Le club waeslandien doit un bon million d’euros aux Mimos.

C’est une fameuse tuile qui est tombée en début de semaine dernière sur les têtes des responsables du club waeslandien. Appelé à se prononcer sur un litige opposant le SK aux Ivoiriens de l’ASEC Mimosas, le Tribunal Arbitral du Sport de Lausanne a en effet condamné Beveren à rétrocéder la somme de 1.049.836,70 euros au grand d’Abidjan en vertu de l’accord de coopération que les deux parties avaient signé le 15 mai 2001 (voir encadré). Les Jaune et Bleu, qui avaient porté l’affaire devant la FIFA, en 2002, et qui avaient déjà été sommés, à l’époque, d’indemniser le club formateur, viennent donc d’être déboutés pour la deuxième et dernière fois. Car, ce coup-ci, il n’y a absolument plus de recours possible, le verdict du TAS étant sans appel.

Beveren dispose jusqu’à la fin de ce mois pour rembourser son homologue abidjanais. Ce qui n’est pas sans poser d’épineux problèmes pour une entité dont le budget de fonctionnement est de l’ordre de 3 millions. Sans oublier que les comptes ne doivent pas présenter la moindre zone d’ombre si les anciens champions de Belgique veulent décrocher leur licence en vue de l’exercice à venir. Et, un malheur ne venant jamais seul, la trésorerie n’est nullement appelée à gonfler en cette fin d’année puisque le calendrier, remanié pour les raisons que l’on sait, a fait en sorte que les trois dernières sorties se déroulent loin du Freethiel : à Mouscron, au Germinal Beerschot et au Brussels. Pas de quoi arrondir vraiment les fins de mois.

 » Pour avoir été éconduits une première fois par la FIFA, nous savions à quoi nous attendre, même si la somme demandée constitue une petite surprise « , observe le vice-président, Georges De Colfmaeker.  » Nous avions cependant constitué un petit bas de laine, afin de parer à toute éventualité. Il va sans dire que nous en aurons besoin. Dans l’immédiat, il nous faudra peut-être faire preuve d’ingéniosité pour réunir les deux bouts. Mais une bonne affaire n’est nullement à exclure lors de la période des transferts d’hiver, voire dans quelques mois, durant l’été. C’est un secret public qu’un garçon comme Abdoulaye Djiré Junior est dans le collimateur de pas mal de clubs à l’heure actuelle. Non seulement aux Pays-Bas mais aussi en Grèce, puisque l’Olympiacos est venu aux nouvelles pour lui. Il n’est pas impossible que nous réalisions encore un transfert juteux avec lui, ce qui serait quand même susceptible de mettre un peu de beurre dans les épinards. Reste à voir aussi ce qui nous attend exactement en fin de saison. La décision est prise : nous n’allons pas renouveler notre bail avec le directeur technique, Jean-Marc Guillou. Cet accord, qui portait sur une durée de cinq ans, arrive à échéance au mois de juin prochain. Mais nous en resterons là. Au club, tout le monde sait gré au Français de ce qu’il a réalisé avec le concours de ses Académiciens. Grâce à lui, Beveren, qui était en très mauvaise posture au tournant du siècle, a incontestablement repris du poil de la bête. Nous avons même goûté à une aventure européenne. Mais il faut bien avouer qu’à la longue, la veine ivoirienne s’est épuisée. C’est normal, après tout. Dans la plupart des clubs, on se frotte les mains si, chaque année, un voire deux jeunes font la jonction avec le noyau de Première. Dans notre cas, ce rythme était beaucoup plus élevé puisque c’est par groupes de quatre, voire de cinq, qu’ils ralliaient le Freethiel chaque année. Je veux bien croire qu’il y a peut-être plus de talents en Côte d’Ivoire. Mais on ne me fera pas croire qu’il y a plus de miracles « .

Une coloration régionale

 » Au départ, l’importation conséquente de footballeurs formés par Jean-Marc Guillou constitua un bienfait pour nous « , poursuit De Colfmaeker.  » Nous n’avions pas les moyens de nous permettre des folies au plan des acquisitions et, grâce à l’apport des Académiciens, qui s’ajoutaient à nos propres joueurs, les divers postes étaient comblés. Dans notre optique, les couleurs noir et blanc, correspondant à la fois à la présence des Ivoiriens et aux éléments du cru, auraient dû y être représentées de manière à peu près analogue. Mais, très tôt, les Beverenois de souche ont été priés de s’effacer. JMG était effectivement d’avis que son concept était d’autant plus porteur que le nombre d’Académiciens au sein du 11 de base était élevé. De quatre au départ, leur contingent n’a eu de cesse d’augmenter en Première, au point de voir Beveren jouer par moments avec 11 Africains. Ce n’était pas vraiment la philosophie que nous escomptions au départ. Chemin faisant, nous avons laissé partir sous d’autres cieux, de façon parfois forcée, des régionaux qui, entre-temps, se sont épanouis ailleurs. Je songe notamment à Kristof Imschoot et Jimmy Smet, actifs au Lierse à l’heure actuelle, ou encore à Wim De Decker et Kris De Wree, qui font le bonheur du Germinal Beerschot. Sans oublier Davy Theunis, qui serait incontestablement titulaire au Brussels, pour le moment, s’il n’était pas blessé. Tous ces garçons, sans exception, auraient pu nous être utiles cette saison au lieu de faire la pluie, et surtout le beau temps ailleurs. Si nous voulions rester crédibles, il fallait absolument reconsidérer la situation. Pour nous, la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase, au cours du premier tour, fut la non-titularisation de Kristof Lardenoit au profit du Français Olivier Fontenette. Désolé, mais cette éviction ne se justifiait nullement au regard de leurs qualités intrinsèques respectives. Beveren, qui a toujours été un pôle d’attraction pour la jeune classe, avait également perdu de son éclat, à ce niveau, à l’échelon de la province. Comme les décideurs y jouaient la carte des Académiciens, au détriment des jeunes de chez nous, les parents étaient de moins en moins enclins à inscrire leur progéniture au Freethiel. Un virement de bord s’imposait donc dans ce cadre aussi. A partir de l’été prochain, nous désirons en revenir à une coloration plus régionale, comme il en a toujours été dans la longue histoire de notre club.

Loin de nous l’idée de vouloir rompre à tout prix les ponts avec Jean-Marc Guillou. Nous sommes pleinement conscients de ses bienfaits pour notre club dans une conjoncture difficile. Mais il n’était plus possible de poursuivre sur la même voie, sans quoi nous aurions perdu notre véritable identité. L’idéal reste une base constituée de joueurs ayant fait leurs classes chez nous, complétée par quelques éléments qui se sont solidarisés au football sous d’autres horizons. Le football tire sa force de la diversité et non de l’uniformité. Dommage que Jean-Marc Guillou ne l’ait pas perçu ainsi. Auquel cas il n’y aurait pas eu d’obstacle à un nouvel accord. L’avenir ? Ses contours ne sont pas encore dessinés. Mais c’est vrai que dans notre giron, le nom de Johan Boskamp est effectivement tombé. Quoi de plus normal, puisque c’est sous sa férule que pas mal de promesses se sont affirmées en équipe fanion. Et c’est cette période-là que nous aimerions revivre, justement « .

BRUNO GOVERS ET PETER T’KINT

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