5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER ÀABBAS BAYAT

A quoi ressemble votre vie sans le foot ? Vous êtes soulagé de ne plus être dedans ou il y a un manque ?

Je suis plus calme. Beaucoup plus calme ! Moins nerveux, moins stressé. J’ai toujours beaucoup de boulot dans mes entreprises mais je ne dois plus y ajouter le stress du match du week-end. On me reprochait mon côté énervé mais je n’ai jamais regretté mon comportement : je préfère un excité à un amorphe… Je suis toujours passionné par le football, toujours autant supporter de Manchester United, je vois encore plein de matches à la télé mais je ne vais plus jamais dans les stades. J’ai donné pendant plus de dix ans, la page est tournée.

Quand vous avez repris Charleroi, vous avez dit que nos clubs étaient exploités par les télés, qu’ils touchaient beaucoup trop peu d’argent. Tout le monde a rigolé. Vous avez aujourd’hui envie de rappeler que vous étiez un visionnaire ?

Je savais ce que je disais. J’avais l’avantage d’avoir vécu aux Etats-Unis, j’avais bien observé le phénomène des droits télé là-bas. Il y a 30 ans, les chaînes versaient déjà énormément d’argent. L’Angleterre y est arrivée aussi, mais avec un retard conséquent sur les USA. Notamment parce qu’il a fallu du temps pour implanter des chaînes commerciales sur le territoire anglais. Quand il n’y avait que la BBC, c’était compliqué pour les clubs de foot de toucher beaucoup d’argent. Idem ici avec la RTBF qui était presque seule. A partir du moment où les chaînes commerciales étaient dans le coup, avec la publicité que ça sous-entend, ce n’était que logique de faire exploser les droits. Le championnat de Belgique se rapproche des montants que je visais au début des années 2000 mais il y a encore de la marge. On a beau dire que son niveau sportif ne fait que baisser, je vois que l’intérêt des gens reste énorme, que le foot belge touche trop peu en fonction de son nombre d’habitants et que c’est surtout pour le football que les chaînes proposent des abonnements. Plus que pour les films. Quand un géant comme Fox s’intéresse au football belge et propose beaucoup de millions, ça veut dire qu’il a une valeur énorme. Ils savent ce qu’ils font.

Vous avez mis plus d’une fois le doigt sur le manque d’unité à la Ligue Pro. Pour vous, l’affaire Standard / Louvain ne fait que confirmer les rivalités, les égoïsmes, les envies d’aller chercher de l’argent chez les autres ?

Vous voulez savoir les souvenirs que j’ai conservés de mes réunions à la Ligue Pro ? On aura vite fait le tour, ça se résume à très peu de choses. Et je ne cherche même pas à me rafraîchir la mémoire. A mon âge, on se dit qu’on n’a plus tellement de jours à vivre, alors il vaut mieux réfléchir au futur qu’au passé. Dans l’affaire Standard / Louvain, ce serait bien d’élargir le débat, de ne pas se focaliser sur l’incident Carcela / Ruytinx. Je trouve que le football a un problème : il est de plus en plus violent. En Belgique et ailleurs. Ce que je vois en Angleterre me sidère. Il y a régulièrement des blessures graves à cause de fautes violentes. On ne compte plus les tacles dangereux. Les arbitres doivent être plus sévères, les fédérations doivent infliger des sanctions plus longues, l’UEFA et la FIFA doivent faire en sorte que les terrains ne deviennent pas des champs de bataille. Le football n’est pas un sport de contacts, il ne faut pas confondre avec le foot américain. C’est un sport de contactsoccasionnels.

Charleroi qui vend Milicevic, Kaya et Pollet pour rembourser les dettes que vous avez faites pendant votre présidence et que vous avez cachées en partant, selon la nouvelle direction, qu’est-ce que ça vous inspire ?

Je ne veux même pas réagir. Les polémiques, ce n’est plus pour moi. Vous citez Kaya et Milicevic : je signale simplement que ces deux joueurs sont arrivés à Charleroi quand j’étais président. Comme Hervé Kagé. Comme Habib Habibou. Comme Pelé Mboyo. Ces exemples suffisent à démontrer qu’un club du niveau de Gand vient se servir à Charleroi parce qu’il y trouve de la qualité. Ça veut donc dire qu’on y travaillait bien quand j’y étais.

Quand vous avez vendu Charleroi, vous avez souhaité qu’il ne soit pas repris par Mogi. Vous devez bien avouer que c’est raté ?

Je ne réponds pas. C’est vraiment le genre de question qui ne me manque pas.

PAR PIERRE DANVOYE

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