» A mes débuts, tout le monde m’a pris pour un fou ! « 

Vous êtes jeune, ambitieux et vous voulez donner libre cours à votre passion pour le sport. Marc Herremans et Cedric Dumont aident les talents. Nous en présentons un toutes les deux semaines. Dans cette édition, Lane De Meulenaere (18 ans), spécialiste de kayak freestyle.

Lane De Meulenaere :  » J’ai été baptisé ainsi en hommage à Lane Frost, un ancien spécialiste américain de rodéo. J’ai découvert ma discipline sportive grâce à mon père Patrick, titulaire d’un master en éducation physique et spécialisé en entraînement, et à ma mère Tiny, régente en éducation physique. Mon père a toujours été très actif et il cherchait une nouvelle passion. Il a vu un documentaire sur le kayak sickline sur Extreme Sports Channel. Conquis, il est passé à l’action. J’ai donc découvert ce sport spectaculaire à neuf ans.

 » J’étais différent de mes camarades  »

Je me suis affilié au club de canoë et kayak Gekko de Gand car je devais acquérir les bases du kayak. Nous avons commencé par des balades en kayak puis, un moment donné, en accord avec mes parents, je suis parti à Saint Pierre de Boeuf. C’est une piste d’eau sauvage à environ 50 kilomètres de Lyon. Cette première expérience m’a procuré un fameux kick et j’ai compris que ma passion n’allait pas disparaître d’un coup. Après une seule séance, j’en voulais déjà plus. Le kayak freestyle est une sorte de gymnastique sur eau. Nous essayons de réussir le plus de figures possible sur une vague. J’ai commencé par des exercices en eaux calmes mais c’est rapidement devenu ennuyeux. Je suis donc passé aux cours d’eau sauvages. C’est là que j’ai vraiment chopé le microbe. J’ai compris que c’était mon truc. Jusque-là, mon expérience en sport était assez limitée. J’avais participé à une compétition de natation mais ça ne me passionnait pas vraiment. A l’école, je ne m’intéressais pas beaucoup au football, au tennis, au cyclisme ni à la course, contrairement à la plupart des jeunes. J’étais différent de mes camarades.

Nous avons décidé de chercher et de suivre notre voie. Concrètement, nous avons dû chercher des installations d’entraînement, trouver des trucs et les exercer mais aussi chercher des sponsors. Le problème, c’est que le site le plus proche se trouve à Düsseldorf, ce qui représente un trajet en voiture de trois heures. C’est un fameux effort. Heureusement, j’ai pu compter sur la compréhension du directeur du collège Saint-Bernard d’Audenarde. Pour autant que mes études n’en pâtissent pas, il m’a permis d’effectuer des stages à l’étranger et de participer à des compétitions. Mes examens ont été étalés et décalés. J’ai donc pu achever mes humanités math-sciences. Ensuite, l’université de Gand, où je suis les cours d’éducation physique, m’a octroyé un statut de sportif de haut niveau.

Mon programme hebdomadaire, très varié, comporte une quinzaine d’heures. Il y a deux ou trois séances de fitness, une série de tests de ma condition, à vélo et en course à pied. Depuis l’année dernière, je m’adonne à la gymnastique pour améliorer mon explosivité, ma coordination et la combinaison des mouvements gauche-droite. Evidemment, il y a deux ou trois séances de kayak au programme. A la maison, j’effectue des exercices de stabilisation et de Redcord. C’est idéal pour le développement de la force fonctionnelle et la prévention des blessures.

L’élite mondiale

Je me rapproche de l’élite mondiale, surtout depuis que je suis affilié au Jackson Kayak Team, qui m’offre énormément de possibilités. Mon sport n’est pas précisément bon marché. Il faut compter 5.000 euros par an pour le matériel et les nombreux déplacements à l’étranger. J’ai la chance d’avoir bénéficié très tôt du soutien du centre de canoë néerlandais Arjan Bloem. Je suis également très reconnaissant à mes parents de leur soutien permanent et des investissements qu’ils ont consentis. Je possède trois esquifs et un modèle en carbone pour les compétitions. J’ai certainement été un pionnier en Belgique. A mes débuts, tout le monde m’a pris pour un fou, jugeant que je me lançais dans une mission impossible, mais en juniors, j’ai terminé quatrième de l’EURO 2012 et sixième du Mondial 2013. J’ai confirmé cette année avec deux médailles de bronze dans les manches de Coupe du Monde de Millau et de Salt, sans oublier ma sixième place à Sort et, surtout, une superbe médaille d’argent à l’EURO de Bratislava.

Je tiens compte d’une période d’adaptation de deux ans en seniors mais je reste ambitieux. L’année prochaine, je vise le top dix en Eurocup et le top vingt au Mondial. Ce sont des objectifs très réalistes. La principale différence en seniors, c’est la puissance et la maîtrise de différents mouvements. Nous travaillons énormément la visualisation.

Je suis simplement ma propre voie et je commence à rejoindre un groupe sélect. Je passe presque toutes mes vacances à Millau, parfait pour l’entraînement. Je peux y compter sur le soutien de Mathieu Dumoulin, le team manager du Jackson Kayak Team, et du club local. Toutefois, j’espère que la Belgique va offrir plus de soutien à mon sport, pour que les jeunes athlètes bénéficient de l’encadrement nécessaire. Jusqu’à présent, j’ai tout fait à ma façon et je suis fier de mes résultats actuels. J’éprouve une profonde reconnaissance envers mes parents et une série de gens qui m’ont aidé et donné ma chance. Sans eux, ce rêve n’aurait pas été possible. « 

PAR FRÉDÉRIC VANHEULE

 » Le kayak freestyle est une sorte de gymnastique sur l’eau. « 

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