5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À GUY VANDERSMISSEN

Comme toi en 1982, Januzaj et Origi sont appelés pour la première fois chez les Diables juste avant une Coupe du Monde. Toi, tu avais directement joué (et gagné) contre l’Argentine championne du monde et tu avais disputé quatre matches en Espagne : tu es déjà sûr qu’aucun des deux ne fera aussi bien ?

Oui, je n’avais fait qu’une mi-temps en équipe nationale avant de partir en Espagne : un amical non officiel contre l’Ajax. Pour affronter l’Argentine, Guy Thys estimait que j’avais plus d’atouts physiques que Van Moer, il m’avait titularisé et j’avais bien bloqué Maradona. Donc, c’était assez logique que je reste dans l’équipe pour les matches suivants. Pas sûr que Januzaj et Origi connaîtront le même parcours au Brésil. Januzaj a le handicap que Wilmots a l’embarras du choix dans l’entrejeu. Et Origi, je m’attends à ce qu’il reçoive une chance dans un des matches amicaux, peut-être en association avec Lukaku. Wilmots a essayé une attaque à deux avec Lukaku et Benteke, ça n’a pas été concluant. Ça marchera peut-être mieux avec Origi et ça pourrait être une option dans une fin de match où il faudrait absolument marquer.

En 1982, on se demandait s’il fallait sélectionner Van Moer pour services rendus. Thys l’avait finalement repris. Ça veut dire qu’en ne reprenant pas Simons, Wilmots prouve qu’il est moins humain que Thys ?

Si on part du fait que Simons a toujours été dans les 18 pendant les qualifications, on peut être surpris qu’il ne soit plus dans les 23 pour le Brésil. Maintenant, il faut aussi voir qu’il n’a pratiquement pas joué. C’est logique que Wilmots donne la préférence à des joueurs susceptibles d’être sur le terrain. Et il y a une fameuse concurrence à sa place. Les cas de Van Moer et de Simons sont assez différents parce que Van Moer, lui, était un des acteurs de la qualification en 1982. Sa sélection ne se discutait pas.

Quand le responsable de la communication de Bruges tweete que Wilmots fausse peut-être la fin du championnat en ne reprenant pas Simons, il montre que notre foot est vraiment malade, que nos dirigeants ne sont pas beaucoup plus brillants que nos équipes et que les réseaux sociaux sont effectivement un danger ?

Tout cela est vrai. Facebook, Twitter et compagnie, ce n’est pas nécessairement un bien dans le monde du foot. On se laisse porter par ses émotions et le risque de dérapage n’est jamais loin. Si j’étais Wilmots, j’interdirais d’ailleurs tout cela au Brésil. Si on laisse ces outils aux joueurs, des petits trucs vont sortir, c’est presque inévitable. A quoi ça sert ? Et la pression amplifie tout. Certains la gèrent bien, d’autres l’appréhendent très mal. Je pense aux réactions de certains entraîneurs devant leur banc. Je constate que la pression est inversement proportionnelle à la qualité du jeu. Je n’ai pas vu de bons matches pendant les play-offs mais tout le monde s’exprime beaucoup et certains dérapent.

Roland Duchâtelet est un homme d’affaires aussi intransigeant que Roger Petit. Guy Luzon est un coach aussi excité que Raymond Goethals. Quand tu retournes à Sclessin, tu as un peu l’impression de retrouver le Standard de ton époque, le talent sur le terrain en moins ?

Ça n’a rien de comparable. Petit et Goethals avaient une expérience énorme alors que Duchâtelet et Luzon sont encore nouveaux dans le football. Je ne parle pas de leurs qualités mais de leur jeunesse. Comparer Duchâtelet à Petit, comparer Luzon à Goethals, c’est comparer des poires et des oranges ! Et pour ce qui est des acteurs sur le terrain… A mon époque, il y avait des personnalités comme Gerets et Haan !

Quel est l’état psychologique actuel de ton joueur Simon Mignolet qui a perdu le championnat d’Angleterre dans des circonstances plutôt dramatiques ?

Pourquoi Mignolet serait abattu ? Il sort d’une saison fantastique. Quand il est arrivé à Liverpool, l’équipe venait de terminer le championnat à la septième place. Maintenant, ils finissent deuxièmes, ils ont joué le titre jusqu’à la dernière journée, ils sont qualifiés pour la Ligue des Champions et il n’a pas raté une seconde en championnat. Le bilan de sa première année dans un grand club européen est extraordinaire. Il a pris quelques jours de congé et il est boosté à fond pour la Coupe du Monde. Qu’on ne s’inquiète surtout pas pour lui.

PAR PIERRE DANVOYE

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