5 questions pour un champion ?

Alors qu’il est en stage en Autriche depuis hier, le Standard nouvelle mouture, avec un nouveau président et entraîneur, soulève la curiosité.

Alors que le Standard mène une préparation sans faute (quatre matches, quatre victoires) en toute sérénité depuis la reprise du club, tout le monde se demande ce que vaut cette équipe désormais drivée par Slavo Muslin. Sport/Foot Magazine tente de répondre aux principales questions que l’on se pose, à moins de dix jours de la reprise.

Quelles furent les premières décisions de Bruno Venanzi ?

Son arrivée à la tête du Standard a rafraîchi le club. Bruno Venanzi connaît une forme d’état de grâce. Tout le club retrouve de la fierté et de l’ambition. Quant aux instances extérieures, elles apprennent à connaître le nouvel homme fort de Sclessin. De l’aveu même du président, sa première tâche a été… de répondre aux médias.

Son arrivée a suscité la curiosité et il a dû faire face à une avalanche de demandes médiatiques. Il a ensuite pensé à la nouvelle organisation interne qu’il dévoilera lors du stage en Autriche. On sait déjà que Bob Claes, actuellement directeur commercial, occupera le poste de directeur général.

Très discret, il devrait laisser la visibilité au président et au directeur technique, Axel Lawarée. Ce dernier va passer d’un rôle de conseiller sportif à celui de directeur sportif, devenant responsable de toute la politique sportive. Cette nouvelle structure vise  » à remettre de la cohésion au sein du management « , de manière à ce que les rouages du club soient mieux huilés et le fonctionnement plus collectif.

Roland Duchâtelet avait l’habitude d’être l’unique décisionnaire, les autres dirigeants n’étant généralement que des exécutants. En agissant de la sorte, Bruno Venanzi veut valoriser les ressources internes et favoriser le travail en équipe.

Bruno Venanzi s’est également attelé à  » rebâtir des relations saines et constructives avec les différentes instances « . Là aussi, il rompt avec la politique du seul-contre-tous instaurée par Duchâtelet qui avait fini par se mettre à dos la majorité du monde du foot belge, agents comme dirigeants des autres clubs.

Mais Venanzi ne s’est pas contenté de sourire. Il s’est montré très ferme sur certains dossiers (la plainte à la FIFA contre Al Arabi dans le dossier Paul-José Mpoku ou le dossier Imoh Ezekiel où il n’a pas voulu céder). Il a également décidé de lancer un message aux jeunes de l’Académie en portant plainte contre l’Inter Milan et les parents du jeune Zinho Vanheusden. Première étape pour limiter la fuite des talents.

Enfin, la tâche la plus importante qui l’occupe demeure le mercato. C’est pour pouvoir le mener comme il l’entend qu’il a accéléré la reprise du club. Il estime son noyau beaucoup trop large. Il veut le renforcer mais surtout l’élaguer. L’idée est de commencer le championnat avec près de 90 % du noyau définitif. Là aussi, il tranche avec la stratégie de Duchâtelet qui guettait avant tout les bonnes affaires, estimait toujours que ce qu’il avait sous la main suffisait, avant de plier dans les dernières heures du mercato.

L’année passée, le Standard a abordé les qualifications préliminaires de la Ligue des Champions avec un noyau loin d’être complet. Et Guy Luzon a été obligé, lors des premiers matches de championnat, de lancer des jeunes pas encore prêts pour les batailles de la D1 (ils ont d’ailleurs tous disparu de la circulation au fur et mesure de la saison).

Le mercato est-il bien avancé ?

Oui. Et il a été fait avec rapidité et intelligence, ce qui tranche avec les années précédentes. Le Standard savait qu’il allait devoir s’atteler à une refonte de son secteur offensif puisqu’Imoh Ezekiel n’était que prêté (et n’avait que peu de chances de rester) et que le club avait promis à Igor de Camargo qu’il pouvait avoir son bon de sortie après lui avoir refusé son départ pour Al Arabi en février.

De Camargo est parti à Genk et a été remplacé par Ivan Santini qui évolue dans le même registre mais a l’avantage d’être plus jeune. Et depuis un mois, le club liégeois tente de dénicher un nouvel attaquant et de convaincre Mohamed Yattara qui joue à Lyon. Si le deal se fait, le secteur offensif sera couvert.

Dans l’entrejeu, le départ de Mehdi Carcela a été pallié par l’arrivée d’Anthony Knockaert qui a séduit lors de la préparation. Reste la question Geoffrey Mujangi Bia qui a crié haut et fort ses envies de départ mais qui reste toujours en cale sèche à Sclessin. Cela ne l’empêche pas d’être motivé, lui qui a inscrit neuf buts lors de la préparation.

Pour le reste, le Standard a réalisé un bon coup en attirant deux jeunes espoirs du Lierse, Ahmed El Messaoudi et Faysel Kasmi, 19 ans, très courtisés, avec une petite connaissance du championnat. Ces deux joueurs sont pétris de talent mais doivent encore acquérir davantage d’expérience.

Quant à la défense, bien rodée, elle n’a pas été touchée. Dans l’ensemble, seuls les départs d’Ezekiel et de Carcela constituent une réelle perte, De Camargo ayant été remplacé par un joueur du même acabit (si pas meilleur).

Legear peut-il faire oublier Carcela ?

 » Carcela est un enfant de la maison, un chouchou, un garçon dont j’ai appris qu’il était apprécié par tout le monde dans le club « , lâche l’entraîneur Slavo Muslin.  » Mais j’ai l’habitude des bons joueurs qui partent à des moments qui ne m’arrangent pas nécessairement, c’est la vie d’un entraîneur. Le Standard est mon 19e club, et des départs importants, j’en ai connu un paquet. Je n’ai pas été surpris par le départ de Carcela, Roland Duchâtelet et Venanzi m’avaient prévenu, dès nos négociations, qu’il risquait fort de quitter le Standard. Ils m’ont dit qu’ils avaient le devoir de tenir leur club d’un point de vue financier et qu’ils analyseraient toutes les bonnes offres.  »

Dans un bon jour (et quand il était épargné par les blessures), Carcela était le meilleur joueur du championnat.  » J’aimais bien son style « , renchérit Muslin.  » C’est un joueur rapide, un vrai joueur de couloir, il était souvent dangereux quand il rentrait dans le jeu et se mettait sur son pied gauche. Il savait dribbler, marquer, régler des problèmes tout seul.  »

Pourtant, l’entraîneur du Standard ne s’en fait pas trop et estime que des solutions de remplacement existent.  » Il y a Knockaert, Legear. Ou peut-être que le départ de Carcela va permettre à un jeune de se révéler. Par exemple Beni Badibanga. Il a des qualités extraordinaires. Maintenant, il doit comprendre qu’il faut aussi travailler, que le talent ne suffit jamais si on n’y ajoute pas une très grosse dose de boulot au quotidien.  »

Le nom de Jonathan Legear est lâché. Lors de la préparation, il a montré qu’il était affûté et qu’il n’avait rien perdu de ses qualités. Il semble également animé d’un bon esprit. Lui, Liégeois pur jus, peut devenir la nouvelle idole de Sclessin. Muslin sera-t-il l’homme qui va le relancer ?

 » J’espère que je vais y parvenir. Je ne sais pas pourquoi ça ne marche pas pour lui depuis autant de temps. Je ne dis pas que ses entraîneurs ne lui ont pas fait confiance parce que je n’en sais rien. Je ne dis pas qu’il n’a pas tout fait pour revenir parce que je n’en sais rien. En tout cas, pour l’instant, ça marche bien. Il est irréprochable, partout : sur le terrain à l’entraînement, en match, en dehors du terrain.

Je vois qu’il fait des efforts à tous les niveaux, il est pro à 100 %, rien à redire. Je n’ai aucun souvenir de lui avec Anderlecht, par contre je l’ai vu quelques fois avec le Terek. Il ne jouait pas beaucoup, mais comme je visionnais tous les matches de la D1 russe, je l’ai forcément aperçu de temps en temps. Et ce que j’ai vu de lui, ça me plaisait.  »

Y a-t-il de la place pour les jeunes ?

Bruno Venanzi en faisait une priorité lors de la reprise. Pourtant, cela ne sera pas chose aisée cette saison. D’abord parce que le Standard avait 45 joueurs sous contrat lors de la reprise. Il faut donc dégraisser, sans oublier de remplacer les titulaires partis et de saisir les bonnes occasions (comme les deux Lierrois).

Cela ne fera pas que des heureux parmi les jeunes. On l’a déjà vu avec Reda Jaadi, qui avait prolongé son contrat en mars et qui a finalement été retiré de la liste des joueurs qui partiront en stage. Le joueur, barré par Kasmi et par Denis Milosevic comme numéro deux au poste de médian offensif, a compris le message et il cherche un club en prêt ou un transfert définitif.

Même chose pour Tortol Lumanza qui peut se chercher un club. Depuis l’arrivée de El Messaoudi, Lumanza n’est plus que le troisième choix (voire le quatrième car Julien de Sart peut également occuper ce poste) à la position de médian défensif derrière Eyong Enoh. Achraf Achaoui semble également se situer dans une impasse.

Mais cela ne veut pas dire qu’aucun jeune ne sera concerné par le noyau A. Ils sont tellement à postuler au noyau A que les échecs sont monnaie courante mais il faut aussi souligner les noms de ceux qui devraient poursuivre avec les pros. L’attaquant Ryan Mmaee a fait bonne impression durant la préparation ; son frère, Samy pourrait également continuer dans le noyau.

Alexis de Sart, le frère de Julien, est également concerné. Tout comme Badibanga que Muslin apprécie. Si ces quatre-là arrivent, dans un noyau encore étoffé, à grappiller des minutes de jeu, on pourra alors louer cette nouvelle politique tournée vers l’Académie.

Quelle sera la griffe Muslin ?

Il a surtout apporté de la discipline lors des trois premières semaines de préparation. Les joueurs en ont bavé – certains ont même vomi durant les séances – et ont paru émoussés lors du dernier match amical face à Virton (victoire 1-2). Normal après une telle charge de travail. Le stage sera moins ardu, de manière à aborder de manière optimale la reprise du championnat. Les départs de De Camargo et Ezekiel ont modifié le système.

 » Ils permettaient au Standard de jouer en 4-4-2 parce qu’ils étaient complémentaires « , explique Muslin.  » Igor De Camargo savait garder le ballon, dos au but, et Ezekiel était redoutable dans la profondeur. Mon système actuel est différent, c’est un 4-3-3 parce que j’ai un Santini qui, avec sa taille et son jeu de tête, est capable de jouer tout seul devant.

Le 4-3-3 est le système que je préfère, mais il ne faut pas non plus être têtu, il faut pouvoir s’adapter aux qualités de son groupe. Quand on m’a dit qu’il n’était pas exclu qu’Ezekiel reste finalement, j’ai directement imaginé une autre disposition au cas où ça se serait conclu. Il faudrait être fou pour ne pas utiliser systématiquement un joueur comme lui, évidemment. On aurait pu passer en 4-4-2 ou en 4-4-1-1.  »

L’entraîneur serbe du Standard aime l’offensive. Cela s’est vu en préparation et lorsqu’il entraînait Lokeren. Il faut dire qu’il va chercher l’inspiration auprès des meilleurs du genre.  » C’est surtout Cruijff qui m’a inspiré. Je suis un supporter de Barcelone depuis très longtemps. Mon tout dernier match avec l’Etoile Rouge, je l’ai joué au Nou Camp, c’était le jubilé de Carles Rexach en 1981.

Après ça, chaque fois que je pouvais avoir des infos sur le Barça, je prenais. Aujourd’hui, je suis admiratif face au travail de Guardiola, c’est la même école que Cruijff (jeu en une touche, beaucoup de mouvement, intelligence dans les placements et les déplacements). Et je suis aussi de près les méthodes de Klopp, même si elles sont assez différentes.  »

PAR PIERRE DANVOYE ET STÉPHANE VANDE VELDE PHOTOS BELGAIMAGE

 » Venanzi s’attelle à renouer des relations saines avec toute une série de gens.  »

 » Pour l’instant, Legear est irréprochable partout. Il est pro à 100 %. Rien à redire.  » Slavo Muslin

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