A la recherche de SA MEILLEURE PLACE

L’Ajax était un cran top haut mais au Limbourg, le gaucher doit s’épanouir :  » Je suis à mon niveau « .

L’anecdote illustre à merveille la situation de Tom Soetaers à l’Ajax.  » Je ne l’oublierai jamais. A l’entraînement, nous jouions à cinq contre cinq et nous menions 3-0. J’ai fait une talonnade à la dernière minute mais les autres ont marqué : 3-1. J’ai éclaté de rire mais Ronald Koeman a trouvé que je devais tendre à la perfection pour moi-même et que ça ne pouvait arriver. Peut-être ne suis-je pas assez ambitieux dans ce genre de choses. Parfois, mon côté jouette refait surface. Je relativise facilement : je ne me sens pas mal si je fais de temps en temps quelque chose de travers. Koeman trouvait aussi que je devais me montrer davantage, parler plus. J’ai promis de faire mon possible mais je ne pouvais évidemment changer du jour au lendemain. C’est une question de caractère « .

Soetaers ne trouve cependant pas avoir commis une erreur en quittant Roda JC pour l’Ajax ni avoir surestimé ses qualités. Son analyse est réaliste. Il n’élude pas ses points faibles.  » Il aurait été stupide de ne pas saisir cette chance. Après coup, la critique est facile mais je retiens des points positifs de cette expérience. Si je ne l’avais faite, je l’aurais regretté toute ma vie. Je suis sûr d’avoir le niveau requis mais de fait, je ne suis pas très régulier alors qu’à l’Ajax, on est écarté après un mauvais match. C’était sans doute mon principal problème : j’ai été rarement repris parmi les 18 ou sur le banc. En début de saison, j’ai eu un entretien avec Koeman. J’avais gagné mon duel face à NicolaeMitea et je pouvais entamer le championnat. Puis j’ai écopé d’une stupide carte rouge contre Utrecht en Supercoupe. Ma suspension purgée, j’ai reçu un coup sur le pied. Cette blessure a duré deux mois. Nous étions en novembre, l’équipe tournait et je ne pouvais espérer jouer immédiatement. Je n’ai plus eu l’occasion de montrer ce que je valais.

Le système ajacide est et reste le 4-3-3. Un ailier gauche est un ailier gauche, qui doit attendre sur sa ligne jusqu’à ce qu’il reçoive le ballon, pour le passer. Je pense que le club a commis une faute de jugement car je ne suis pas un joueur qui attend ainsi et qui passe un adversaire d’un démarrage sec. Ce n’est pas mon point fort. Je ne suis pas l’ailier typique de l’Ajax. Ce n’est pas mon registre. J’étais coincé sur la ligne et toutes les équipes qui affrontent l’Ajax forment un bloc défensif. Donc, les espaces sont très réduits et je n’ai pas les qualités techniques de Mitea. L’Ajax a sans doute commis une erreur d’estimation car il devait me connaître avant de m’embaucher. J’ai besoin de liberté. A Roda, j’étais également ailier gauche mais je pouvais rayonner vers l’axe, la droite, aller ici, là… je me sens mieux quand je dispose d’espaces. J’ai toujours senti où me placer, où me mouvoir pour être dangereux ou important mais on m’a ôté cette possibilité à l’Ajax « .

Noyé dans le cynisme des Hollandais

Il n’était pas obligé de quitter l’Ajax mais celui-ci était disposé à collaborer à un transfert si un club se manifestait. On l’a dit à Tom Soetaers quand Mitea et Nourdin Boukhari lui ont été préférés :  » Comme je ne jouais pas, je portais un regard négatif sur le club et ses membres. Partir était une bonne chose. Inconsciemment, je faisais pâtir mon entourage de ma situation mais l’Ajax est un club fantastique, même si l’humour y est parfois cru, voire cynique « .

Comme au début de l’année, quand, dans son discours, Freek de Jonge a prétendu que la réserve du fanshop était toujours bourrée avec les porte-clefs et les tasses de Soetaers et Victor Sikora :  » J’étais là et j’ai rigolé mais je ne savais pas que ça allait déclencher pareil émoi. Les gens de l’Ajax en ont fait plus de problèmes que Sikora ou moi, finalement !  »

A Roda, il avait dit apprécier que Sef Vergoossen le convoque au moins une fois par semaine dans son bureau pour une bonne heure de conversation.  » C’est toujours bien pour un jeune. A 24 ans, j’ai accumulé de l’expérience et je n’en ai plus besoin mais avant, j’appréciais beaucoup de voir que l’entraîneur s’occupait de moi, même si ses propos n’étaient pas toujours positifs. A l’Ajax, j’ai pensé : – Je ne compte pas, puisqu’on ne me parle pas. C’est pour ça que je voulais un entraîneur qui discute, qui m’explique des choses. A l’Ajax, seuls comptent les résultats : c’est la panique si on perd deux fois. Or, j’ai besoin de me sentir dans une ambiance conviviale pour m’exprimer et je n’ai jamais ressenti ça à Amsterdam. Je veux que ce sentiment revienne, comme à Roda. Une tape sur l’épaule fait un bien fou. Je n’en ai jamais reçue à l’Ajax « .

Il veut retrouver le plaisir de s’entraîner et de préparer un match.  » Je pense avoir effectué un bon choix pour ma carrière. Je me sentais bien, je ne me levais pas du mauvais pied, pas plus que je n’avais d’insomnie mais je voulais jouer, me mettre en évidence. Tout le monde disait : – Tu ne joues pas mais tu es quand même à Amsterdam. Oui, j’ai visité la ville mais je ne pense pas m’être rendu dans le centre plus de quinze fois. J’étais là pour jouer. Sinon, j’apprécie me reposer chez moi. J’ai une amie, une Belge, qui est heureuse que je me sois rapproché. J’avais de toute façon besoin d’une vie plus familiale « .

Il a discuté avec deux autres clubs :  » Un en Belgique et un aux Pays-Bas mais quand Genk s’est manifesté, j’ai dit à mon manager qu’il avait ma préférence. J’étais un peu las du championnat néerlandais : toujours les mêmes équipes, les mêmes stades. J’avais l’embarras du choix là-bas mais je voulais vivre quelque chose de neuf et en fait, je n’ai encore jamais joué en Belgique. A l’entraînement, le niveau de Genk est inférieur à celui de l’Ajax mais le groupe a une large marge de progression et recèle beaucoup de jeunes footballeurs doués « .

A gauche en liberté

Tom Soetaers est convaincu de pouvoir bien fonctionner avec Koen Daerden et OrlandoEngelaar.  » L’entraîneur m’a dit qu’il comptait me placer à gauche tout en m’accordant une certaine latitude, Daerden évoluant dans une position plus centrale, là où il a souvent joué cette saison. Je ne le considère donc pas comme un concurrent. René Vandereycken compte m’employer dans le registre de Roda, où j’ai joué à gauche et à droite, parfois même dans l’axe de l’entrejeu. Ma polyvalence constitue mon atout « .

Vandereycken attend quelque chose de lui à l’avant-centre aussi.  » A Roda, j’y ai disputé quelques bons matches aussi, généralement en décrochage derrière IoannisAnastasiou. Sous Vergoossen, j’ai marqué assez bien de buts. Sous WiljanVloet, la saison qui a précédé mon départ, j’ai marqué dix buts et délivré onze assists. Je ne sais pas quelle est ma meilleure place mais un avant a davantage de liberté et reçoit plus souvent le ballon. A l’Ajax, j’ai évidemment appris à jouer des deux pieds et à réaliser des courtes combinaisons. Avant, je n’y songeais pas mais maintenant, quand le ballon arrive sur mon pied droit, je le joue sans y penser. C’est devenu un automatisme. Mon bagage footballistique a certainement joué en ma faveur. J’ai beaucoup appris à l’Ajax de ce point de vue car on doit s’y livrer à fond à chaque entraînement, rien que pour suivre le mouvement. Je suis aussi devenu plus athlétique car je me suis adonné à la musculation et au fitness « .

On pourrait conclure de tout ceci que Soetaers n’émarge pas à l’élite absolue.  » Je n’ai pas visé trop haut. C’est une question de mentalité. Je veux avant tout éprouver du plaisir en jouant. J’avais davantage de plaisir dans l’équipe B de l’Ajax parce que Johnvan den Brom et FredGrim étaient plus décontractés. Là, le plaisir était l’essentiel. Je n’avais pas envie de perdre un an à ne pas jouer. Vu comme ça, ce transfert à l’Ajax n’était peut-être pas une si bonne chose mais je ne savais pas non plus que tout y était aussi strict. Je ressens le besoin de rire, de faire des farces à l’entraînement. Là, ce n’était pas permis. Tout était devoir. A Roda, je pouvais réaliser des actions, faire ce que je voulais et être important. C’est ainsi que j’ai pris confiance. Je pense que je suis maintenant au niveau qui me convient. En forme, je peux être important et apporter quelque chose à Genk. Si, à l’avenir, j’ai de nouveau l’occasion de rejoindre un club comme l’Ajax, j’y réfléchirai à deux fois. C’est un univers impitoyable. Je ne suis pas sûr de vouloir m’infliger cette pression. J’ai vécu cette expérience, compris à quel point ne pas jouer est pénible. Le pire, c’est le sentiment de ne pas faire partie du groupe. Je vais donc éprouver deux fois plus de plaisir maintenant !  »

Le fanshop de Genk peut sortir les maillots numéro 10 de la réserve !

Raoul De Groote

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