5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À ENZO SCIFO

Quand on possède un CV tel que le vôtre, n’est-il pas décourageant de travailler dans un demi- stade ?

Enzo Scifo : Je suis d’abord content, et heureux, de pouvoir compter sur un tel vestiaire. L’effectif a avancé en s’appuyant sur le travail, ce que je mesure dans son attitude au quotidien. Il y a chez nous une notion de plaisir, rassurant pour l’avenir, mais qui pourrait être plus important dans une enceinte terminée. Les conditions de travail sont excellentes en semaine, tout le monde le reconnaît, mais le stade, c’est désolant. En match, je coache avec une tribune déserte devant moi. J’ai essayé d’expliquer qu’on ne pouvait pas progresser à long terme sans installations modernes. L’exemple vient de Gand qui accueillera de plus en plus de monde dans sa nouvelle arène. A Mons, comme mes dirigeants, j’ai l’impression que ce dossier n’avance pas et cela me déçoit, c’est vrai.

Pour coacher un jour Anderlecht ou le Standard, faudra-t-il que vous preniez la nationalité néerlandaise ou israélienne ?

Méchante question. Même si j’ignore de quoi demain sera fait, donc dans quels clubs je travaillerai plus tard, une telle hypothèse ne se posera jamais. Je suis persuadé qu’il y a beaucoup de très bons entraîneurs en Belgique. Et certains d’entre eux n’ont pas de travail pour le moment. Je respecte tous les coaches, y compris bien entendu les techniciens étrangers qui nous offrent leur façon de voir les choses. Si plus tard, je reçois une offre valable d’un club étranger, je tenterai aussi ma chance. En Belgique, tout le monde a envie de coacher Anderlecht, le Standard ou le Club Bruges mais pour le moment je suis bien à Mons.

N’auriez-vous pas préféré engager un artiste à la place de tous ces bons ouvriers anonymes qui jouent à l’Albert ?

J’ai un effectif sain. La mentalité est positive et c’est primordial à mes yeux. Sans bons ouvriers, comme vous dites, un club comme le nôtre n’est rien. Il faut trouver des joueurs auxquels personne ne pense, abordables pour le plus petit budget de D1, et progresser. Comme ce fut le cas avec Jérémy Perbet : il a prouvé que Mons peut être une rampe de lancement. Il convient d’ adhérer à notre projet, à notre philosophie. J’en ai encore parlé avec Aloys Nong. Vous savez, s’il avait voulu partir, je ne l’aurais pas retenu. Mais le fait d’être confronté à un peu plus de concurrence le bonifiera encore, j’en suis convaincu. Shlomi Arbeitman, j’ai appris à l’apprécier et il a le bon profil pour nous. J’ai aussi discuté avec Benjamin Mokulu qui a préféré l’offre de Malines. Pour Dalibor Veselinovic, que je voulais à Mouscron, le style de jeu de Mons ne lui convient pas. Quand Mons aura les moyen d’engager un artiste, il devra revêtir son bleu de travail ou il ne jouera pas.

Le Top 6 sinon rien ?

Je ne veux surtout pas être prétentieux. Nous avons frôlé les PO1 la saison passée. Je n’ai pas envie de courir avant de savoir marcher. On verra ce que le championnat nous apportera dans ses réalités. On peut rêver mais je me dis qu’il serait déjà bien de répéter le même parcours qu’en 2012-13. S’il y a plus à prendre au bout du chemin, on ne se gênera pas. L’essentiel se situe cependant ailleurs : Mons devient une valeur stable de la D1.

Michel Preud’homme et Eric Gerets nous cassent les pieds en affirmant qu’ils rêvent de coacher un jour les Diables Rouges : vous pas ?

D’abord : – Chapeau Marc Wilmots. Il m’épate par son discours ; ses choix, sa vision et son travail. Ce renouveau appartient à Wilmots qui prouve qu’on doit faire confiance aux jeunes coaches. Les livres et les diplômes, c’est bien mais rien ne vaut l’envie, l’ambition et le travail. J’espère que cette génération ajoutera de grands résultats à ses talents au Brésil. Personne ne refuserait de succéder à Marc.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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