3. PSV Eindhoven

Les Hollandais sont sous pression dans tous les domaines.

Site officiel : http://www.psv.nl

17 x champion des Pays-Bas

12 Coupes des Pays-Bas

6 Supercoupes

C1 en 1988

C3 en 1978

La direction

Le président du PSV, HarryvanRaaij, espère en être à sa dernière saison. Celle-ci est assombrie par rien moins qu’une affaire de pédophilie. Son directeur commercial, FonsSpooren, devenu son bras droit avait un sordide penchant pour les mineurs et il a été arrêté.

Harry van Raaij espère opérer le bon choix entre trois candidats à la succession de Spooren, avant de chercher un directeur financier, car jusqu’à présent, le PSV s’est appuyé sur le triumvirat Van Raaij- Arnesen-Spooren. Le président espère ainsi conférer une assise solide au club avant d’y effectuer ses adieux. Il espère également convaincre GuusHiddink de passer du terrain au bureau. Il voit en lui le directeur technique idéal, le supérieur hiérarchique de Frank Arnesen, le chef des achats et des ventes. Il aurait aimé conserver EricGerets mais les huit joueurs, qui avaient exprimé leur perte de confiance en l’entraîneur, avaient contraint Van Raaij à se séparer de lui.

Van Raaij, un ancien comptable de Philips, le géant de l’électroménager, a d’abord été directeur financier du PSV. Devenu président, il s’est surtout distingué par son vibrant plaidoyer en faveur de l’Atlantic League. Un discours trop souvent répété et donc lassant d’après certains commentateurs, qui apprécient pourtant sa vision. Si CoAdriaanse, l’ancien entraîneur de l’Ajax, l’a un jour traité de lampe parlante, on ne peut nier les faits : c’est sous sa direction que le PSV a connu ses plus grands succès. C’est pour cela que lorsque le PSV a obtenu le titre, la saison passée, les joueurs se sont effacés afin qu’il brandisse le trophée en premier.

Les vedettes

MatejaKezman n’a pas seulement le flair extrasportif d’une vedette (il a enregistré un CD en Serbie & Monténégro), l’ancien joueur du Partizan Belgrade a aussi marqué 35 buts lors du dernier championnat, contre 15 l’exercice précédent. C’est grâce à GuusHiddink que Kezman s’est re-distingué sur le plan sportif. Celui-ci aimait à répéter : – I work like an animal « , des mots que l’entraîneur n’appréciait guère. Hiddink a interdit aux médians de passer le ballon à Kezman quand celui-ci redescendait trop dans le jeu. L’entraîneur estimait que l’avant devait épargner ses forces et laisser le travail préparatoire aux autres, comme aux ailiers Robben et Rommedahl. Kezman a obéi, il est devenu plus rapide et plus dangereux. Si bientôt, on le flanque du Sud-Coréen Park, dans le rôle de second avant, nul ne doute que Kezman continuera à marquer facilement. Du moins s’il reste au PSV…

Le même point d’interrogation suit le nom de MarkvanBommel, un médian polyvalent qui évolue au PSV depuis 1999. Profondeur, vista dans l’entrejeu, il est capable de commettre des fautes vicieuses et est doté d’un tir parfait du droit. Ces qualités le rendent indispensable à l’équilibre de l’équipe, même si les analystes WimKieft et WillemvanHanegem pensent que sa faiblesse du gauche l’incite à trop jouer à droite. L’intéressé rétorque :  » Pourquoi devrais-je jouer du gauche alors que je suis capable de tout avec mon pied droit ? »

RonaldWaterreus est une vedette de l’ombre. Il sait jouer des deux pieds et relance parfaitement. Si le gardien laisse généreusement les feux de la rampe à Kezman et à Van Bommel, il imprime sa marque sur le groupe de manière très nette, grâce à son expérience et sa personnalité. Si Kezman chante, disons que Waterreus et Van Bommel donnent le la.

L’entraîneur

Un exemple pour décrire Guus Hiddink : lors de son engagement, en 2002, il a procédé à une évaluation du noyau. En Ligue des Champions, au bout de 20 minutes, il a remplacé JohannVogel, un international suisse qui avait été une valeur sûre sous Gerets et qui avait tout joué pendant trois ans. Il a remis ça dans plusieurs autres rencontres. Hiddink ne supporte pas les joueurs qui n’apportent pas ce que leurs qualités leur permettraient d’exprimer et il n’hésite pas à le faire savoir aux journalistes, comme l’ont expérimenté le Brésilien Leandro et le Danois Rommedahl. En fait, Hiddink s’énerve dès que le club risque de devenir trop calme. L’ancien sélectionneur maintient son noyau affûté et concentré. Il n’a pas une politique bien définie et préfère traiter chaque joueur de la façon qui le motivera le mieux. Compte tenu de sa future promotion au poste de directeur technique, il abandonne de plus en plus le travail de terrain à ErwinKoeman et FredRutten.

Joueur, Hiddink a défendu à 30 reprises les couleurs du PSV en championnat. Au bout d’une saison et demie, il est retourné à De Graafschap. Sa carrière l’a ensuite conduit au NEC, aux Washington Diplomats et aux San Jose Earthquakes. En 1983, il est devenu entraîneur adjoint à Eindhoven. Devenu entraîneur en chef durant la saison 1987 il a remporté trois titres nationaux d’affilée, une performance qui n’a pas échappé au monde extérieur. Les clubs étrangers se sont précipités pour obtenir ses services. Hiddink a successivement choisi Fenerbahçe, Valence, l’équipe nationale des Pays-Bas, le Real Madrid et l’équipe nationale de Corée du Sud.

Ce n’est pas un palmarès dédaignable pour un homme qu’on prétendait paresseux quand il entraînait les Pays-Bas. Son palmarès lui donne raison : Hiddink a été champion des Pays-Bas à quatre reprises avec le PSV, il a remporté la Coupe des Clubs Champions en 1988. Avec le Real, en 1999, il a gagné la Coupe du Monde des Clubs. Enfin, il a propulsé la Corée du Sud en demi-finales du dernier Mondial.

La formation

Voilà le talon d’Achille du Philips Sport Vereniging. Romario, Ronaldo, VanNistelrooy, Gullit, Koeman, Nilis, Gerets… : Le PSV, réputé être bon payeur, n’a jamais éprouvé de difficultés à enrôler des vedettes, ce qui complique l’émergence des jeunes en équipe fanion. Le dernier à avoir franchi ce cap avec quelque succès est WilfredBouma, un défenseur convenable mais manifestement pas très convaincant, puisqu’il a déjà été loué au MVV à deux reprises puis au Fortuna Sittard.

En ces temps où la formation des jeunes est plus importante que jamais, le PSV enrage de voir Feyenoord et l’Ajax faire éclore un talent après l’autre. Sur l’insistance de Guus Hiddink, le PSV a nommé JoopBrand à la tête de son école des jeunes. Cet entraîneur jouit d’une bonne cote aux Pays-Bas en matière de formation. Ceci dit, en quatre ans, le PSV a déjà usé quatre personnes à ce poste. Si Brand réussit, le PSV tirera enfin profit des nombreux jeunes qu’il a recrutés un peu partout, en Belgique et aux Pays-Bas jusqu’à Groningue. Pour l’heure, il doit louer 12 joueurs, dont certains ont été formés à Eindhoven, car il ne parvient pas à libérer des places dans son noyau A, à cause de la paralysie du marché. Cependant, un club qui parvient à vendre Ruud Van Nistelrooy à Manchester United pour environ 30 millions d’euros est capable de maintenir un train de vie élevé, même sans investir beaucoup dans ses jeunes.

Le public

S’il fallait faire une caricature du supporter moyen, on montrerait un homme portant chapeau, un parapluie au bras, qui regarde sur un écran géant les matches à domicile du PSV. Les clubs visiteurs appellent le stade du PSV le cinéma-PSV, la voix teintée de mépris. Si le public de Feyenoord et de l’Ajax applaudit et hurle, il semble que le PSV n’attire que des gens bien. Il est vrai qu’il est implanté dans un beau quartier, au pied de l’ancienne usine d’ampoules.

Le PSV n’attire pas de lointains supporters : ils viennent du Brabant néerlandais, voire de Belgique. Malgré ses 28.000 abonnés, le stade de 35.000 places est rarement comble. Eindhoven ne compte que 200.000 âmes, contre 600.000 à Rotterdam et 735.000 à Amsterdam. Cette moindre densité de population a toujours limité l’assistance et a valu au PSV le surnom de Provinciale Sport Vereniging. Il faut dire qu’en plus, le PSV n’est soutenu que par 14.000 supporters officiellement enregistrés et regroupés dans deux grands clubs de supporters, alors que l’Ajax et Feyenoord comptent respectivement 65.000 et 30.000 supporters officiels. Pour sa défense, le PSV explique que 8.000 de ces supporters sont extérieurs au périmètre défini par Weert, Tilburg, Helmond et Den Bosch et que, comparativement, le PSV a donc autant de supporters que ses rivaux, en dehors de sa ville. On tait sagement le déménagement de la direction de Philips à Amsterdam.

Le supporter le plus connu du PSV est le cabaretier TheoMaassen, qui a avoué pendant un programme de la NOS qu’il avait volé la Coupe UEFA remportée par le PSV en 1978. Le trophée avait été prêté pendant trois ans et un trimestre comme accessoire pour une série télé et avait disparu sans traces. Pour prouver ses dires, pendant l’émission, un Maassen hilare a extirpé le trophée de son sac de sport !

Le stade

Au contraire d’autres clubs, le PSV a toujours joué dans le même stade, situé Frederiklaan à Eindhoven. La rue porte le nom d’un des enfants du fondateur. Le stade Philips lui-même reste lié au fabricant. L’équipe de football a été créée en 1913, parmi les 19 disciplines du Philips Sport Vereniging. Elle partageait le Sportpark avec les autres sports. C’est notamment grâce au soutien de l’entreprise que le PSV est devenu le premier club néerlandais à évoluer en coupe d’Europe, dans les années ’50.

Le complexe a subi ses transformations les plus marquantes entre 1969 et 1977 : la forme ovale des années ’40 a été transformée en rectangle en quatre phases. Au bout de dix ans, la tribune principale, dont le béton avait rouillé, a dû être démolie. Ce fut le début d’une nouvelle ère : le PSV en a profité pour rompre l’hégémonie de l’Ajax et de Feyenoord sur le plan sportif mais aussi en matière d’infrastructures. Ce n’est pas sans fierté qu’en 1988, le PSV a inauguré face à l’AC Milan la nouvelle tribune de trois étages, avec une promenade, des loges et des suites de luxe. Cette perle architecturale a coûté l’équivalent de 20 millions d’euros que le PSV a payés lui-même, puisqu’il s’était financièrement détaché de Philips. En 1992, de nouveaux aménagements ont offert au club 30.000 places assises chauffées.

Le stade compte actuellement 36.500 places, car la saison passée, toujours avec ses propres ressources, le club a comblé les coins du stade. Les places assises sont chauffées, il y a deux promenades couvertes, un centre de fitness, un foyer des supporters, 51 Business Rooms, huit Business Appartments, 12 Sponsorloges, trois restaurants de première classe, un centre de réunion et de congrès complètement rénové et un magasin.

Les joueurs s’entraînent à Herdgang, un complexe de cinq terrains qui comporte aussi un fitness, à cinq kilomètres au nord du stade. La pelouse de ce stade est d’ailleurs dotée d’un système ultra performant de chauffage, d’aération, de drainage et d’arrosage.

Le business

Deux importants sponsors du PSV se sont trouvés à Eindhoven, puisque Nike et Philips ont lancé ensemble un mini-walkman sur le marché. Nike, qui vient de prolonger son méga contrat de cinq ans au PSV, s’occupe du marketing tandis que Philips a apporté sa connaissance technologique. On s’attend à ce que d’autres initiatives de ce genre suivent mais il y a peu de chances que Guus Hiddink y soit associé. C’est Philips qui a attiré le sélectionneur de la Corée du Sud au Brabant mais les contrats que Hiddink a conclus dépassent largement ce que l’entreprise néerlandaise peut lui offrir. La relation de Hiddink avec Philips se limite donc à des incentives sportifs.

La saison dernière, le PSV a perdu dix millions d’euros. C’est un fait nouveau car l’année précédente, le club, qui est un des rares à survivre de manière indépendante aux Pays-Bas, avait enregistré un bénéfice de trois millions alors que l’Ajax avait perdu 25 millions. Suite à la paralysie du marché des transferts et à l’aménagement d’une tribune, le club est dans le rouge cette saison. Les derniers travaux, qui consistaient donc à combler les quatre angles du stade et à réaliser quelques aménagements pour le confort des spectateurs, ont coûté 60 millions au total. La saison dernière, lors de son premier match de Ligue des Champions, contre Galatasaray, le club avait dû émigrer au Gelredome, ce qui avait coûté 1,6 million. Les salaires des 139 employés ont été gelés et les sommes versées par les sponsors ont augmenté de 1,1 million, les droits de retransmission augmentant de 800.000 euros, mais ça n’a pas suffi à équilibrer le budget.

Le nouvel exercice comptable ne sera pas rose non plus, même si le club espère compenser ses frais par la vente d’espaces de parking autour du stade, ce qui devrait rapporter de 10 à 15 millions. S’il ne veut pas revoir son budget à la baisse û il était de 50 millions la saison passée û et ne pas quitter le subtop européen, le PSV est condamné à réussir sa campagne européenne, ce qu’il n’est plus parvenu à faire depuis plusieurs saisons, que ce soit sous la direction de Gerets ou de Hiddink.

Raoul De Groote

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