5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À JÉRÔME EFONG NZOLO

Ce n’est jamais simple quand tu siffles un match entre Anderlecht et le Standard : jeu dur, cartes jaunes, exclusions, longues discussions durant les jours qui suivent. Dans ces cas-là, tu n’as pas envie de contacter la CCA dès le lendemain pour qu’on t’envoie à un match du genre Ostende – Louvain le week-end suivant ?

Pas du tout. Au contraire, si ça ne s’est pas bien passé, j’ai envie de refaire directement un match du même style, de rebondir en arbitrant très vite une autre affiche. Ce fut le cas après le dernier Anderlecht – Standard : on m’a envoyé à Bruges – Lokeren. Les critiques font partie du foot. Malheureusement, peut-être, mais le jour où il n’y aura plus de discussions sur l’arbitrage, beaucoup de buvettes pourront mettre la clé sous le paillasson. J’arbitre en D1 depuis sept ans et j’ai appris à passer au-dessus des commentaires négatifs. Je les trouve normaux, ça ne me dérange pas, pour autant qu’on me respecte.

Bruges a mis la pression sur Alexandre Boucaut avant le match du week-end dernier au Standard en rappelant des décisions négatives qu’il aurait déjà prises contre le Club. Tu ne penses pas qu’il faudrait un geste fort de la CCA ou de la Fédération pour condamner des manoeuvres pareilles ?

Nous sommes des soldats, nous allons où on nous envoie. Tel arbitre ne demande pas à siffler tel match, nous avons des supérieurs qui font les désignations qui leur semblent les plus appropriées. Oui, il pourrait y avoir une réaction forte dans des situations comme celle qu’on a vue à Bruges, mais ça doit venir de tout en haut pour avoir un poids. En tout cas, c’est malheureux qu’on en arrive à des communiqués de ce style.

Les arbitres belges ne sont pas pris moins au sérieux à l’étranger depuis qu’on n’a plus une locomotive comme Frank De Bleeckere ?

Laissons le temps au temps. Il y a eu la période Alex Ponnet, puis un vide, ensuite l’ère Frank De Bleeckere. On ne peut pas être au top tout le temps. Il y a quelques années, on riait au nez des Diables Rouges, aujourd’hui ils font rêver. L’arbitrage belge peut retrouver les sommets, ce n’est parfois qu’une question de détails. Et il ne faut pas dire que nous ne sommes plus nulle part. La semaine dernière, Serge Gumienny et Sébastien Delferière ont sifflé en Europa League. L’été passé, j’ai aussi officié dans un match européen et j’ai arbitré la Supercoupe de France entre le PSG et Bordeaux, une affiche fabuleuse.

Puisqu’on punit des agressions sur la base d’images TV, pourquoi ne sanctionnerait-on pas aussi les tricheurs après coup, ceux qui obtiennent des penalties injustifiés, qui s’écroulent alors qu’ils ont à peine été effleurés ?

J’espère qu’on y arrivera un jour. On dit que la simulation fait partie du jeu mais chaque fois, les arbitres se font rouler et ce n’est pas agréable. Il y a des commissions qui doivent analyser la chose, et effectivement, à partir du moment où il est possible de punir des agressions en se servant des images, ça doit être facile de sanctionner les joueurs qui jouent la comédie. On ne doit pas attendre que l’intégrité physique d’un joueur soit menacée pour intervenir.

Plus il y a d’assistants au bord des terrains, plus il y a d’oreillettes. L’arbitre principal n’a pas une tête comme un seau à la fin d’un match après avoir dû rester en contact avec autant de personnes ?

Il n’y a aucun risque parce que tout est très clair : un assistant ne s’adresse à l’arbitre principal que si le ballon est dans sa zone. Chacun a son terrain d’action. Donc, il n’y a jamais de cacophonie. Ils ont tous leur micro, le quatrième arbitre en a un aussi, mais lui doit appuyer sur un bouton pour que l’arbitre principal l’entende, le micro n’est pas actif en continu. C’est mieux, parce qu’avec le boucan que font généralement les entraîneurs autour de lui… Pour moi, toutes les évolutions techniques sont bienvenues, mais il ne faut pas vouloir tout bouleverser du jour au lendemain. Les arbitres seraient perdus si on révolutionnait subitement leur métier par une arrivée massive de moyens techniques. On ne peut pas tout à fait comparer non plus avec le rugby ou le tennis, qui ont adopté la technologie. Ce sont des sports d’impact. En football, les phases litigieuses ont souvent lieu quand le ballon est en l’air, donc c’est plus difficile à juger, même s’il y a une aide technique.

PAR PIERRE DANVOYE

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