3e grand tour

Menchov, le tsar de l’irrégularité.

Par Loes Qeuens

Les dirigeants de Rabobank se sont rongé les ongles mais Denis Menchov a résisté au Blockhaus et au Vésuve. Ensuite, le bref contre-la-montre final à Rome n’était plus qu’une formalité. Dimanche dernier, à 31 ans, le Russe a donc remporté son premier Tour d’Italie. L’année précédente, lors de sa première participation, il avait terminé cinquième.

Menchov, dont les commentaires se limitent généralement à oui ou non, a donc trois grands tours à son palmarès puisqu’il s’est adjugé la Vuelta en 2005 et en 2007. Il n’a été sacré vainqueur de la première qu’en novembre, après que Roberto Heras avait été contrôlé positif à l’EPO. C’était la première année chez Rabobank du Russe, qui avait été le poulain de José Miguel Echavarri, l’homme qui avait fait la grandeur de Miguel Indurain chez Banesto. Suite à un refroidissement, son premier grand tour sous le maillot de l’équipe néerlandaise tourna à la catastrophe : Menchov termina 85e.

Depuis, il s’est ressaisi. Sa victoire au Tour d’Espagne, quelques mois plus tard, semblait confirmer sa percée définitive. En 2006, on attendait beaucoup de lui au Tour même s’il n’avait pas fait mieux que la onzième place en 2003, classement synonyme de maillot blanc. Grâce au travail impressionnant de Michael Rasmussen et de Michael Boogerd, Menchov gagna l’étape de Pla de Beret et termina cinquième au classement général, sans susciter un enthousiasme excessif chez Rabobank.

La Vuelta 2006 tourna à la catastrophe. Menchov fut sacré vainqueur de l’édition précédente pendant la présentation des équipes. Ensuite, Danilo Di Luca le largua dans la première étape de montagne. Epuisé mentalement et physiquement, Menchov ne prit pas le départ de la onzième étape.

Au Tour 2007, Rasmussen révisa ses ambitions, visant le maillot vert plutôt que le classement de la montagne. Menchov dut se résoudre à jouer les équipiers, ce que le Russe fit la mort dans l’âme. On connaît la suite : quatre jours avant la fin du Tour, Rasmussen fut exclu par son propre manager et le lendemain, Menchov abandonna.

Un mois plus tard, pourtant, Menchov triompha à nouveau à la Vuelta. Il se joua de l’opposition de Carlos Sastre, Samuel Sánchez et de Cadel Evans, reprit le maillot de leader à Stijn Devolder au terme de la neuvième étape, gagna l’étape reine d’Arcalis et conserva la tunique amarilla jusqu’à Madrid, s’adjugeant aussi le classement de la montagne et le combiné.

L’année dernière, Menchov a découvert le Giro en guise de préparation au Tour. Officiellement, il est quatrième mais il va monter sur le podium, un an plus tard, puisque Bernhard Kohl a été déclassé pour dopage. Une fois de plus, donc, il reçoit son dû sans pompes. C’est la tragédie du tsar de l’irrégularité.

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