A maturité

Gill Swerts joue à l’Exclesior Rotterdam, mais Feyenoord l’avait contacté à 12 ans.

Et ce ne fut pas facile car Swerts devait quitter ses proches pour une famille d’accueil. « La maison était divisée en deux parties. Nous étions entre huit et 14 pour deux télévisions et deux ordinateurs, ce qui provoquait parfois des tensions. De plus, il y avait des Surinamiens, des Brésiliens, des Canadiens… La chaleur familiale me manquait et j’éprouvais des difficultés à m’adapter à la mentalité hollandaise. Ces gens sont très directs, parfois blessants. Il faut se faire une carapace, ne pas se laisser marcher sur les pieds et savoir répondre. Aujourd’hui, je me dis que ce fut un bon apprentissage et que je suis plus mûr que les jeunes de mon âge ».

Sur le terrain, Swerts progressa également mais ses prestations souffrirent de la comparaison avec celles d’un autre compatriote, Thomas Buffel. Lorsque ce dernier (qui vient d’être élu Meilleur Joueur de D2) fut prêté à l’Excelsior, le club satellite de Feyenoord, Swerts sortit de l’ombre. En 2000-2001, il fut ainsi élu Meilleur Junior A1 des Pays-Bas. Une récompense tombée du ciel.

« Je ne comprends toujours pas car, contrairement à Thomas, je ne suis certainement pas le plus doué techniquement. De plus, on regarde rarement les médians défensifs ».

Malgré ses bonnes prestations en Réserves et en Juniors, il ne put se faire une place au sein du noyau A et fut également prêté à l’Excelsior. « Cette saison, nous sommes sept dans le cas, dont un autre Belge, Sam De Meester. Pour nous, c’est une vitrine. Bien souvent, on ne reste ici qu’un an puis on est transféré dans un autre club de D1. Feyenoord nous prête pour un an mais peut nous rappeler à tout moment. J’aurais pu aller à AZ mais personne ne veut engager un joueur qui peut soudainement retourner au club auquel il appartient. De plus, l’Excelsior est également un club de Rotterdam et jouit d’une excellente réputation en D2. Il a disputé le tour final la saison dernière et, cette saison, il est en tête. Nous essayons également de proposer un football soigné et offensif ».

Chaque semaine, Swerts et Buffel font l’objet de nombreuses louanges. Les statistiques ne mentent pas non plus. L’Excelsior est en tête du classement et, ensemble, les trois Belges ont déjà inscrit plus de 20 buts. Pourtant, on s’étonne toujours de voir un bon serviteur belge s’imposer au pays des artistes, où il est interdit de dégager un ballon dans la tribune.

« J’ai eu la chance de débarquer à Feyenoord, un club où on accorde plus d’importance au travail qu’à l’Ajax », dit Swerts. « Pour moi aussi, cette rivalité entre les deux écoles signifie quelque chose. Je me rappelle de nos matches face à l’Ajax. A l’époque, Johnny Heijtinga et Rafaël van der Vaart évoluaient encore chez les jeunes. Les joueurs de l’Ajax ont dû être escortés par la police jusque sur le terrain. Dans les tribunes, 2.000 Rotterdammois les insultaient. Incroyable! De plus, ici, on apprécie la mentalité belge. Je pense d’ailleurs que c’est pour cela que tant de nos compatriotes jouent ici. Voyez Vreven: à Utrecht, c’est le chouchou du public. On aime les travailleurs de l’ombre, les gens réalistes et fiables. Les Hollandais oublient parfois leur homme et c’est fatal. Je trouve qu’on exagère un peu en parlant du talent hollandais. Il y en a autant en Belgique, sauf qu’on y prête moins attention. Ici, certains matches de jeunes sont retransmis à la télévision! »

Gill Swerts vient de resigner à Feyenoord jusqu’en 2005. Il ne sait pourtant pas si son avenir se situe à Rotterdam : « Ce serait beau mais le noyau est tellement étoffé… Laissez moi finir cette saison avec l’Excelsior puis on verra. En tout cas, je veux jouer en D1 dans les deux ans. J’aurai alors 21 ans, le bel âge… »

Matthias Stockmans, ,

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