« À ANDERLECHT, je ne comptais pas »

Il y a deux ans, quand il a quitté Anderlecht pour Lokeren, Denis Odoi voulait avant tout retrouver le plaisir de jouer. Il y est parvenu et la forme a indéniablement suivi. Il est l’arrière gauche le plus régulier de Belgique, et parfois même le meilleur.

Denis Odoi est quasi infaillible sur le plan défensif, cette saison, tout en étant de plus en plus présent, aussi, dans le jeu offensif de Lokeren. Il n’a raté son premier match que voici deux semaines, contre Ostende, pour cause de suspension. Il est en tête du classement de l’Homme de la Saison établi par les fans lokerenois mais il est le premier à relativiser :  » Je n’ai pas beaucoup changé en une saison.  »

Tu es quand même plus audacieux sur le plan offensif et tu viens même de réaliser quelques exploits techniques.

Denis Odoi : Il m’arrive de dribbler pour des raisons pratiques. Lecoach adverse crie souvent à ses joueurs de neutraliser mon pied droit pour m’empêcher de faire une passe. Je dois donc tenter une action inattendue, comme contre Gand. J’ai agi sur un coup d’intuition. C’est comme ça qu’on réussit finalement le mieux.

Exerces-tu ton pied gauche, maintenant que tu es collé au flanc gauche ?

Je m’entraîne surtout à rentrer dans l’axe et à tirer du droit. Pas assez du gauche, je le reconnais. Les grands clubs s’intéressent plus à l’aspect technique. Je viens de voir une vidéo d’Arjen Robben au Bayern : il travaille presque tous les jours son mouvement typique vers l’intérieur, avant de tirer du gauche. S’il est aussi insaisissable, c’est parce qu’il maîtrise l’exercice à la perfection.

Quel est l’impact du départ d’Alexander Scholz sur ton jeu ?

J’ai cru qu’il allait en pâtir car nous étions très complémentaires : en montant ballon au pied, il dégageait des espaces à mon profit mais Sverrir Ingason, son remplaçant, est très bien.

 » Scholz a fait le bon choix  »

Tu t’entendais bien avec Scholz en dehors du terrain. Lui as-tu prodigué des conseils pendant le feuilleton de son transfert ?

Je lui ai simplement dit qu’il ne devait pas choisir le club qui lui proposait le plus d’argent mais celui qui lui offrait le plus de temps de jeu. C’est une leçon que j’ai tirée de mon transfert de Saint-Trond à Anderlecht. Le pas était trop grand. Franchement, le comportement de Scholz pendant cette période m’a dérangé. Il s’entraînait à 3 %. Pourtant, c’est un garçon intelligent. Je comprends évidemment que tout était nouveau pour lui : un joueur inconnu du Danemark qui est subitement courtisé de toutes parts…

As-tu été surpris qu’il opte pour le Standard ?

Non. Je soutiens son choix. Si un club arrange tout derrière ton dos sans donner l’impression de te vouloir vraiment alors qu’un autre te veut à tout prix, tu choisis le second.

Hans Vanaken est aussi très convoité. Est-il prêt à franchir un cap ?

Il a le potentiel requis pour un grand club mais il devra s’y profiler davantage. A Lokeren, il reste dans sa zone de confort. Le groupe est gentil. A Anderlecht ou au Club Bruges, il devra gagner le respect du vestiaire. On entend plus de fuckyou dans les grands clubs. A Anderlecht, après un but contre, Lucas Biglia m’avait pointé du doigt. C’était ma faute, incontestablement. C’est ça, le top.

Vanaken se profile plus vis-à-vis des arbitres.

Trop. Je lui ai déjà dit d’observer Eden Hazard, qui reçoit plein de coups sans se plaindre.

Il y a deux ans, à ton arrivée à Daknam, tu étais impatient de travailler avec Peter Maes. As-tu obtenu ce que tu voulais ?

Oui, puisque je joue tout le temps. Maes est autoritaire mais il est également ouvert au dialogue. Il peut réagir très fort après un match mais le lendemain, il rectifie le tir. C’est chic.

 » Le top-3 est hors de portée pour nous  »

Ta franchise t’a valu quelques problèmes à Anderlecht. A Lokeren aussi ?

Je n’ai pas changé mais ici, on accepte mes propos. Je n’étais que réserve à Anderlecht, je ne comptais pas. On ne m’a jamais rappelé à l’ordre ici, même quand j’ai critiqué l’état de la pelouse.

Quid de Lokeren s’il ne se qualifie pas pour les PO1 ?

Il va tomber en faillite, non ? Je ris, là. La vie continuera. La saison passée, tout le monde nous croyait à la fin d’un cycle : nous avions gagné la Coupe, atteint les PO1 et obtenu une qualification pour l’Europe. Nous ne pouvions donc faire mieux. Finalement, tout le monde est resté et nous avons cherché un autre défi. Toutefois, nous avons atteint notre sommet. Le top trois est hors de portée pour nous.

Il faudra sans doute reconstruire une équipe cet été. Quel est ton avenir ?

Je suis encore sous contrat pour deux ans. Je voudrais jouer à l’étranger mais j’ai appris que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. Je sais que je ne rejoindrai pas un grand club. Ce serait le choix d’une expérience de vie. La culture sportive américaine m’intéresse. Sinon, l’Australie ou le Japon.

Et le Qatar ?

Ce serait un choix purement financier, qui assurerait l’avenir de mes enfants. Le salaire de Junior Dutra a quadruplé et le brut est devenu du net.

En novembre, tu as posé ta candidature pour l’équipe nationale du Ghana. Pourquoi ?

Sans stratégie particulière. On m’a posé la question. C’est paru sur un site ghanéen et la presse belge a repris l’info. J’ai peu de chances d’être repris mais pourquoi pas ?

Tu as une sélection en équipe nationale belge : un match amical contre le Monténégro, en mai 2012. N’espères-tu plus d’autre convocation ?

Je ne me pose plus la question. J’étais à Anderlecht quand j’ai été repris.

Tu as déjà affirmé que des éléments extra-sportifs entraient en compte.

Je persiste et je signe. Thomas Meunier est le meilleur arrière droit de Belgique et n’est jamais sélectionné.

PAR MATTHIAS STOCKMANS – PHOTO : BELGAIMAGE

 » Vanaken se plaint trop auprès des arbitres  »

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