5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À… Jacky Mathijssen

1 Tu es allé chercher récemment en Grèce le premier trophée de ta carrière : coach de l’année en D2. C’est vraiment important ?

Pour un étranger, ce n’est pas simple de gagner un prix pareil. J’ai été surpris d’apprendre qu’il était pour moi, ça fait plaisir. En Belgique, je suis passé deux fois tout près du trophée d’Entraîneur de l’Année, avec Charleroi puis Bruges. Mais il y a une tradition en Belgique : ce prix est presque systématiquement pour le coach du club champion, et moi je ne l’ai pas été, donc… A l’époque, j’avais été fort déçu. Parce que ça fait toujours bien sur un CV, ça peut aider pour le futur. Mais finalement, mon plus beau trophée, c’est d’être toujours très bien accueilli dans tous les clubs où je suis passé. Je le dis et je le pense.

2 Il y a une vie après Ruytinx à Louvain et vous allez le prouver en gagnant le tour final ?

Ruytinx n’est pas un thème pour moi. Je n’ai pas connu OHL avec lui et on n’en parle plus ici. Pour ce qui est du tour final, je crois qu’on a une belle opportunité. L’avenir nous dira si ça a été une bonne chose d’être qualifiés très tôt. En tout cas, on peut travailler autrement que d’autres équipes qui y participeront, notre planning n’est pas perturbé par les matches de championnat.

3 Tu as été président de l’association belge des entraîneurs. Tu peux me citer une seule réalisation concrète de cette association dont les membres s’étaient par exemple engagés à ne plus critiquer l’arbitrage ? On a l’impression que les coaches ne l’ont jamais autant critiqué qu’aujourd’hui !

Ce n’est pas tout à fait exact. On a dit à l’époque qu’on voulait tendre la main aux arbitres pour les aider. Je ne dis pas qu’ils l’ont refusée… mais ils ne l’ont pas acceptée… Ils préfèrent continuer à essayer de trouver les réponses eux-mêmes. Si je dois te citer une réalisation concrète, il y a les nouvelles opportunités que l’association donne aux entraîneurs belges en les profilant sur le marché international. Maintenant, elle reçoit chaque semaine des demandes de clubs étrangers pour des coaches de chez nous. C’est super important. Un jour, les gens reconnaîtront qu’on a créé quelque chose de très bien. Pour ce qui est de la présidence, je n’y suis plus et je me dis que je n’étais peut-être pas la personne idéale pour occuper ce poste, pour négocier des solutions avec le monde de l’arbitrage par exemple…

4 On te reprochait d’être excité en bord de terrain quand tu étais à Charleroi et à Bruges, maintenant tu passerais presque pour un ange à côté de Maes, Preud’homme ou Luzon. Ça te rassure ?

Je suis content que tu fasses remarquer que ce que je faisais, ce n’était pas si grave… J’ai sans doute évolué, on change avec les années, on prend de l’expérience et de la maturité. Mais ce que je faisais, c’était toujours dans l’intérêt de mon équipe. Je suis sûr qu’il y a des moments où ça aide les joueurs d’avoir un entraîneur qui s’exprime. Derrière mon coaching, il y a toujours une idée. Et je sais adapter mon style à l’endroit où je travaille. Je ne me comporte pas de la même façon à Charleroi, à Bruges et au Beerschot.

5 Preud’homme va peut-être réussir ce que tu n’as pas su faire : refaire de Bruges le champion de Belgique. Tu dis  » chapeau  » ou tu dis que l’époque actuelle et celle que tu as connue là-bas ne sont pas comparables ?

Je dis d’abord que j’ai vraiment envie que Bruges soit champion, je dis aussi chapeau. Et je confirme que les situations sont incomparables. Ce qu’il y a dans le moteur aujourd’hui et le matériel que j’avais à ma disposition, ça n’a rien à voir. Preud’homme est le premier à le reconnaître. Et il y a une autre grosse différence : on a demandé à Preud’homme d’être champion alors qu’on n’avait rien exigé de moi. C’est moi qui voulais le titre. Tout le monde savait que c’était une mission impossible, pourtant on a failli réussir. Beaucoup de gens n’ont pas compris à quel point c’était irréalisable, c’est injuste, c’est dommage mais c’est comme ça.

Jacky Mathijssen (51 ans) entraîne Oud-Heverlee Louvain depuis décembre 2014 après être passé à Saint-Trond, Charleroi, Bruges, Lokeren, Beerschot et Fostiras (D2 grecque).

PAR PIERRE DANVOYE

Jacky Mathijssen  » On a demandé à Preud’homme d’être champion avec Bruges alors qu’on n’avait rien exigé de moi. C’est moi qui voulais le titre. Tout le monde savait que c’était une mission impossible, pourtant on a failli réussir. « 

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