5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À OLIVIER RENARD

Tu as 35 ans, tu es directeur sportif adjoint à Malines, tu travailles avec un Fi Vanhoof qui a 73 ans et pourrait être ton grand-père : comment être sur la même longueur d’onde quand il y a un fossé de générations pareil ?

Notre vécu n’est pas le même et c’est très bien comme ça. Fi Vanhoof est mon prof, mon guide, il connaissait déjà les mentalités des vestiaires il y a 20 ans et il a toujours ses contacts. Moi, je sors d’une carrière pro de 18 saisons et je connais les vestiaires actuels. Ils n’ont plus rien à voir avec ce que j’ai vécu en début de carrière, quand je découvrais le professionnalisme à Charleroi avec Dante Brogno. J’étais le premier à rigoler mais aussi le premier à aller chercher les ballons. Aujourd’hui, le gars qui vient de faire deux bons matches n’a déjà plus envie d’aller chercher le matériel et il pense directement à aller demander une revalorisation de son contrat.

Tu vis ton premier été comme dirigeant, qu’est-ce qui t’étonne ?

Je savais que le milieu du foot était plus qu’étrange, mais là, je dois parfois me pincer pour croire ce que j’entends de la part de certains agents. Il y a des jours où je me croirais dans un jeu vidéo. C’est n’importe quoi. Des agents nous proposent un joueur, on fait une offre financière, puis ils font le tour de la Belgique, d’Europe ou du monde pour trouver mieux. Et quelques jours plus tard, ils ont le culot de revenir avec un autre joueur. Tous les jours, pour ainsi dire, on voit débarquer une quinzaine d’agents qui ont 12 ou 15 noms susceptibles de nous renforcer. Et du côté des joueurs, il y a pas mal de bluff. Mais je ne joue pas dans leur jeu. Dès qu’il y en a un qui tourne autour du pot, on laisse tomber. On ne veut que des gars qui s’impliquent directement à fond dans notre projet.

On dit que Veljkovic s’est installé comme l’agent privilégié à Malines en amenant notamment le nouvel entraîneur, ça fait toujours peur quand un manager prend un petit monopole dans un club.

Veljkovic n’a aucun monopole. Simplement, nous sommes contents de son travail, des joueurs qu’il a amenés depuis six mois et de l’entraîneur qu’il nous a proposé cet été, Jankovic. Dans certains clubs, il y a un agent attitré. Pas chez nous. Malines a aussi plusieurs joueurs de Mortelmans, par exemple.

Jankovic a une moyenne d’un employeur par an depuis qu’il a commencé à entraîner en 2000. Ce n’est pas le genre d’argument qui fait hésiter quand on doit engager un nouveau coach ?

Une moyenne d’un employeur par an ? Tu me l’apprends… (Il rigole). Il faut de toute façon relativiser. A part Ferguson et Dury, qui reste encore plus de deux saisons dans le même club ? Dans le foot moderne, c’est devenu exceptionnel. Jankovic a aussi eu des postes d’adjoint, et en général, les T2 dépendent de leur T1, donc ils doivent parfois quitter leur employeur plus vite que prévu. Dès notre première rencontre, nous avons été séduits par son discours, nous avons la même vision. Il a coaché les Espoirs serbes, dont près de 15 joueurs sont montés en équipe A, c’est révélateur. Tout comme le fait que sa Fédération voulait lui confier cette équipe A.

Après les petits crashes Vercauteren et Legear, il est encore envisageable que Malines essaie de recycler des vieilles gloires d’Anderlecht ?

Cette histoire Legear me fait trop rire… On a là un joueur qui, en forme, est trop fort pour ce championnat. On a pu l’avoir pendant six mois pour zéro euro, zéro centime. Il n’a pas beaucoup joué mais il nous a fait de la publicité. Avec un risque zéro pour nous, donc. Idem pour Lamisha Musonda, d’ailleurs. Ils sont venus à une période où Malines n’avait de toute façon pas d’argent pour transférer, et Vercauteren les voulait. Que dirait-on aujourd’hui si Legear ou Musonda avait mis cinq buts et donné dix assists, tout ça gratuitement ? On parlerait d’une opération extraordinaire. Si des opportunités pareilles se présentent encore, on les saisira. Pour ce qui est de Vercauteren, il a fait ce qu’on attendait de lui : il a sauvé l’équipe. Mais on a décidé de ne pas le prolonger parce qu’on voulait du changement, on souhaitait renouveler le staff.

PAR PIERRE DANVOYE

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