3. Ce que Lucien va apporter à Anderlecht

« Le football international est de plus en plus dominé par les grands agents de joueurs. Et D’Onofrio peut ouvrir beaucoup de portes « , affirmait Paul Van Himst, pour expliquer le rapprochement entre Roger Vanden Stock et l’ex-big boss du Standard. Comme beaucoup de monde, le Footballeur Belge du Siècle oubliait que Lucien D’Onofrio n’a pas de licence d’agent FIFA et que, vu ses ennuis judiciaires, il ne l’aura pas de si tôt. Mais il tient toujours la corde pour tirer les ficelles…

D’après certaines informations, RVDS se serait déjà vu proposer quelques grands noms du foot européen lors de leur entretien d’il y a dix jours. Mais leur venue est-elle réalisable ? N’exagère-t-on pas la puissance du fameux réseau Lucien D’Onofrio ?

 » A part Jorge Mendes (agent de Cristiano Ronaldo et de José Mourinho), je ne vois pas beaucoup de personnes possédant un tel réseau. Reste que ce n’est pas tant dans les transferts entrants que D’Onofrio va pouvoir être utile mais plutôt dans les transferts sortants « , explique l’agent de joueurs Nenad Petrovic.  » Le but de Roger Vanden Stock est de maximiser son budget et il se rend bien compte que ce n’est pas la Ligue des Champions ou le stade qui vont le lui permettre. Par contre, D’Onofrio est capable de valoriser des joueurs comme MatiasSuarez ou Fernando Canesin, amenés un jour à quitter le club, et les vendre à un très bon prix. Il était le seul capable de palper 20 millions pour Marouane Fellaini ou placer OguchiOnyewu au Milan AC. Avec Lucien, je suis sûr que Romelu Lukaku partait pour environ 25 millions et non 15 millions. Son arrivée à Anderlecht devrait autoriser une plate-forme financière plus grande. Sportivement, son réseau ne devrait rien apporter mais financièrement bien. Et puis, pour Lucien, travailler pour Anderlecht c’est une manière de se relancer. C’était ça ou regarder Derrick à la télé « , conclut Petrovic.

Un regard corroboré par Bertrand Crasson, qui – joueur – était managé par D’Onofrio :  » Sur les dix dernières années, le Standard est le club belge qui a fait entrer le plus d’argent dans les caisses. Cela lui permet de posséder aujourd’hui les moyens financiers les plus importants. A Anderlecht, on veut sans aucun doute profiter de cette compétence à vendre bien mais aussi élargir le champ de vision. Il faut bien l’avouer : ce sont toujours les mêmes filières utilisées par le Sporting en matière de transferts et elles n’ont pas toujours été un gage de succès Anderlecht reste toutefois un grand club. Comme Lucien reste un personnage important sur le marché européen. Roger a dû se dire qu’on était plus fort quand on était plus nombreux…  »

Un réseau vieillissant

Daniel Evrard, agent notamment de Nacer Chadli, connaît D’Onofrio depuis de nombreuses années.

 » Lucien a encore le bras long, et a beaucoup d’amis. Cependant, son réseau est vieillissant à l’image du président de Porto, Jorge Nuno Pinto da Costa ( NDLR : dans l’£il d’un cyclone judiciaire) avec qui il a gardé de très bonnes relations. Par contre, il peut désormais compter sur des joueurs comme Deschamps ou Zidane dont il fut l’agent et qui occupent aujourd’hui des postes-clefs dans de grands clubs. Sa toile est toujours tissée du côté du sud de l’Europe, au Real Madrid notamment où il a toujours été proche d’ Emilio Butragueno, au Portugal aussi, ou auprès des grands clubs italiens. Par contre, l’Angleterre ou l’Allemagne, ce n’est pas son terrain de jeu alors que ces deux nations déterminent à l’heure actuelle 50 % du foot européen en matière de transferts. Ce qu’on ne lui enlèvera jamais, c’est son flair. Avec lui, il n’est pas utile pour un club d’avoir 15 scouts. On notera d’ailleurs que depuis son départ, le Standard est en train de mettre une cellule de scouting en place.  »

Surpris de son éventuelle implication à Anderlecht ?  » Avec Lucien, je ne suis plus surpris de rien…. Rappelons cependant que du temps de Constant Vanden Stock, il faisait déjà des choses ( sic) avec Anderlecht.  »

Foot business oblige, l’ex-homme fort du Standard ne s’est toutefois pas fait que des amis. Comme le prouve ce témoignage anonyme d’un des plus gros agents en Belgique :  » C’est un connaisseur en matière de foot et il possède son réseau, on ne peut le nier. Mais être omnipotent comme c’était le cas au Standard ou travailler de façon parcimonieuse avec un club, c’est très différent. Le Standard était son joujou et il en faisait ce qu’il voulait. Les joueurs du Standard étaient obligés de le suivre. Avant de mettre en exergue ses talents de vendeur, il faut connaître l’envers du décor. Quand un joueur a un contrat de 150.000 euros/brut par an au Standard, qu’il peut en gagner 1.500 000 dans un club étranger mais que D’Onofrio le négocie à 750.000, il ne faut pas croire que les 750.000 restants sont perdus. C’est notamment ce type d’arrangement qui a permis de faire grossir les chiffres des transferts sortants. On parle aussi souvent des joueurs qui sont arrivés au Standard, mais j’en connais énormément qui ont refusé car ils ne voulaient pas se plier à ses techniques, son système. On peut aussi se poser la question de l’apport en termes d’image pour Anderlecht. Rappelez-vous -les ennuis qui ont entouré la venue de Silvio Proto, alors managé par Pietro Allatta. Je suis impatient de voir D’Onofrio collaborer avec Anderlecht, un club qui respecte certains codes et où il ne sera plus le seul maître à bord. Un requin quand il vit dans l’eau c’est très bien, mais quand on le met dans la forêt, il s’étouffe rapidement.  »

PAR THOMAS BRICMONT

 » Sportivement, son réseau ne devrait rien apporter mais financièrement bien. « 

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