A mi-temps

Depuis son arrivée, le Sud-Africain a été aussi souvent blessé que fit. Et, il en est partiellement responsable. Il se demande donc s’il doit participer à la Coupe d’Afrique.

L’hiver est à nos portes et voilà Elrio Van Heerden. Mauvais timing ! Le Sud-Africain du Club Bruges aime jouer, ce qu’il n’a pu faire durant une longue période. Il aime le soleil, aussi, absent pour de longs mois.  » Je suis heureux de rejouer mais la pluie, le vent, je n’aime pas. Je suis meilleur quand le soleil brille. Hélas, je ne peux contrôler la météo  » (il rit).

Qu’avez-vous regretté le plus ces derniers mois ?

Elrio Van Heerden : Le fait de ne pas faire partie du groupe. Ce sont les moments les plus pénibles d’une carrière mais ils vous endurcissent. Enfin, franchement, je m’en serais bien passé. Se lever tous les matins pour effectuer les mêmes exercices, ce n’est pas marrant. Ce fut dur, d’autant que je suis loin de chez moi, sans famille.

Le mois prochain, il y aura deux ans que vous êtes arrivé à Bruges. Vous avez souffert de deux longues blessures. Etait-ce…

Of course, je n’avais encore jamais été longuement blessé et voilà que je suis touché au genou puis à l’aine. Le premier diagnostic était clair : je ne pouvais pas jouer pendant trois mois. La seconde blessure était une inflammation des adducteurs. Il était difficile de fixer une date à mon retour. En fin de compte, ma guérison a pris quatre mois.

Vous avez raté deux préparations de suite. La saison passée, vous êtes revenu dans le noyau en novembre et avez mené à bien un programme chargé, avec le championnat, la Coupe et l’équipe nationale. A la fin, vous aviez des bobos ici et là. N’est-ce pas l’origine de votre seconde blessure ?

Peut-être mais je n’ai pas de certitude. Beaucoup de footballeurs souffrent des adducteurs. C’est peut-être dû à l’absence de préparation mais nous n’en sommes pas sûrs. N’était-ce pas à cause de l’état des terrains ?

Vous avez rejoué lors de la dernière journée du championnat passé puis vous n’avez pas été repris comme seizième homme en finale de la Coupe. Comment l’avez-vous pris ?

Ce fut dur. L’entraîneur, Cedomir Janevski, m’avait demandé de rester avec le groupe mais je n’ai pas fêté le succès comme si j’avais joué. J’étais certes heureux, puisque cette victoire allait me permettre de jouer en Coupe d’Europe. Hélas, nous avons été éliminés.

Avez-vous été surpris de ne pas être sélectionné pour la finale ?

Non, je le savais. J’étais resté deux jours à la maison. L’entraîneur m’a demandé si ça allait mieux mais je n’avais pu me préparer comme il le fallait et l’équipe jouait bien. Pourquoi la changer ? J’ai accepté la décision de l’entraîneur. Elle était honnête, simplement malheureuse pour moi.

Epater Carlos Alberto Parreira

Après la finale, le Club vous a conseillé de vous reposer mais vous êtes parti en stage avec l’Afrique du Sud. Deux séances par jour, un match…

Personne ne m’a dit de ne pas y aller. Je m’étais entraîné pour la finale de la Coupe, je me sentais bien, même si je n’étais pas à 100 %. Je n’ai eu aucun problème pendant cette semaine avec l’équipe nationale. Je suis rentré chez moi. Après quelques jours de vacances, j’ai repris des entraînements individuels. La douleur est apparue. J’ai téléphoné au médecin pour lui dire que je ne pouvais disputer le deuxième match avec l’équipe nationale. Il a abondé dans mon sens après un examen. Peut-être ai-je commis une erreur en rejoignant l’équipe nationale mais il ne sert à rien de regarder en arrière.

Avez-vous commis une erreur ?

J’ai pris une mauvaise décision.

Vous étiez peut-être trop avide de faire vos preuves aux yeux de Carlos Alberto Parreira, champion du Monde avec le Brésil en 1994 et sélectionneur de l’Afrique du Sud depuis août 2006 ?

Je venais de me blesser au genou quand il a été engagé. J’avais raté tous les matches de qualification qui ont lieu depuis son embauche. Il ne m’avait pas visionné. Ce stage constituait donc une belle opportunité de me montrer. Tout le monde a envie de porter le maillot de son équipe nationale, surtout à mon âge. Cela s’est terminé par une blessure, malheureusement.

Pendant votre absence, le Club a été bouté de la Coupe UEFA par Brann Bergen. Comment avez-vous vécu cet épisode ?

Ce fut une terrible déception, après une saison qui avait déjà été mauvaise. J’étais venu au Club pour jouer en Coupe d’Europe. La saison précédente, j’avais dû me contenter d’une entrée au jeu contre Leverkusen, suite à ma blessure. Yeah, it’s a pity, you know. Nous devons être champions et tenter notre chance en Ligue des Champions.

Copenhague, votre club précédent, a joué la Ligue des Champions la saison passée et il est maintenant en Coupe UEFA. N’auriez-vous pas mieux fait d’y rester ?

Je suis content pour lui mais j’avais besoin d’un nouveau défi. Le championnat danois est bon. Ses douze équipes s’affrontent à quatre reprises et cela devient vite lassant. Nous étions champions saison après saison. Certes, Copenhague est européen et pas nous. Peut-être n’étais-je pas prédestiné à évoluer en Coupe d’Europe…

En signant à Bruges, vos ambitions étaient claires : la Ligue des Champions. Vous n’y avez pas participé et, pire, vous avez passé la majeure partie de votre temps à l’infirmerie. Avez-vous malgré tout avancé d’un pas ?

Difficile à dire. Je dois peut-être prendre un nouveau départ, sans rien forcer. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Parfois, rien ne marche comme vous l’espériez, parfois tout joue en votre faveur.

 » J’ai perdu les deux kg demandés « 

Avez-vous perdu deux années ?

Pas vraiment, même si sept mois de blessures, cela représente beaucoup de temps. Je pense avoir été bon l’année passée dès mon retour, malgré la passe difficile qu’a connue le Club. Ce furent des temps pénibles.

Malgré ces problèmes, vous restez gai dans le vestiaire. Tout le monde vous apprécie à Bruges.

On ne modifie pas une situation difficile en étant de mauvaise humeur. C’est inné : je prends plaisir à ce que je fais. Certains jours, j’étais quand même down mais j’estime ne pas devoir le faire sentir aux autres.

Lors de votre premier entraînement collectif, vous êtes monté sur le terrain avec un brassard blanc. Il paraît que vous avez provoqué l’hilarité générale ?

Just joking ! C’était une plaisanterie. Je savais que mes coéquipiers réagiraient. Ils me l’ont dit : -Tu ne seras jamais capitaine.

On a beaucoup parlé de votre excédent pondéral. Est-il exact que ces commentaires vous dérangent ?

Je pesais 65 kg à mon arrivée mais l’entraîneur estimait que je devais en perdre deux. Pourquoi pas ? Il m’a aussi dit qu’il ne jouerait pas les agents de police. C’était plutôt dit sur le ton de la plaisanterie. Je pèse maintenant 63 kg.

Si les gens s’intéressent à un détail qui n’est même pas important, c’est que le joueur en question est important. Ne devriez-vous pas prendre cette polémique comme un compliment ?

Je ne dirai jamais que je suis important. Je fais de mon mieux pour que mes qualités s’expriment. Nous jouons à onze. Au sein de l’équipe, certains peuvent déterminer le cours d’un match mais le Club n’a que des footballeurs de qualité. Si les gens attendent beaucoup de moi, je relève volontiers le défi. Parfois, je joue bien et les supporters sont contents mais moi, je ne le suis pas car je veux toujours progresser. Ce n’est possible qu’en gagnant des trophées et en jouant la Ligue des Champions.

Vous avez été impressionnant contre Gand, à dix contre onze, alors que c’était votre premier match complet. Vous sembliez proche de votre meilleur niveau ?

Je sais que je puis beaucoup mieux. Je ne dirai pas que je suis en grande forme que quand je jouerai bien et que je marquerai. Ce dernier point est un de mes principaux objectifs cette saison car cela ne m’a pas beaucoup réussi ces derniers temps. Je dois à nouveau marquer et délivrer des assists.

Coupe d’Afrique ou pas Coupe d’Afrique ?

L’Afrique du Sud organise le prochain Mondial. Que représentez-vous pour votre équipe nationale ?

Le sélectionneur actuel offre leur chance aux jeunes mais je dois encore faire mes preuves. Je rêve d’évoluer dans un plus grand championnat. Si, là, je suis déterminant, je pourrai l’être pour mon équipe nationale. Actuellement, je suis un joueur parmi d’autres. J’espère être décisif d’ici 2010.

Selon Hans Vonk, le gardien sud-africain, un ancien Ajacide, on attend beaucoup de vous dans votre pays ?

J’ai très bien joué contre le Tchad. Nous nous sommes imposés 4-0. D’après les journaux, je suis un des éléments-clefs du Mondial. Par ailleurs, je n’ai jamais joué avec Hans mais il m’a toujours dispensé beaucoup de conseils, bienvenus de la part d’un footballeur aussi chevronné.

Vous voilà rétabli mais en janvier, le Club sera privé de vous. Vous disputez la CAN au Ghana…

(Il sourit et tente de changer de sujet)

Ou peut-être pas ?

Il vaudrait peut-être mieux ne pas en parler maintenant. Je viens de revenir de blessure. Ce sera une décision difficile. Je n’en ai encore parlé à personne au club. J’ignore ce qui va se passer. Si je suis sélectionné, je suis obligé d’accepter mais avec cette blessure à peine rétablie… Mes sentiments sont mitigés. Il est toujours chouette de se produire pour son équipe nationale. Que faire ? Si je n’y vais pas, j’aurai aussi des problèmes. Si je pars, je dois espérer revenir sans blessure.

Donc ?

On verra bien. La CAN constitue surtout l’occasion d’accumuler de l’expérience en prévision du Mondial. C’est du moins ce que l’entraîneur a déclaré dans un journal sud-africain. Bon, maintenant, je file ! Je vais me pelotonner sous une couette et regarder un film. Il fait trop froid ici !

par jan hauspie – photo: photonews

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