5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À… Rudi Cossey

1 Tu as eu Hasi et Vukomanovic comme joueurs à Lokeren en 2006-2007, ça t’étonne qu’ils entraînent maintenant des clubs comme Anderlecht et le Standard ?

Ils étaient arrivés avec un carte de visite et ils n’ont pas toujours été titulaires à Lokeren, parfois ils l’acceptaient difficilement. Mais ils avaient des caractères assez différents. Vukomanovic était un homme de communication, il voulait être en bons termes avec tout le monde et pensait surtout à son propre jeu. Hasi, lui, fonçait, pouvait ruer dans les brancards dès que ça ne lui plaisait pas. Il n’avait pas de porte de derrière et il avait un mot à la bouche : bosser. Il détestait les fainéants. Et il faisait déjà un boulot d’entraîneur. D’ailleurs, il m’avait dit qu’il retournerait un jour à Anderlecht pour y entraîner l’équipe Première.

2 Dans tous les médias, flamands comme francophones, on cite le résultat de Lokeren en Europa League après ceux de Bruges et du Standard. Ce n’est pas dérangeant ?

C’est compréhensible à partir du moment où ils sont considérés comme des grands en Belgique. Ils intéressent plus les gens et on parle plus facilement de ceux qui font vendre. A côté de ça, on peut y voir un manque de respect pour Lokeren. On est respectés par les autres équipes, moins par la presse. A certains moments, j’ai même l’impression qu’on dérange. Mais ce qu’on fait, ça vaut le détour. Cette équipe dispute régulièrement les play-offs et on participe maintenant à l’Europa League. Entre-temps, il y a eu deux victoires en Coupe. Et tout ça avec un budget de 6 à 7 millions. Trabzonspor, qu’on a affronté la semaine dernière, tourne avec 35 millions… Mais on a pris un point. Et on n’a jamais été ridicules dans les autres matches.

3 Lokeren est bien parti pour se qualifier une fois de plus pour les play-offs. A nouveau avec un budget qui n’a rien à voir avec celui des autres. Et ça veut dire que c’est surtout chez vous qu’on travaille bien ?

On n’a pas les finances et le stade de certains autres, alors on fait avec les moyens du bord et c’est vrai qu’on le fait bien. Le travail de formation est très bon. Harbaoui est parti mais ça ne se remarque pas, Leye et Dutra sont là. Quand un des deux s’en ira, Dessers saura faire le boulot. Demain, on perdra Vanaken mais on a déjà des solutions sous la main, avec Kaya ou Patosi par exemple. Tout cela est planifié.

4 Dis-moi pourquoi Peter Maes n’est pas occupé à perdre son temps en restant dans un club de village comme Lokeren.

Il est bien ici parce qu’il fait tout ce qu’il veut et il reçoit tout ce qu’il demande. C’est important quand on a un caractère dominant comme lui. S’il va dans un plus grand club, la donne ne sera plus la même, on lui dira qu’il n’y a qu’une priorité : les résultats. Maintenant, c’est clair qu’il entraînera un jour plus haut. Mais je suis sûr qu’il ne s’en ira pas en pleine saison parce qu’il a besoin de tout préparer pour que ça se passe bien. En plus de ça, il ne voudrait pas plaquer en plein championnat des joueurs auxquels il a demandé de rester pour faire avancer le projet de Lokeren avec lui.

5C’est depuis ton expérience de T1 à Mons que tu te dis définitivement  » Adjoint, c’est beaucoup mieux, que du bonheur  » ?

C’est vrai que mon état d’esprit a changé après Mons. Le président m’avait dit :  » Un bon entraîneur est un entraîneur qui gagne.  » Quand on te dit ça, ta tête est déjà à moitié coupée. Pour un coach principal, il n’y a souvent que les résultats qui comptent. Ça se passe bien pour Vukomanovic, mais s’il perd trois matches, on va déjà signaler qu’il manque d’expérience, et ceci, et cela. Et pour un T1, c’est difficile de travailler sur le long terme, alors que c’est justement ce que j’aime. Peut-être que le métier d’adjoint me convient mieux, oui.

Rudi Cossey (53 ans), après une carrière de joueur au RWDM, à Bruges et à Lokeren, est dans le staff de Lokeren (adjoint et des piges comme T1) depuis 1995. Il a juste fait de courts séjours à Louvain et à Mons entre-temps.

PAR PIERRE DANVOYE

Rudi Cossey  » A Lokeren, Hasi ruait dans les brancards, détestait les fainéants et disait qu’il retravaillerait un jour à Anderlecht, comme T1.  »

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