7 ANS plus tard

L’aîné des frères s’est enfin lié pour quatre saisons au RSCA.

Jamais deux sans trois, veut le dicton. Et force est de constater que le RSCA aura bel et bien dû s’y prendre à autant de reprises pour débaucher enfin Mbo Mpenza à Mouscron. La toute première tentative de séduction remonte déjà, ni plus ni moins, à l’année 1997 quand, à l’occasion de ses débuts parmi l’élite, l’intéressé, ainsi que son frangin Emile, avaient d’emblée fait fureur au Canonnier : 12 buts par tête de pipe.

L’infortuné Jean Dockx, responsable de la cellule scouting du club bruxellois, n’avait pas attendu cette date pour tomber sous le charme du duo de choc. A l’époque où ils militaient encore de concert à Courtrai, en 1994, il avait déjà inscrit leurs noms en lettres grasses dans son petit calepin. Sans que le dossier ne soit finalisé…

Trois ans plus tard, l’ancienne gloire des Mauves eut d’autant moins de difficultés à relancer l’affaire que Roger Vanden Stock en personne, président frais émoulu à cette époque, n’était pas insensible aux qualités des deux frères. Le tandem, qui n’avait jamais été dissocié jusque-là, après ses années d’apprentissage au Léopold Club de Mesvin d’abord, puis à Courtrai et Mouscron, aurait sans doute abouti de concert au Parc Astrid, durant l’intersaison 1997-98, si deux éléments n’avaient joué les trouble-fête.

Le premier concerne maman Rosalie, qui ne voyait pas vraiment d’un bon £il que ses rejetons, âgés de 20 et 18 ans, empruntent le chemin de la capitale, à destination d’un club où, en ces temps-là, le jeune talent n’était pas encore exposé aux regards comme aujourd’hui. A choisir, la maternelle préférait, de loin, un passage vers un Standard qui, depuis toujours, lui tenait fort à c£ur. Un désir qui allait finalement devenir réalité, puisqu’au nez et à la barbe de tout le monde, les Rouches mirent le grappin sur les brothers en profitant d’un oubli fâcheux de la direction de l’Excelsior.

 » Mbo et Emile appartenaient encore à Courtrai « , se souvient Maître Luc Misson, qui fut à la base du passage des frères à Sclessin.  » Le président Jean-Pierre Detremmerie les avait obtenus sur base d’un transfert C, qui devait être renouvelé avant la date du 30 avril. Puisque leur situation ne fut nullement régularisée dans les temps, le Standard a considéré ces joueurs comme libres et leur a proposé un contrat en bonne et due forme tout en s’acquittant du montant libératoire dû à Courtrai « .

Une version contestée par les Frontaliers, qui portèrent l’affaire devant le tribunal du travail, à Mons, et qui obtinrent finalement gain de cause sous la forme d’une indemnité de rupture de près de 200.000 euros. Un montant jugé dérisoire par les responsables mouscronnois qui estimaient, non sans raison, que puisque la mutation des deux frères, au Standard n’aurait jamais dû être avalisée, ils appartenaient toujours à l’Excel. Et que leur club avait donc droit à une partie de la plus-value réalisée par le Standard sur les transferts de Mbo au Sporting Lisbonne et de son cadet à Schalke 04. Finalement, la plainte fut définitivement classée après le retour de Mbo chez les Hurlus, en janvier 2002.

Pas d’accord tacite

La deuxième opération charme des Mauves est plus proche de nous, puisqu’elle remonte au dernier mercato. A l’image du FC Bruges, soucieux de redresser la barre après un premier tour calamiteux, le Sporting, qui allait devoir composer sans Ivica Mornar, en partance pour Portsmouth, était venu aux nouvelles pour Mbo lui aussi, avant de reculer devant les deux millions d’euros exigés par l’Excel en échange de la liberté du joueur. In extremis, le Standard se mêla encore à la danse, en essayant de dribbler la concurrence sur le fil, mais sans succès. Contrairement au RSCA qui, en réitérant sa volonté de revenir à la charge pour le joueur plus tard, marqua des points précieux à ce moment.

 » D’aucuns ont parlé alors de précontrat ou d’accord tacite « , observe Maître Laurent Denis, conseil du joueur.  » C’est faux, aucun document n’a jamais été signé entre nous, à cette époque, et il n’y avait pas de promesse verbale non plus, car le RSCA n’était pas disposé à payer n’importe quel prix en échange de Mbo. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’affaire était restée sans suite en janvier passé. Si rien n’a été finalisé à ce moment, on pouvait quand même sentir, malgré tout, un rapprochement entre les parties dans ce contexte. Mbo était manifestement impressionné par l’envie de tout le clan anderlechtois de l’accueillir un jour en son sein. Et comme lui-même n’y était pas réfractaire, on était dans le bon dès cet instant. Par la suite, quatre clubs se sont encore informés de ses conditions de transfert : un allemand, deux espagnols et un anglais. Dans deux de ces cas, il pouvait gagner beaucoup plus qu’au Sporting. Mais il tenait à privilégier la piste bruxelloise le plus longtemps possible car il savait à quoi s’en tenir au Parc Astrid, alors que partout ailleurs, il aurait été dans le flou complet. Comme à Galatasaray, où il fut cédé jadis alors que l’entraîneur en place, Mircea Lucescu, ne comptait nullement sur ses services « .

Au Sporting, à l’évidence, tel n’était point le cas. Pour avoir travaillé avec lui durant une demi-saison au Canonnier, le coach, Hugo Broos, n’a jamais tari d’éloges sur son ancien élève, au point de faire de son embrigadement une priorité. Même son de cloche du côté des joueurs. En novembre dernier, à la faveur du déplacement du RSCA chez les Hurlus, tout commença par un long conciliabule, au milieu du terrain, entre Mbo et l’artiste anderlechtois Pär Zetterberg.

 » Ne signe pas ailleurs, il y a une place pour toi chez nous « , lui avait dit le Suédois en substance.

Plus récemment, après Pays-Bas-Belgique, scellé par un penalty résultant d’un accrochage sur l’aîné de la dynastie, c’est Walter Baseggio qui y était allé d’un vibrant hommage.  » Celui-là doit jouer au Sporting et nulle part ailleurs « , s’était-il épanché auprès d’un journaliste en référant à Mbo. Et ce dernier lui avait renvoyé la balle sur-le-champ en demandant au même plumitif de dire à Walt qu’il était  » un passeur sans égal « …

Cette frénésie pour Mbo découle à la fois de sa personnalité et de ses talents comme joueur.  » Allez savoir pourquoi, mais il y a de ces éléments pour qui on flashe « , observe le président Roger Vanden Stock.  » Mon père a toujours eu un faible pour Robby Rensenbrink. Moi, j’ai toujours été séduit par Pär Zetterberg, Aruna Dindane et l’aîné des Mpenza. Ce que j’apprécie, chez tous ces garçons, c’est qu’indépendamment de leurs qualités de footballeurs, ils sont restés très simples et abordables. Ils ont tout, sauf un gros cou. Certains détails en disent long à ce sujet. Comme cette habitude de Mbo, après un but, d’aller taper gentiment dans la main des enfants au Canonnier. Pour moi, ce sont des signes qui ne trompent pas. Mbo est une vedette, mais sans allures de vedette. Et c’est ce qui me séduit au plus haut point chez les meilleurs « .

Gagner en vitesse

A Anderlecht, Mbo héritera la saison prochaine de la vareuse frappée du 9, laissée en suspens par le malheureux Clayton Zane, toujours en délicatesse avec son genou en dépit de deux opérations. Un numéro symbolique qui atteste bien évidemment la volonté de l’utiliser en pointe et non sur le flanc, où il s’est pourtant exprimé souvent au cours de sa carrière. Pour cette position, les dirigeants du RSCA jurent leurs grands dieux qu’ils conserveront la grande révélation de la défunte saison, Christian Wilhelmsson, même si le Suédois tape dans l’£il des recruteurs présents à l’Euro 2004.

 » Avec le Nordique sur l’aile droite et le Français Fabrice Erhet à gauche, nous allons disposer de deux couloirs extrêmement véloces « , souligne Philippe Collin, le secrétaire général du club.  » Quant à Mbo Mpenza, il est susceptible de nous conférer la même explosion aux avant-postes. Sur contre-attaque, nous doublons donc, pour ainsi dire, notre pouvoir d’accélération. Sans compter que nous améliorons aussi nos qualités dans le passing. Car tant Fabrice Erhet que Mbo Mpenza sont de bons remiseurs également. Dans l’élaboration du jeu ou en contres, nous sommes donc parés avec eux « .

L’arrivée de Mbo Mpenza signifie- t-elle que les jours de Nenad Jestrovic sont désormais comptés au stade Constant Vanden Stock ?

 » Pour nous, Jestrogoal peut partir mais nous ne le chassons pas « , dit le manager des Mauves, Herman Van Holsbeeck.  » En cas de bonne offre, nous ne le retiendrons pas. A défaut, son apport n’est nullement négligeable car il possède des qualités de buteur plus prononcées que nos deux futures flèches noires. Voire trois car l’Intériste Isah Eliakwu nous intéresse toujours aussi « .

A priori, compte tenu des arrivées, Hugo Broos devrait à nouveau se prononcer la saison prochaine en faveur de son système de prédilection : le 4-4-2, avec Aruna Dindane et Mbo Mpenza devant. Mais l’adjoint, Frank Vercauteren, remarque que des variantes sont possibles :  » L’année passée, selon les circonstances, nous avons parfois été amenés à jouer à trois derrière. Dans ce cas, de figure, l’introduction d’un soutien d’attaque est possible, qu’il s’agisse de Pär Zetterberg ou d’ Oleg Iachtchouk, pour ne citer qu’eux. D’autre part, si l’effectif ne subit plus de modifications, les combinaisons seront nombreuses à l’avant également. Car non seulement Aruna et Mbo entrent en ligne de compte pour ces places mais aussi Nenad, Isah Eliakwu si son prêt se réalise, Oleg et Ki-Hyeon Seol. Le Coréen a souvent été utilisé sur le flanc gauche ces derniers mois. Mais au même titre qu’Hugo Broos, je suis d’avis que c’est devant qu’il s’exprime le mieux. C’est prometteur en prévision des tâches multiples qui nous attendent au cours des mois à venir « .

Bruno Govers

 » Mbo est une vedette, mais SANS ALLURES DE VEDETTE  » (Roger Vanden Stock) » Avec Fabrice Erhet et lui, nous doublons NOTRE POUVOIR D’ACCÉLÉRATION  » (Philippe Collin)

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