22, v’là les Pays-Bas !

C’est un des constats les plus frappants de ce printemps : à la clôture de nos pages, ce n’étaient ni la Belgique, ni la France, ni l’Italie ni l’Espagne qui étaient en tête du classement UCI mais les Pays-Bas. Ils n’y sont pas parvenus par le biais de petites courses : six coureurs bataves ont aussi enlevé sept épreuves du WorldTour. La star n’est autre que Niki Terpstra, qui a triomphé à Paris-Roubaix, mais on relèvera également les victoires d’étapes de Moreno Hofland et de Tom-Jelte Slagter à Paris-Nice ainsi que celles de Stef Clement, Lieuwe Westra et Wout Poels aux Tours de Catalogne et du Pays Basque. Le succès est d’autant plus surprenant que les ténors habituels, Lars Boom et Robert Gesink, ont souffert de problèmes physiques, le premier s’étant fracturé le coude, le second ayant été opéré d’une arythmie cardiaque.

La Belgique n’a pas encore récolté le moindre succès en WorldTour. Avant l’Amstel, elle était deuxième à ce classement et les Pays-Bas septièmes mais c’est dû au ridicule système d’attribution des points : une victoire d’étape à Paris-Nice rapporte six points tandis qu’une deuxième place à Gand-Wevelgem en vaut 60.

Le cyclisme batave revit alors qu’il avait semblé condamné quand Rabobank, dégoûté par l’affaire Armstrong, avait jeté l’éponge. La génération Terpstra (29 ans)-Boom (28 ans)-Gesink (27 ans)-Mollema (27 ans)-Poels (26 ans) arrive en pleine force de l’âge et une nouvelle levée s’apprête à la relayer. Il y a des sprinters comme Hofland en Danny van Poppel (20 ans), des puncheurs comme Slagter (24 ans), Tom Dumoulin (23 ans) et Dylan van Baarle (21 ans), et des spécialistes des Tours : Daan Olivier (21 ans) et Wilco Kelderman (23 ans) – ce dernier est même considéré comme un futur vainqueur de la Grande Boucle.

Le Rabobank Development Team, l’équipe formatrice de Rabobank, a effectué un travail formidable depuis des années et a été placé sous la coupole de la Fédération quand Rabobank a quitté le peloton. Il a formé tous les coureurs actuels, à part Terpstra et Poels.

Thijs Zonneveld, un observateur, sait pourquoi les talents émergent plus nettement qu’il y a dix ans.  » Avant, ces jeunes avaient le choix : ils se dopaient ou ils jouaient les seconds rôles. Thomas Dekker a opté pour la première solution et s’est brûlé. Koen de Kort, un autre grand talent, est resté propre mais a lutté à armes inégales, comme tant d’autres, et n’est pas parvenu à s’imposer. Notre vivier est plus petit que le vôtre, en plus.

Maintenant, les jeunes peuvent se faire remarquer plus vite, puisque le peloton est devenu plus propre. En plus, ils sont dotés d’une vraie rage de vaincre, d’une mentalité très néerlandaise. Ils ne veulent pas gagner dans cinq ans mais maintenant. Ils y parviennent et ils confèrent un nouvel élan à tous leurs compatriotes, y compris les anciens.

Ils ont l’avantage considérable de pouvoir progresser tranquillement dans l’ombre de Boom, Gesink, Mollema et Terpstra. Ce n’était pas le cas de Gesink : suite au départ de Michael Boogerd, il a été bombardé espoir national numéro un à l’âge de 24 ans. Il a subi une pression terrible, comme en témoignent ses problèmes cardiaques.

Reste à voir combien de temps le Rabobank Development Team continuera à exister, puisqu’il n’a plus de lien avec Belkin, l’équipe néerlandaise du WorldTour. Si Rabo arrête les frais, nous risquons une césure dans la continuité du développement des jeunes, à terme, et ce serait vraiment dommage.  »

PAR JONAS CRÉTEUR

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