À QUI S’ADRESSERONT LES PO3 ?

Chaque semaine, Sport/Foot Magazine pose la question qui fait débat.

Eric Van Meir, ex-joueur et entraîneur du Lierse, voit trois grands candidats aux PO3 : Waasland-Beveren, le Cercle Bruges et le Lierse.  » Des trois, c’est Waasland-Beveren qui recèle le plus de qualités. Il a recruté des footballeurs de renom. Reste à les faire fonctionner ensemble. Des garçons comme Ibou et Baldé doivent pouvoir faire la différence. Les trois protagonistes possèdent de bons gardiens. Jusqu’à présent, le Cercle et le Lierse manquent de sens du but. Le Lierse recèle du talent mais manque d’expérience. Les joueurs issus de l’Académie jouent très bien mais ils sont jeunes et pas encore assez compétitifs. Il faut qu’en défense, Matoukou et Swinkels soient constamment en état de jouer. Devant, Kouemaha est enfin qualifié et il y a aussi Velios, qui a joué à Everton. Je ne comprends pas pourquoi il ne reçoit pas sa chance ou qu’il ne la saisit pas quand on l’aligne. Stojanovic est confronté aux mêmes problèmes que Menzo. Ces deux entraîneurs ont l’habitude de travailler avec des joueurs d’un niveau supérieur et la situation est très frustrante pour eux.

Question d’argent

Maged Samy va assurer le sauvetage « , pense Van Meir.  » Le Lierse a un atout : son président est très riche. Il a déjà injecté beaucoup d’argent dans le club et maintenant que les joueurs de l’Académie commencent à éclore, il ne peut se permettre de redescendre en D2. Je m’attends à ce qu’il donne carte blanche à l’entraîneur pour user de son énorme réseau et recruter des joueurs chevronnés afin d’échapper aux PO3. Waasland-Beveren n’a pas ces possibilités financières et le Cercle encore moins. Quoi qu’il en soit, pour ne pas se retrouver tout en bas du classement, ces clubs vont devoir signer une belle petite série, comme le Lierse en janvier dernier et le Cercle. La lutte sera passionnante car il est exceptionnel qu’à la mi-championnat, le dernier compte déjà douze points. Les matches opposant ces trois clubs seront déterminants.  »

Cedomir Janevski partage cet avis. La saison passée, il a remplacé Enzo Scifo à Mons après 8 journées et 2 points sur 24.  » Nous avons gagné 19 points au second tour mais ça n’a pas suffi. Nous en avions pris trop peu à mi-parcours et nous avons perdu des matches à six points contre Waasland-Beveren et le Lierse. Pour le moment, les équipes de bas de tableau comptent nettement plus de points. A l’issue du premier tour, le neuvième n’avait que sept unités d’avance sur la lanterne rouge. Tout reste possible.  »

Qualité et mentalité

Il ne souhaite pas s’exprimer sur l’issue de la lutte mais son expérience lui a appris ce qui compte.  » Je ne vais pas placer de pression sur les clubs, les joueurs ou les collègues mais je relève quelques points importants. 1. Il faut assez de qualité mais la mentalité du groupe et la manière dont il gère la pression sont encore plus cruciales. Le vestiaire doit être bien dans sa tête, ne susciter aucun remou, croire en ce que demande l’entraîneur – pas seulement dans les journaux mais sur le terrain. (Rires). 2. Il faut tenter de garder le retard aussi petit que possible en attendant des renforts. Transférer des joueurs immédiatement rentables en janvier n’est pas évident car qui laisse partir ses bons éléments et quels bons footballeurs ont envie de lutter contre la relégation ? Les jeunes des grands clubs belges, peut-être, ceux qui ont envie de faire leurs preuves et s’intègrent rapidement puisqu’ils connaissent la compétition, la langue et les conditions. Il faut le sens du but. C’est notamment l’atout de Westerlo et de Mouscron. Le Cercle, par exemple, dépend de Kabananga pour 50 % de ses buts. Il a besoin d’un avant supplémentaire. Les papiers de Kouemaha sont enfin en ordre mais où en est-il physiquement après une si longue absence ? Il est difficile de devoir se forcer. J’ai connu ça à Mons aussi.  »

Avantage aux buteurs

Glen De Boeck, ex-coach du Cercle Bruges et de Waasland-Beveren, trouve que le classement parle de lui-même.  » Quand je parcours les qualités des différents noyaux sur base des matches que j’ai vus, je trouve que le classement reflète bien la valeur des clubs. Les seules exceptions sont Westerlo, classé plus haut, et Zulte Waregem, qu’on attendait plus haut mais qui va sans doute remonter. Les différences sont encore minimes et il peut se passer beaucoup de choses mais pour émerger de la zone rouge, il faut des buteurs. Les statistiques révèlent que Beveren, le Cercle et le Lierse manquent de puissance de frappe. Le calendrier peut jouer un rôle. Celui qui affronte à domicile un concurrent direct a un avantage.  »

C’est le cas du Lierse, qui va recevoir le Cercle et Waasland-Beveren.  » Ça tiendra à des détails « , conclut De Boeck.  » Si la situation n’a pas changé à la trêve hivernale, à neuf matches de la fin du championnat régulier, tout dépendra du budget disponible pour des renforts. Le calme est une condition sine qua non. La préoccupation des dirigeants a un impact sur l’équipe. Il faut resserrer les rangs. C’est ce que va tenter de faire Frans Schotte au Cercle après plusieurs mois turbulents. Il devra de toute façon gagner deux fois d’affilée. Alors, le Cercle sera peut-être lancé.  »

Concentration et décontraction

Geoffrey Claeys a porté le maillot du Cercle, du Lierse et de Mouscron. Qui va disputer les PO3 ? Pour lui, c’est imprévisible.  » Ainsi, j’ai vu un très bon Cercle à domicile contre Gand et j’ai pensé qu’il allait se maintenir sans problème. Puis je l’ai vu contre le Lierse et son manque de talent m’a frappé. Pourtant, la semaine suivante, le voilà qui s’impose à Waregem ! Il a enrôlé Faris Haroun. Qui va suivre ? Et que vont faire les autres équipes sur le marché des transferts ? Nous ne le savons pas. Trop d’équipes se tiennent dans un mouchoir de poche. Elles vont peut-être lutter jusqu’à la dernière journée. Une chose est sûre : l’unité permet d’être performant avec moins de moyens « , conclut Claeys, devenu entraîneur des espoirs et adjoint de Deinze.  » Il faut un mix de talent, d’enthousiasme, d’esprit de groupe et de résistance au stress. Il faut travailler d’arrache-pied, être concentré mais aussi décontracté à l’entame des matches, ce qui est tout sauf évident dans ces circonstances.  »

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE – PHOTOS: BELGAIMAGE

 » Le Lierse a un avantage : son président est très riche.  »

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