À pas feutrés

Oscar Pereiro a mis un terme à sa carrière.

Traditionnellement, la fin d’une saison s’accompagne d’un ballet d’adieux. Le jour du championnat du monde à Geelong, un ancien vainqueur du Tour a fait le tour de Valence dans un cabriolet, en brandissant le drapeau espagnol. Oscar Pereiro (33 ans) effectuait ses adieux, devant ses supporters. Le vainqueur du Tour 2006 restera associé à celui de l’édition 1956, le Franco-polonais Roger Walkowiak. Et ce n’est pas un honneur. Les deux coureurs sont considérés comme des taches, des erreurs au palmarès de la plus grande course cycliste. Lorsqu’on évoque leur succès, on affirme que, tous les 50 ans, le Tour se gagne par hasard.

Si Pereiro a réalisé l’impossible il y a quatre ans, il le doit à une échappée monstre qui a bouleversé le classement, comme Walkowiak 50 ans plus tôt. Ce 15 juillet 2006, un curieux spectacle s’est déroulé sous la canicule. A Montélimar, terme de la 13e étape du Tour, le jury a revu la limite du délai d’arrivée, faute de devoir renvoyer tout le peloton à la maison. Cinq échappés avaient creusé un écart d’une demi-heure. Parmi eux, Pereiro, offensif à souhait, qui est passé ce jour-là de la 46e à la première place. Un seul homme allait encore le précéder lors de l’avant-dernière étape : Floyd Landis. Comme on le sait, l’Américain a ensuite été rayé du palmarès pour dopage.

Lors d’une cérémonie à Madrid, Pereiro a été consacré vainqueur du Tour quinze mois après la fin de celui-ci.  » Je n’ai jamais eu le bonheur de réaliser cette expérience aux Champs-Elysées « , regrette l’Espagnol, également frustré que la direction du Tour n’ait pas cité une seule fois son nom lors de la présentation du parcours 2007.

Pourtant, Pereiro n’es pas devenu aigri, comme Walkowiak, qui a toujours jugé injuste qu’on mésestime sa victoire au Tour. L’Espagnol a de tout temps reconnu ses limites. Tenant de l’épreuve, en 2007, il ne s’en est pas moins placé au service d’ Alejandro Valverde, pour terminer dixième, pour la troisième fois de sa carrière : c’était donc bien sa vraie place.

Pereiro a quitté le peloton à pas feutrés. Ces dernières années, on n’a plus parlé de lui qu’en termes négatifs. D’abord, Le Monde a erronément accusé le Galicien de dopage. Ensuite, au Tour 2008, il a effectué une terrible chute dans la descente de l’Agnello, le col des Alpes qui lui vaut une énorme cicatrice au bras gauche. Il n’a même pas bénéficié d’adieux dignes de ce nom chez Astana, aux côtés d’ Alberto Contador. Cette saison, Pereiro n’a pas pris part au Tour de France et une blessure au poignet l’a privé de la Vuelta. Même Dame Fortune voulait sa retraite.

BENEDICT VANCLOOSTER

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