7 boules de cristal

L’illustre basketteur va refermer le livre d’une carrière longue de 19 années pros. Plutôt que de regarder dans le rétro, il se penche sur l’avenir.

Samedi, EricStruelens (37 ans) s’apprête à refermer un gros livre : celui d’une carrière longue de 19 saisons au niveau professionnel. Au temps de sa splendeur, il est devenu champion dans tous les clubs où il a joué : Malines, Charleroi, Paris et le Real Madrid. Il s’est bâti le plus beau palmarès du basket belge. Seules une présence en NBA et une victoire dans une compétition européenne, font défaut. Son ambition a diminué lorsqu’il a pris la direction de Gérone, la trentaine passée, et ces deux dernières années, il a bouclé la boucle en terminant sa carrière dans sa ville natale, à Bruxelles. Au lendemain des festivités de son jubilé, il pourra commencer l’écriture d’un deuxième recueil. Que comportera-t-il ? Lui seul le sait.

1re boule : son avenir

 » Il me reste une année de contrat à l’Atomia Bruxelles, mais je ne jouerai plus. Je serai ClubSupportManager. Je m’occuperai beaucoup de l’aspect sportif et un peu de l’aspect commercial. J’essaierai d’utiliser mon nom pour aider le club. Si l’on peut attirer quelques personnes en plus, et quelques… sous en plus, ce sera tout bénéfice. Je passerai mon diplôme d’entraîneur la saison prochaine, pas spécialement avec l’ambition de coacher en D1, mais plutôt pour entraîner les jeunes. Je serai aussi chargé de visionner des joueurs. J’irai notamment rendre visite à nos deux jeunes partis aux Etats-Unis : FrédéricMarbaix (18 ans) qui a reçu une proposition de l’université d’Oklahoma, et MichaëlLinskens, qui part aussi dans un collège américain. Je superviserai également l’Excelsior, l’équipe filiale de l’Atomia où évoluent plusieurs jeunes en double affiliation, qui devront être suivis et conseillés. Rien ne dit que cette expérience d’une année ne sera pas prolongée, si affinités « .

2e boule : le basket à Bruxelles

 » Je crois qu’il y a quelque chose de bien à réaliser dans la capitale. D’ici deux ou trois ans, on espère avoir une nouvelle salle, qui ne devra pas servir uniquement au basket. Pourquoi ne pourrait-elle pas prendre le relais de Forest National ? Dans la nouvelle salle d’Anvers aussi, on organise des concerts… A Charleroi et à Liège, on organise la Fed Cup de tennis. Pourquoi Bruxelles n’aurait-elle pas droit à ce genre d’événements ? Lorsque cette salle sera opérationnelle, le club pourra véritablement grandir.

Le nouveau président, JeanMarieVanTriel, s’investit beaucoup. C’est une personne issue du privé, qui apporte son expérience au niveau de la gestion et qui commence à bien s’entourer. Le manager OlivierDeRoy n’est plus tout seul. Je vois l’avenir de manière optimiste. Il y a dix ans, personne ne croyait à la réussite de Charleroi non plus. On prétendait qu’on ne parviendrait jamais à remplir le Spiroudôme. Aujourd’hui, il est parfois trop petit. A force de travail, Bruxelles peut y arriver aussi, mais il ne faut pas brûler les étapes. Il y a deux ans, l’Atomia s’était maintenu en D1 grâce à la faillite de Vilvorde. Cette saison, il s’est maintenu grâce à ses mérites propres. C’est déjà un progrès. La saison prochaine, il faudra essayer de placer la barre un peu plus haut. On espère jouer le top dans deux ou trois ans « .

3e boule : le championnat de Belgique

 » Le championnat devient de plus en plus relevé, mais on y trouve de moins en moins de joueurs belges. Comment remédier à cela ? La Ligue devrait sans doute, progressivement, imposer des quotas plus sévères. Au lieu d’imposer quatre joueurs belges sur la feuille de match, il faudrait en imposer cinq, puis six. En Espagne et en France, le syndicat des joueurs est très puissant, et parvient à imposer ses vues. A un moment donné, on parlait de Bosman A (les joueurs de la Communauté européenne) et de Bosman B (les joueurs issus de pays ayant des accords économiques avec la CE). Le syndicat des joueurs espagnols a estimé que les Bosman B devaient être considérés comme étrangers. Les clubs n’étaient pas d’accord. Le week-end, le syndicat des joueurs a décidé qu’on ne jouerait pas… et on n’a pas joué. En Belgique, il n’existe même pas de syndicat des joueurs. En créer un, c’est un projet qui m’intéresserait également, mais il faut un minimum de 30 joueurs pros belges. Existe-t-il 30 joueurs belges pros ? »

4e boule : les Lions

 » L’équipe nationale belge est capable de rebondir. Mais il faut trouver des sources de motivation pour les joueurs, car ces dernières années, le moindre prétexte était bon pour se désister. L’idée d’un stage à Dallas est géniale. Cela me rappelle le stage à Orlando, en 1993, à l’époque de LéonWandel. Si tout le monde répond présent, on peut avoir un très bon cinq de base. SamVanRossom commence à s’affirmer comme distributeur. A l’intérieur, on a des joueurs comme AxelHervelle, TomasVandenSpiegel, DidierM’Benga (malheureusement blessé) et ChristopheBeghin. Le point noir a souvent été le poste n°3, celui d’ailier shooteur. Mais, si RalphBiggs accepte de donner un coup de main…

L’Ukraine, Israël et le Danemark ne sont tout de même pas des foudres de guerre. On n’ira peut-être pas à l’Euro 2007, mais on a largement les moyens d’éviter la descente en D2 « .

5e boule : les Cats

 » Actuellement, si le basket belge est représenté au niveau international, c’est surtout grâce à l’équipe nationale belge… féminine. Pour l’instant, les garçons l’acceptent, mais si la tendance persiste, cela pourrait devenir frustrant. La réussite du basket féminin est le fruit d’un travail de longue haleine, d’un projet à long terme qui a été mené à bien.

AnnWauters fait beaucoup, mais elle n’est pas seule. Les meilleures joueuses, comme KathyWambé ou AnkeDeMondt, répondent toujours présent, alors que chez les garçons, il y a des défections lors de chaque compétition. Les filles travaillent ensemble depuis plusieurs années. Il y a quelques années, elles se trouvaient en bas de l’échelle, et aujourd’hui, elles ont des chances réelles de se qualifier pour les Jeux Olympiques de Pékin. Le basket masculin, lui, est très, très loin de Pékin. Déjà qu’il y a 14 ans qu’on ne s’est plus qualifié pour un Euro…  »

6e boule : le basket européen

 » Peut-on revoir un jour une équipe belge en finale européenne, comme Malines en 1973, face à Cantù ? A mon avis, ce sera difficile. Le sommet, pour Charleroi ou Ostende, me semble être un quart de finale en Coupe ULEB. En Coupe FIBA, la concurrence est un peu moins forte, mais comme le nombre d’étrangers y est limité, les clubs belges sont handicapés.

Le basket européen progresse sans cesse. Le basket belge a aussi progressé, mais pas autant que les autres. Et, donc, le fossé s’est creusé. Les programmes de formation sont beaucoup plus poussés dans les autres pays européens. Les meilleurs jeunes du Real Madrid jouent en D3, afin d’y mûrir. Lorsqu’ils sont prêts, ils reviennent et jouent en équipe A. En Belgique, la progression est plus artificielle : elle est liée au recrutement des joueurs étrangers. Et malgré tout, cela ne suffit pas encore pour être totalement compétitif sur la scène européenne « .

7e boule : la NBA

 » Il y a de plus en plus de joueurs européens en NBA, et ils y prennent de plus en plus de place. L’Allemand DirkNowitzki a été élu MVP de la saison régulière et le Français TonyParker a été élu MVP des playoffs. Lorsque des équipes NBA sont venues jouer des matches-exhibitions en Europe l’an passé, plusieurs ont été battues. Et ce n’est pas fini.

A l’avenir, je ne serais pas surpris si la NBA créait une division européenne comprenant cinq ou six équipes. Les budgets des clubs européens sont en hausse constante, les infrastructures commencent à être à la hauteur, et les déplacements ne posent plus un problème. Six heures de vol suffisent pour se rendre à New York. Lorsque New York va jouer à Los Angeles, cela prend aussi cinq heures de vol. Mais ce ne sont pas des allers-retours incessants : les équipes partent deux semaines, durant lesquelles elles jouent sept ou huit matches. La NBA est demandeuse : elle a besoin des joueurs européens, sud-américains ou asiatiques. Lorsqu’un Européen brille en NBA, on vend des maillots dans son pays d’origine. Business is business. Ce n’est pas pour rien, non plus, si le Chinois YaoMing a été choisi en n°1 dans la draft, il y a quelques années. C’était un pari sportif, mais aussi un pari commercial « .

par daniel devos – photos: reporters/mossiat

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