5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À

La presse n’a pas été très positive après la montée de Mouscron – Péruwelz. C’est trop injuste ?

C’est décevant de lire des commentaires négatifs quand on s’est démené pendant quatre ans, quand le club retrouve la D1. On est aussi déçus par la réaction du public. Mais on sait d’où tout cela est parti. Un groupe d’une vingtaine de personnes a mal accepté le partenariat avec Lille, et quand vingt spectateurs font beaucoup de bruit dans un stade où il y a 3.000 personnes, c’est de ceux-là qu’on parle surtout. Je les ai rencontrés. Ils m’ont dit qu’ils craignaient une disparition de l’esprit mouscronnois. Je leur ai demandé de m’expliquer ce qu’était, pour eux, cet esprit mouscronnois. Ils n’ont pas su me répondre. Ces gens-là sont aussi supporters de Lens, rival du LOSC dans le Nord de la France, vous voyez ?… On a joué cartes sur table avec eux et avec tous les autres supporters, on leur a tout expliqué : ce club ne peut plus s’en sortir avec ses moyens propres, il ne pourrait réunir que le budget d’une équipe de D3 ou de Promotion. Etre dans le giron de Lille, c’est l’idéal. C’est un partenaire qui a les reins solides, c’est un voisin avec la même culture, la même mentalité. En plus de cela, les infrastructures restent la propriété de Mouscron Péruwelz et nous avons gardé nos couleurs. Que demander de plus ?

Au moment où les entraînements ont repris, la composition du noyau était encore assez floue, on a même eu peur que votre coach puisse juste former une équipe de futsal. Pas d’inquiétude ?

C’est normal d’avoir recommencé avec un groupe limité. Pour deux raisons : Mouscron n’a été sûr de la montée que lors de la dernière journée du tour final et notre budget est restreint. Nous devons donc, plus que d’autres clubs, miser sur des joueurs en prêt. Mais les prêts sont rarement possibles en début de mercato, il faut généralement attendre la deuxième ou la troisième semaine, ou même plus tard.

Quid de la collaboration avec Lille ? Son président veut vendre, et s’il trouve un acheteur, ça pourrait signifier du jour au lendemain la fin du partenariat avec Mouscron ?

Attention, l’accord n’a pas été signé entre Michel Seydoux et Edward Van Daele, ce n’est pas un accord entre deux présidents. C’est un deal entre la société coopérative Royal Mouscron Péruwelz et la société anonyme LOSC. Quelle que soit la composition de l’actionnariat de Lille, il reste valable, le LOSC reste actionnaire de Mouscron Péruwelz à concurrence de 51 %. S’il y a un repreneur là-bas, il devra assumer ici, respecter les conventions. Même chose si Seydoux élargit son actionnariat au lieu de vendre son club. Le LOSC est actionnaire chez nous, pas sponsor, c’est différent. Il ne peut pas se retirer quand il le veut, il faut trouver quelqu’un à qui remettre les 51 %. Maintenant, il est probable que nos rapports changeraient si Lille n’était plus détenu par les mêmes personnes. Ce serait sans doute moins confortable.

Comment réconcilier les supporters d’hier qui ne veulent plus mettre un pied au Canonnier et ceux d’aujourd’hui qui acceptent – peut-être du bout des lèvres – l’ingérence du LOSC ?

En faisant comprendre à tous que nous avons opté pour une solution raisonnable en nous associant à Lille et en disant que tous ceux qui ont de bonnes idées pour le futur sont les bienvenus. Quand je parle avec des dirigeants d’autres clubs belges, ils sont plus admiratifs que critiques. On ne disait rien quand le Standard collaborait avec Marseille mais on critique l’union entre Mouscron et un voisin. On préférerait que notre club discute à nouveau avec un investisseur kazakh, comme il y a quelques années ? Pas moi. C’est d’ailleurs pour ça que je m’étais retiré à l’époque.

Quelles grandes leçons avez-vous tirées pour qu’on n’assiste jamais à une deuxième faillite de Mouscron ?

On applique la recette de la bonne ménagère : on ne dépense pas plus que ce qu’on a dans le portefeuille. Après une montée, c’est tentant de faire un mercato d’enfer, de signer des joueurs qui ont une réputation et des qualités. Mais on ne tombera pas dans le piège. C’est aussi pour ça qu’on ne se presse pas dans notre recrutement.

(*) Edward Van Daele est président de Mouscron Péruwelz

PAR PIERRE DANVOYE

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