25 TRANSFERTS EN 2 ANS !

A la découverte du nouveau directeur général de l’Excelsior qui veut aider les Hurlus à retrouver leurs racines.

L’Excelsior Mouscron est en pleine mutation. En juin, une toute nouvelle équipe était mise en place : pas moins de 12 nouveaux joueurs, dont une grosse majorité de Français, débarquaient. En septembre, le directeur général Roland Louf démissionnait : Alain Tirloit (47 ans), également Français, allait lui succéder quelques semaines plus tard. Actuellement, un nouvel entraîneur principal et un nouveau directeur du Futurosport attendent d’être nommés, afin de remplacer respectivement Geert Broeckaert et Philippe Saint-Jean.

Lorsque vous avez appris la démission de Roland Louf, vous avez directement posé votre candidature pour le poste vacant.

AlainTirloit : J’avais déjà été en contact avec Roland Louf précédemment, lorsque j’étais agent de joueurs. Je n’ai toutefois placé aucun joueur à Mouscron cet été, car je n’avais plus de portefeuille à moi et j’agissais plutôt comme intermédiaire vis-à-vis des clubs. Le contact était bien passé avec Louf, et lors d’une visite de courtoisie à Mouscron, j’ai appris qu’il avait démissionné. A partir de là, je me suis effectivement montré intéressé par le poste et j’ai posé ma candidature.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans le club et dans la fonction ?

Il faut savoir que j’habite à dix kilomètres de la frontière belge et que l’Excel ne m’a donc jamais laissé indifférent. J’ai toujours pensé que ce club recelait un potentiel très intéressant, qui ne demandait qu’à être exploité. Lors de mes premières visites au Canonnier, j’ai d’emblée constaté que les gens qui travaillaient dans ce club étaient plein de bonne volonté, mais avaient peut-être besoin d’être un peu guidés. J’espère fédérer tout le monde autour du projet que l’on entend mettre en place. Ce qui me plaît aussi à l’Excel, c’est que c’est un cercle convivial et familial, qui correspond assez bien à l’idée que je me fais d’un club de football.

Comment qualifiez-vous le potentiel de l’Excel ?

D’abord, si l’on dresse le bilan des dix saisons passées par le club en D1, on constate qu’il a souvent obtenu de bons résultats. Ces dernières années, ils ont été un peu moindres, mais c’est un beau défi que de replacer l’Excel sur le chemin de la victoire. Le club possède aussi un public chaleureux et festif. Enfin, il s’est doté avec le Futurosport d’un formidable outil de travail. C’est un centre de formation qui n’a rien à envier aux centres français.

Retrouver du monde

Au niveau des infrastructures, peut-être. Mais le Futurosport n’a pas produit ce que l’on était en droit d’attendre d’un tel investissement. Le problème se situe-t-il au niveau des entraîneurs ?

Je pense que tous les entraîneurs qui travaillent pour l’école des jeunes sont compétents. Ce qu’il manquait peut-être, c’est une unité, une coordination, une volonté de tous tirer à la même corde et de voir ces jeunes arriver en équipe Première. C’est l’une des tâches à laquelle je vais m’atteler. Il y a actuellement une bonne génération de jeunes à l’Excel. Cinq ou six d’entre eux frappent à la porte de l’équipe Première. Daan Van Gyseghem et Paco Sanchez font partie de ceux-là. Le flux d’éléments passant du Futurosport vers l’équipe Première doit devenir plus important.

On constate souvent que, jusqu’à 18 ou 19 ans, les jeunes Belges n’ont rien à envier à leurs homologues étrangers. C’est après que cela devient difficile pour eux.

Dans l’évolution des jeunes, il y a trois étapes : la préformation, la formation et la post-formation. La dernière étape se révèle souvent la plus difficile. Outre la volonté de l’entraîneur principal à intégrer des jeunes à son équipe, il y a le problème du mental. C’est à ce niveau-là que cela coince.

Lorsque l’Excel est monté en D1, en 1996, le Canonnier était réputé pour son ambiance festive. Aujourd’hui, tout cela semble avoir disparu.

Oui, et c’est bien dommage. Il faut recréer cette ambiance. Le potentiel public existe. La preuve : contre le Standard, on a accueilli près de 8.000 spectateurs. Le stade du Canonnier est de dimension modeste, mais je préfère un stade de 11.000 places qui soit plein, plutôt qu’un stade de 30.000 places qui soit à moitié vide.

Pour l’instant, c’est le stade de 11.000 places qui est souvent à moitié vide. Le match contre le Standard faisait figure d’exception : face aux autres équipes, la moyenne de spectateurs dépassait à peine les 4.000…

Je suis persuadé que, lorsqu’on recommencera à gagner, le stade se remplira de nouveau.

Faire des fêtes

L’une de vos premières décisions fut de re-transférer tous les bureaux dans l’ancienne tribune, là où se trouvent les vestiaires. Pourquoi est-ce important ?

Pour qu’il y ait une communion entre les différentes sections du club. Le matin, chacun doit pouvoir se saluer, échanger des points de vue. Parfois c’est Gil Vandenbrouck qui monte jusqu’à mon bureau pour me serrer la main, parfois c’est moi qui descend jusqu’au vestiaire. Cela favorise la convivialité : chacun ne travaille pas de son côté. Je compte aussi réinstaurer la célébration des anniversaires : une tradition qui s’était un peu perdue. Ici aussi, cela concerne toutes les sections du club : joueurs et entraîneurs, employés, délégués, etc. Un calendrier des anniversaires a déjà été établi. C’est peut-être un détail, mais c’est une bonne occasion de se retrouver autour d’un verre et d’apprendre à se connaître. Il y a une autre tradition que les joueurs ont déjà réinstaurée d’eux-mêmes : la célébration des naissances. Je l’ai constaté récemment lorsque Kevin Hatchi est devenu papa et c’est une heureuse initiative. Il faut aussi améliorer le contact avec les supporters. Une réunion avec eux a déjà été organisée il y a 15 jours. C’est important de savoir ce qu’ils pensent, ce qu’ils suggèrent. Je compte également recréer un esprit plus belge, plus régional. Pour ce faire, la présence de joueurs comme Olivier Besengez et Steve Dugardein est primordiale même si ces joueurs-là ne peuvent pas représenter des exceptions dans l’effectif.

Une belle fiancée

Le club est en pleine restructuration : nouveaux joueurs, nouveau président, nouveau directeur général… et bientôt nouvel entraîneur et nouveau directeur du Futurosport.

L’une de mes tâches consiste à veiller à ce que toute cette restructuration s’opère de la meilleure façon. Je tiens à rendre hommage à Jean-Pierre Detremmerie. Si l’Excelsior Mouscron se trouve où il est, c’est grâce à lui. Il a été un président formidable.

L’un de ses chevaux de bataille était de faire de Mouscron un club transfrontalier qui irait chercher une partie de ses supporters et de ses sponsors en France ou en Flandre. Y croyez-vous ?

Pourquoi pas ? A partir du moment où l’on a un bon produit, on pourrait songer à dénicher des sponsors de l’autre côté de la frontière.

Et en ce qui concerne le public, ne me dites pas qu’un Français du Nord, comme vous l’êtes, ne préfère pas aller voir Lille-Nancy plutôt que Mouscron-Lierse ?

Ce que je peux dire, c’est qu’étant personnellement né à dix kilomètres de la frontière, je me sens à la limite autant Belge que Français.

L’une de vos missions actuelles est de désigner, en collaboration avec Edward Van Daele et Francis D’Haese, le nouvel entraîneur principal et le nouveau directeur du Futurosport. Lequel est le plus facile à trouver ?

Ce n’est facile pour aucun des deux, car il faut être certain d’effectuer le bon choix. On a défini le profil qu’on recherche, et pour l’instant, on est en train d’examiner les candidatures. Elles sont très nombreuses et il y a des entraîneurs de renom dans le lot. C’est la preuve que l’Excelsior Mouscron intéresse encore beaucoup de monde. C’est une belle fiancée, reste à trouver le marié.

Les noms de Patrick Remy et de Ludovic Batelli ont déjà été cités dans la presse…

Les journalistes ont le droit de se livrer à des devinettes.

On a aussi parlé de Daniel Leclercq.

Il a été mon équipier à Lens de 1982 à 1984. D’où le lien qui a été établi, probablement.

Etant donné votre réseau de relations, on peut supposer que vous scruterez principalement le marché français ?

Pas nécessairement. Je suis ouvert à tous. Ce qui prime, ce n’est pas la nationalité, mais la qualité. On n’en est pas encore au stade des auditions, on prend le temps de bien examiner les candidatures. Rien ne presse : j’ai pleine confiance en Gil Vandenbrouck et Didier Vandenabeele, ils sont capables de remettre le train sur les rails. Ce sont de vrais clubmen.

Geert Broeckaert aussi était un clubman, puisqu’il a passé 14 années à l’Excelsior.

Oui, mais il lui manquait un vécu d’entraîneur de D1. Tout comme à Philippe Saint-Jean, d’ailleurs. Gil Vandenbrouck a, quoi qu’on en dise, 300 matches de D1 derrière lui, comme adjoint ou comme entraîneur principal. Dois-je vous rappeler qu’il avait remarquablement assuré l’intérim, en deuxième partie de la saison 96-97, lorsque Georges Leekens avait été appelé à la tête des Diables Rouges ? Il avait terminé troisième cette saison-là, alors qu’il devait se farcir au deuxième tour des déplacements chez toutes les grosses cylindrées, dont Anderlecht et Bruges.

Un Etat dans l’Etat

Quel est le profil recherché pour le futur entraîneur ?

On recherche un technicien de qualité qui souhaite s’inscrire dans la durée et qui soit désireux de collaborer avec le Futurosport. Cela n’avait pas toujours été le cas ces dernières années et on a vu ce que cela a donné. Le Futurosport était un Etat dans l’Etat, cela ne sera plus permis à l’avenir. Une symbiose est nécessaire.

Y aura-t-il des transferts au mercato ?

On doit étudier la situation. Gil Vandenbrouck fera un inventaire de ce qu’il estime nécessaire. Geert Broeckaert avait déjà établi une liste de renforts potentiels, qui ne tombera pas nécessairement à l’eau avec son éviction de l’équipe Première puisqu’il s’agissait d’une liste du club et pas d’une liste personnelle. Mais il faut bien peser le pour et le contre, attirer de réels renforts, des gens qui ont envie de s’investir. Ce qui vaut pour les entraîneurs vaut également pour les joueurs : l’Excelsior Mouscron doit cesser d’être une agence d’intérim, avec des footballeurs qui se servent du club comme tremplin pour mieux rebondir ailleurs quelques mois plus tard. Au cours des deux dernières saisons, le club a réalisé 25 transferts. C’est beaucoup trop. Je le répète, on a la chance d’avoir une bonne génération de jeunes et il faut leur donner l’occasion de s’exprimer.

DANIEL DEVOS

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