A QUI le tour ?

R oland Tis, le manager mandaté par l’UEFA, planche sur les dossiers de demande de licence que les clubs ont dû rentrer au début de ce mois de mars. Il a vingt jours ouvrables, à dater de la réception des dossiers à l’UB pour les étudier et les céder ensuite avec avis à la commission des licences. Cela nous mènera à la fin du mois. Les premières licences seront alors accordées au niveau national pour ceux qui ont rendu une copie sans faute et sans rature. Les autres devront venir donner des explications ou fournir l’un ou l’autre document supplémentaire. Il est fort probable que la plupart des clubs de D2 soient cette année fixés avant les clubs de D1. Pour ce qui est de la licence européenne (tous l’ont demandée sauf le Cercle, Charleroi, l’Antwerp et Heusden-Zolder), il faudra encore patienter jusqu’à fin mai puisque c’est l’UEFA qui l’octroie sur base des recommandations du manager et de la commission nationale.

A qui le tour cette fois ? Rien ne dit qu’il y aura une victime pour la saison 2004-2005 parmi l’élite. Quelques clubs ont retenu la leçon. Les budgets ont été revus à la baisse et la masse salariale drastiquement diminuée. Charleroi et La Louvière ont montré l’exemple mais la palme revient à Beveren.

Beveren

Le club Waaslandien avait 3,3 millions d’euros de dettes en 2001 mais a terminé l’exercice précédent en léger boni (10.000). Il en ira sans doute de même cette année grâce aux transferts de Yaya Touré (Metallurg Donetsk), Gilles Yapi Yapo (Nantes) et sans doute Arsène Né, et ce malgré une ardoise apurée de 62.000 euros vis-à-vis de l’ONSS. Même si elle est discutable au niveau du football belge, Beveren a mené une politique de sagesse. Ses Ivoiriens sont au salaire minimum des sportifs rémunérés non-européens suivant les prescriptions de la loi de 1978 : 3.050 euros bruts par mois, tout compris.

Antwerp

D’autres clubs n’ont pas eu toute cette sagesse. Au début de cette année, lorsque débuta le mercato, Karel Vertongen, vice-président de l’Antwerp déclara : :  » Nous avons le choix. Soit nous payons nos dettes pour décrocher la licence, soit nous acquérons les joueurs nécessaires à notre maintien « . La suite, on la connaît. Le club de Deurne fut quantitativement un des plus actifs sur le marché hivernal sans pour autant faire des folies. Que faut-il en conclure ? Il y a un an, à la même époque, le matricule 1 avait une dette globale de 507.015,93 euros, dont une majeure partie institutionnelle. Aura-t-elle été épongée à temps ? Silence radio comme de coutume du côté d’ Eddy Wauters. Mais le président anversois a plus d’un tour dans son sac.

Lierse

Du côté du Lierse, autre malade chronique à l’approche du printemps, on a davantage joué la transparence. Et cela a peut-être eu des conséquences fâcheuses au niveau sportif. Les malheurs du club viennent du fait qu’il est l’heureux propriétaire de son stade, comme Anderlecht ou Genk, mais sans les moyens ou l’assistance. Une solution est en vue, la ville reprendrait des tâches actuellement assurées par le club, mais cela ne concerne pas le court terme. Le président Gaston Vets s’est mis les sponsors à dos en attaquant en référé Football Fanatics, la société qui fournissait le fanshop. Le tribunal de Malines lui a donné raison et la firme va devoir payer au club 112.000 euros à moins qu’elle aille en appel. Cela ne mettrait qu’une petite noix de beurre dans les épinards lierrois car le club s’est vu présenter début février par l’ONSS une note de 305.000 euros. Aux dernières nouvelles, le club aurait un accord avec l’administration pour échelonner les payements. La ville de Lierre ne veut pas s’engager seule. Le bourgmestre Patrick Tersago ne peut plus rien obtenir de son conseil communal car la ville a déjà prêté 3,75 millions pour la rénovation du stade et il y a deux ans, un autre million car le club manquait de liquidités. Or, ce dernier n’a toujours pas été remboursé. Notons que, paradoxalement, cette dette est considérée comme privée et non publique et n’a donc aucune influence sur l’octroi de la licence.

Anderlecht, Standard, Club, Genk, Mouscron, Westerlo, Cercle et Mons

Les autres formations semblent avoir moins de difficultés pour obtenir cette licence. Sauf grosse cachotterie bien entendu. Les bons élèves habituels comme Anderlecht, le Standard, le Club, Genk ou Mouscron ont rendu une copie sans ratures.

Westerlo, le Cercle et Mons ont rendu leur dossier parmi les premiers. Ils n’auraient pas de dettes institutionnelles.

Germinal Beerschot, La Louvière et Lokeren

Germinal Beerschot était aussi parmi les plus rapides. La politique d’austérité semblerait payer au Kiel. C’est la première fois que le GB ne peut plus compter sur son tonton de Hollande, l’Ajax Amsterdam, pour boucher les trous annuels de son budget.

Des oncles d’Amérique, certains en ont besoin. Lokeren attend chaque saison un peu d’argent de poche de tonton Roger Lambrecht et La Louvière quémande la même chose à zioFilippo Gaone. Sans eux, point de salut à l’heure actuelle. Gand se débrouille comme il peut en attendant son nouveau stade. Le club vient de payer les 116.000 euros qu’il devait à l’ONSS. Le fait d’avoir vendu Gaby Mundingayi à Torino pour la somme dérisoire de 280.000 euros prouve si besoin en était qu’on ne roule pas sur l’or à Gentbrugge. Mais les Buffalos auront leur licence. Ce n’est pas un luxe pour un membre du G5.

Saint-Trond

St-Trond était mal embarqué il y a peu. Mais les bonnes nouvelles se sont bousculées au Staaienveld. Il y eut tout d’abord cette lettre tant attendue du ministère des Affaires économiques donnant l’autorisation au club d’exploiter commercialement l’ensemble de l’espace sis au rez-de-chaussée de la nouvelle tribune et qui doit rapporter au moins 600.000 euros sur plusieurs saisons. Et puis, le CA a donné son accord pour l’entrée en son sein d’un groupe d’investisseurs emmené par Roland Duchâtelet. Il y a quelques années, l’UB avait opposé son veto à l’arrivée de Roland Duchâtelet à Saint-Trond car il voulait le faire sous la casquette de son parti politique ( Vivant). Cette fois, sa casquette est celle de sa firme ( Melexis) et rien ne peut donc s’y opposer.

Charleroi

Reste Charleroi. Le club carolo a respecté ses engagements, à savoir les différents plans d’apurement de ses dettes vis-à-vis des administrations. Il restait un petit problème avec la TVA, concernant l’ancienne ASBL. Rappelons que la firme Sunnyland Distribution ( Abbas Bayat) s’est engagée devant le tribunal de commerce d’éponger les éventuels déficits du club pendant trois saisons. En mars dernier, Abbas Bayat a payé les dettes exigibles immédiatement soit 2,3 millions d’euros. Sauf accident, le matricule 22 devra donc obtenir sa licence. Mais le malade restera sous surveillance, avec check-up mensuel, jusqu’à guérison complète.

Guy Lassoie

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