le nouveau Thierry Henry « , prophétisa immédiatement celui qui avait illuminé l’Euro 1988. Van Basten y croyait tellement qu’il le sélectionna pour la Coupe du Monde 2006. A la surprise de tous. Car, alors que Klaas-Jan Huntelaar qui avait planté 16 buts en 16 matches restait à la maison, Babel, qui n’était que titulaire occasionnel et qui n’avait trouvé le chemin des filets qu’à quatre reprises sur sa saison, lui, était de la partie.

Cette saison-là n’avait pas apporté à Babel la confirmation tant attendue. Après avoir percé dans l’équipe première de l’Ajax en 2004-2005, celui qui avait rejoint le centre de formation ajacide en 1998, et que Ruud Gullit trouvait trop court lorsqu’il entraînait les -19 ans hollandais, avait mordu sur sa chique pour finalement éblouir Ronald Koeman alors entraîneur de l’Ajax. Danny Blind, le successeur de Koeman, le bloqua dans son élan en le confinant sur le flanc gauche où il a finalement été remplacé par Markus Rosenberg.

 » Ryan a toujours préféré être attaquant central mais tous ses entraîneurs ont été tentés de le mettre sur le flanc gauche « , explique le journaliste néerlandais de Voetbal International, Thijs Slegers.  » Même Marco van Basten, qui le compare à Henry, est séduit par sa faculté de se déporter sur la gauche « .

 » L’Ajax lui a fourni une sacrée culture tactique et sa polyvalence combinée à son aisance technique lui permet de jouer à n’importe quel poste et dans n’importe quelle organisation « , ajoute David Harrisson, spécialiste de Liverpool pour News of the world.

Horreur de l’eau glacée

Bref, une saison 2005-2006 plus que mitigée malgré le Mondial. Un an plus tard, c’est Benitez qui imita Van Basten. Babel :  » Je n’ai jamais pensé devoir quitter l’Ajax pour poursuivre mon développement. Liverpool s’était déjà intéressé à moi il y a trois ans mais je n’avais pas eu de bons sentiments. Il y a un an, c’était différent. Nous avons eu une bonne conversation avec Benitez. Il m’a parlé honnêtement de son système de rotation et m’a dit qu’il me connaissait très bien « .

 » Liverpool a bien fait. Babel a tout. Il est puissant, grand (1,85m), rapide, très lucide devant le but, explosif au démarrage et malgré son jeune âge, il a déjà de l’expérience internationale comme en témoignent ses 22 sélections sous le maillot oranje « , ajoute Harrisson. Comparé à Torres, ses statistiques restent maigres pour sa première saison anglaise même s’il a cependant porté à 30 reprises le maillot des Reds.

 » Je vois à quel point les petits détails font la différence « , détaille Babel.  » Après les matches, on doit prendre des bains de glace pendant cinq minutes. Les crampes ou l’acide lactique, ça peut endommager les muscles, mais appliquer de l’eau froide répare tout ça immédiatement. Pendant la pré-saison, je devais faire ça après chaque entraînement… C’était tellement froid, c’était horrible. Au début, je ne pouvais rester que trente secondes. Même pendant l’entraînement, je pensais à cette eau gelée. Mais je m’y suis habitué, et c’est certainement pour ça que je me sens mieux le jour suivant « . En réalité, il apprend son métier, en toute humilité :  » C’est compréhensible que je ne joue pas 90 minutes. Physiquement, je ne suis pas encore au point pour tenir tout un match, avec le tempo fou imposé en Angleterre. Même contre un plus petit club, c’est dur pour moi « .

par stéphane vande velde -photo: reporters

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