30 assists en deux ans !

Le médian de Zulte Waregem, après avoir galéré, découvre le top belge en signant au Standard.

On mesure souvent l’impact d’un joueur… au vide qu’il laisse. A Zulte Waregem, Franck Berrier officiait comme chef d’orchestre. Sa blessure a conduit le club flandrien au chômage technique. Car, si les hommes de Franky Dury se sont qualifiés pour les playoffs 1, ils étaient déjà cuits.

Sans Berrier, blessé aux ligaments croisés du genou droit… contre le Standard dans un contact avec Koen Daerden, Zulte Waregem n’a jamais trouvé la parade.  » Il faut se mettre à notre place « , explique Dury.  » On a dû batailler jusqu’au bout pour obtenir notre ticket dans les playoffs 1. Cela a pompé de l’énergie. Et on se retrouve à devoir affronter les meilleures équipes du pays, privés de notre meilleur joueur. On n’a pas eu le temps de réfléchir à des alternatives. Ce n’est qu’à la fin des playoffs, contre Bruges et Saint-Trond qu’on a retrouvé notre organisation. Maintenant, on a six semaines pour remplacer Berrier. On aura sans doute un autre style la saison prochaine.  »

Autant son transfert inquiète Zulte Waregem, autant il intrigue le Standard. En Flandre, il était le patron, l’idole et le sauveur. A Sclessin, il devra encore faire ses preuves. Ses 30 assists et deux saisons pleines en Belgique ont convaincu les dirigeants du Standard mais pas encore les fans qui s’inquiètent des départs en cascade.  » Ils ont raison « , explique Marc Degryse,  » Beaucoup de joueurs doivent être transférés. L’arrivée de Berrier est un bon signe de la part du club mais le mercato ne doit pas s’arrêter là. Sur les qualités de jeu de Berrier, je ne me fais pas de souci. Je l’ai vu réaliser des prestations éblouissantes cette saison. Contre Bruges, il a été exceptionnel. Il n’avait pas perdu un ballon ! Sa vista et son niveau technique collent au Standard. Je pense aussi que physiquement, il va récupérer assez vite de sa blessure. Mais c’est au niveau mental que réside l’inconnue. Au Standard, il va devoir s’adapter à la concurrence d’un grand club « .

Formé à Rennes, lancé à Caen sous la houlette de Patrick Rémy, Berrier semblait destiné à un destin anonyme en National française. Jusqu’à son transfert à Zulte Waregem en 2008. L’histoire de ce recrutement plus que réussi, ou la revanche des paysans ( boeren, surnom des supporters de Zulte Waregem) sur les bourgeois courtraisiens, est désormais connue. Visionné par Courtrai, sous le charme, il finira finalement chez le voisin honni.

La faute à Eddy Mestdagh, scout de Courtrai, passé avec perte et fracas à Zulte Waregem en février 2008 et qui s’empressa de renseigner à ses nouveaux employeurs le nom en tête sur son calepin.  » Je ne comprends pas pourquoi Courtrai n’a pas saisi cette chance « , se remémore Dury,  » Lorsque Mestdagh nous l’a renseigné, on pensait que Courtrai avait pris un coup d’avance. On s’est assuré que notre voisin n’en voulait pas et on a commencé les négociations avec son agent. L’année suivante, Courtrai prenait sa revanche en se montrant plus convainquant que nous dans le prêt de Christian Benteke.  »

 » Quand on possède un tel joueur, on fait tout pour le garder  » (Dury)

Celui que l’on compare à Frank Ribéry pour son parcours, ne lui ressemble guère en dehors du terrain. Ni strass, ni paillette. Berrier ressemble à monsieur tout le monde. Pas de vagues, soirées télé avec madame, bref notre voisin de palier.  » Il est trop modeste. Il devrait plus afficher ses ambitions « , tempérait cependant il y a un an, Hein Van Haezebrouck.

Sur le terrain, il régale tout son monde.  » 30 assists en deux ans. Qui peut en dire autant ? « , argumente Dury.  » Cette année, il y avait le couple Boussoufa-Lukaku et juste après, venait le couple Chevalier-Berrier. Franck, c’était un peu le Boussoufa de Zulte Waregem.  »

Blessé, il semblait devoir faire une croix sur un futur transfert. Jusqu’à ce que le Standard s’empare du dossier. Le calme va découvrir l’enfer. Pas grave, il rêvait quand même de Marseille. Il aura finalement le petit cousin belge. Une frénésie bien éloignée des vertes prairies des Ardennes flamandes.

Si le Standard a su surprendre et s’engouffrer dans la brèche, il n’était pas le seul à frapper au portillon.  » Ce n’est parce qu’il est blessé que le Standard constituait la seule option « , explique le directeur général de Zulte Waregem, Vincent Mannaert.  » Il y avait également de l’intérêt concret de Cologne, ainsi que quelques touches de clubs allemands et français.  »

Pourtant, Zulte Waregem tenait à le conserver. Il y a quelques semaines, Dury jouait l’esbroufe en disant que Berrier n’était pas encore prêt pour le Standard.  » Il faut me comprendre : quand on possède un tel joueur dans son noyau, on fait tout pour le conserver. Aujourd’hui que le transfert est effectué, je dois bien admettre qu’à 26 ans, il s’agissait du bon moment pour partir. Et le Standard constitue le bon choix : le club ne sera pas européen et va tout miser sur le championnat et la Coupe de Belgique. « 

Mental à toutes épreuves

Reste désormais à savoir à quelle position. Dans l’axe, il rentrerait en concurrence avec Axel Witsel et Steven Defour. A droite, la mauvaise saison de Wilfried Dalmat (et son départ ?) lui laisserait de la place. Position qu’il connait bien puisque c’est là que Dury l’a lancé.  » C’est un joueur très intelligent, très polyvalent et très ambitieux « , continue Dury.  » C’est l’élément dont tout entraîneur rêve car il se montre à l’écoute des consignes. Sur le terrain, quand il voit que c’est bouché à droite, il change de côté ou repique vers le centre. Il peut évoluer dans une position plus reculée ou plus avancée, il sait s’adapter. Quand il joue plus bas, il sait donner des passes de 30 mètres, des deux pieds et quand il joue plus haut, il peut amener du danger dans la surface grâce à des combinaisons plus petites. Il peut également jouer sur les flancs. Que ce soit à gauche ou à droite, il sait faire des passes des deux pieds. Je pense qu’il a la meilleure vista de Belgique. Il sait basculer le jeu quand il faut ou donner de l’air à la défense quand l’équipe est sous pression. Physiquement, avant sa blessure, il était très fort. Jamais blessé, jamais aux soins, toujours à l’entraînement. Il se soigne et vit comme un pro. Son mental constitue également sa force. La première saison, il est resté sur le banc les premiers mois mais a su saisir la première opportunité qui s’est offerte à lui. Autres forces : ses coups francs et ses corners grâce à sa technique de frappe. Il a également un sens aigu du collectif.  »

Au Standard, on ne s’en cache pas. On a pris le package complet.  » Ce qu’il a démontré ces deux dernières années prouve qu’il a du talent « , explique Dominique D’Onofrio.  » De plus, il a 26 ans. Il va donc nous apporter sa maturité et son vécu. Il a franchi un palier en quittant la France et j’espère qu’il en franchira encore un en venant au Standard. Sa polyvalence nous plaît beaucoup. Comme son intelligence de jeu et sa spécialité, les coups de pieds arrêtés. Il peut servir d’alternative dans l’axe ou à droite où il ne faut pas oublier Witsel et Reginald Goreux. De plus, il a un état d’esprit irréprochable. C’est un leader sur le terrain. Et nous en aurons besoin !  » l

Je pense qu’il a la meilleure vista de Belgique. (Franky Dury)

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