A l’unanimité

Quatre témoignages sur l’homme qui doit sauver les Loups.

Partout, Ariel Jacobs suscite les mêmes commentaires: un grand professionnel qui a su rester simple et met au service des Loups toute l’expérience accumulée au cours de ses 16 années à l’Union Belge.

Haydock: « Il nous parle de nos soucis privés »

Considéré comme quantité négligeable par Daniel Leclercq, Alan Haydock a complètement explosé depuis l’arrivée du nouvel entraîneur. Ces deux Bruxellois avaient déjà travaillé ensemble autrefois au RWDM.

Alan Haydock: « Nous nous connaissons même depuis bien plus longtemps. Nous sommes tous deux originaires de Diegem et Ariel Jacobs m’avait vu jouer avec les Minimes et les Cadets de ce patelin. J’ai déjà entendu que Haydock était le choucou d’Ariel Jacobs. Pas du tout! J’ai aujourd’hui ma place dans l’équipe, mais je suis certain qu’il n’hésiterait pas à me mettre sur le banc s’il voyait que j’étais insuffisant.

Quand Daniel Leclercq est parti, plusieurs noms ont circulé. Dans notre situation, n’importe quel nouvel entraîneur aurait été le bienvenu. Mais je me suis permis de signaler à la direction que, sur le plan de la communication, Ariel Jacobs et René Vandereycken étaient imbattables. Je les avais tous les deux connus à Molenbeek et ils m’avaient impressionné. Ils ont l’art d’organiser et de gérer un groupe. Au moment du départ de Leclercq, le mental de tous les joueurs était au plus bas. Il n’y avait plus aucune confiance. Ariel Jacobs est arrivé avec ses qualités de psychologue. Il accorde beaucoup d’importance au dialogue, à l’aspect humain. Il nous parle parfois de nos soucis privés. Il a déjà permis à certains joueurs de brosser un entraînement pour qu’ils règlent en priorité l’un ou l’autre problème familial. Il préfère les revoir le lendemain avec un meilleur état d’esprit. Il tient à ce que chacun ait la conscience tranquille en arrivant à l’entraînement.

La façon de travailler d’Ariel Jacobs tranche totalement avec les méthodes de Daniel Leclercq. Quand nous montons sur le terrain, nous n’ignorons plus rien de notre adversaire et nous connaissons les qualités et les défauts de chaque joueur. Ils ont tous fait l’objet d’une description individuelle, le coach nous a expliqué leur football selon qu’ils évoluent à domicile ou en déplacement! Dès le lundi, les caractéristiques de l’adversaire du week-end suivant sont affichées dans notre vestiaire. Cela nous permet de tourner très vite la page du dernier match et de nous concentrer directement sur l’échéance suivante. Ariel Jacobs fait très fort au niveau du scouting, je n’ai connu cela avec aucun autre entraîneur. Son expérience de l’Union Belge saute aux yeux. L’organisation était notre gros point faible en début de saison; aujourd’hui, La Louvière fait partie des meilleures équipes de Belgique sur ce plan-là. Nous savons tous ce que l’entraîneur attend de nous et nous ne courons plus n’importe où, comme lors des premiers matches du championnat.

Ariel Jacobs s’est très vite fondu dans notre groupe. Après trois jours, on aurait dit qu’il était chez nous depuis plusieurs mois. Tout le monde s’est immédiatement senti à l’aise car il n’a pas oublié de réconforter les joueurs qui ne croyaient plus en eux. Avec Leclercq, nous avions peur de commettre une erreur parce que c’était synonyme d’engueulade. Avec Jacobs, les fautes sont épinglées et analysées de façon constructive. Il corrige, et ce n’est pas un drame si nous refaisons la même bourde quelques jours plus tard. Il ne change pas facilement son équipe mais il n’a pas de chouchous. Tout le monde en est conscient et c’est pour cela qu’il est accepté aussi bien par les réservistes que par les titulaires. Ceux qui ne jouent pas savent qu’il ne tient qu’à eux de travailler encore un peu plus s’ils veulent entrer dans l’équipe. De toute façon, les points que nous prenons et notre progression au classement sont ses meilleurs arguments ».

Foguenne: « Une main de fer dans un gant de velours »

Ronald Foguenne a joué en Espoirs sous la direction d’Ariel Jacobs, il y a plus de dix ans. Il n’est pas étonné par la remontée actuelle de La Louvière au classement.

Ronald Foguenne: « Ariel Jacobs cerne directement ses joueurs sur le plan psychologique. Il sait comment les prendre. C’est essentiel pour l’entraîneur qui débarque en cours de saison dans un club à problèmes. On ne lui laisse pas une éternité pour prendre la température du groupe, il doit obtenir des résultats immédiatement. Quand une équipe est engluée dans le fond du classement, le problème se situe souvent dans les têtes.

Cet entraîneur m’a frappé par sa façon d’expliquer, en peu de mots, où il veut en venir. Il faisait passer son message sobrement, sans jamais hausser le ton. Il dégageait une sévérité naturelle, c’était une main de fer dans un gant de velours. Il demandait beaucoup de sérieux à ses joueurs, sans se prendre lui-même au sérieux. Sa connaissance de tout le football belge transpirait de chaque mot de ses discours.

Sur le plan tactique, il n’y a plus grand-chose à lui apprendre. Il a vite découvert les potentialités du noyau de La Louvière et a mis l’accent sur l’organisation. Il a commencé par resserrer les boulons derrière car il est suffisamment intelligent pour savoir qu’une équipe occupant la dernière place est condamnée si elle essaye de jouer la fleur au fusil. Il prône un football positif, mais pas naïf ».

Leekens: « Un faux timide »

Ariel Jacobs fut l’assistant de Georges Leekens en équipe nationale A. Long Couteau ne retient de lui que des souvenirs positifs.

Georges Leekens: « Comme adjoint, il n’y avait pas mieux. Ariel, c’est une personnalité. Nous avions les mêmes principes et nous nous sommes démenés pour restructurer la fédération, qui en avait bien besoin. Tout est aujourd’hui plus pro qu’il y a cinq ans et nous avons notre part de responsabilités dans ce progrès. Le centre national qui devrait voir le jour tôt ou tard à Tubize, nous en avions abondamment parlé.

Ariel débarquait régulièrement dans les bâtiments de la fédération avec des idées très riches: faire jouer toutes les sélections nationales en zone, organiser des matches à 7 contre 7 ou 9 contre 9, mettre en place une structure de scouting, etc. C’était chaque fois bien pensé et mûri. Il cherchait sans arrêt à se perfectionner, sur le plan médical et de la préparation physique notamment. Il avait aussi beaucoup de patience avec les gamins. Quand il donnait cours à des entraîneurs de jeunes, il avait une grande force de persuasion et son sens de l’organisation sautait aux yeux. Il n’avait pas peur de prendre la parole devant un auditoire de 300 personnes. C’est un faux timide. Il ne fait jamais de déclarations tapageuses, ce qui lui vaut une étiquette d’homme de l’ombre. Mais il sait ce qu’il veut. Quand il s’adressait à la presse, il passait sans aucun problème d’une langue à l’autre, ce qui le mettait à l’abri des problèmes communautaires. Son don des langues et ses idées footballistiques en faisaient aussi une personnalité fort respectée à l’UEFA. C’était l’ambassadeur parfait pour le football belge et la fédération a énormément perdu quand il a décidé de se lancer dans une carrière d’entraîneur principal, au RWDM. Il avait besoin d’un nouveau défi et, au moment de son départ, je le sentais un peu découragé par la lourdeur du fonctionnement de l’Union Belge, avec tous ces comités et ces réunions qui n’en finissaient jamais.

Je suis ce qu’il fait à La Louvière et je ne doute pas du sauvetage de cette équipe. Elle est transfigurée depuis l’arrivée d’Ariel. Il connaît le football belge par coeur, il peut donner un avis sur toutes les équipes et la plupart des joueurs adverses: cette connaissance en profondeur et ses autres qualités vont faire la différence dans la lutte pour le maintien ».

Pierre Danvoye,

« Son don des langues et ses idées en faisaient une personnalité fort respectée à l’UEFA » (Georges Leekens)

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