2 x 3 points, MAIS AUTREMENT !

Rendons à César ce qui est à Jules, à Rudi ce qui n’est pas d’abord à Michel : Michel, Preud’homme évidemment ! Le fraîchement promu jeune président de la commission technique de l’Union Belge a récemment reformulé une suggestion qui n’a jusqu’ici jamais pu faire florès, mais ne date pourtant pas d’hier : il s’agit, en championnat, de revenir à la victoire à 2 points d’une part ; et d’octroyer d’autre part, à l’issue du match retour, 1 point supplémentaire au vainqueur sur l’ensemble des deux matches. Début 1989 déjà, avant l’existence de la victoire à 3 points, la fédération ouest-allemande avait proposé la chose à ses clubs. Suggérant même, pour plus de piment encore, que chaque match retour suive d’une semaine son match aller ! Frileux comme l’est le monde du foot à tout bouleversement, les dirigeants de Bundesliga avaient jugé la proposition incongrue… Faut pas demander l’effet incongru qu’a dû leur faire la chute du Mur de Berlin quelques mois plus tard !

A l’aube de la saison 1995-1996 qui allait voir la généralisation à toutes les divisions belges de la victoire à 3 points, un jeune lecteur de Foot Magazine (au courant de l’antécédent allemand avorté ?) suggérait par courrier une mesure similaire que j’avais répercutée dans une chronique d’alors : c’était Rudi Katusic, qui deviendra six ans plus tard collaborateur du magazine via sa bimensuelle Carte postade ! Rudi, lui, outre les 2 x 2 points classiquement octroyés, suggérait de distribuer DEUX points supplémentaires à l’issue du résultat sur l’ensemble des deux matches : c’était mieux encore, les deux clubs pouvant ainsi se partager le bonus, en cas d’égalité au score à l’issue de leur double confrontation ! Rudi, par la suite, refila le tuyau à Michel Preud’homme. Et Michel, avec toute l’aura qu’il a, vient d’avoir la très bonne idée de re-proposer l’idée à la réflexion de nos décideurs urbsfistes. Je suis un chaud partisan de Michel et Rudi !

D’abord pour en finir avec cette couillonnade en championnat qu’est la victoire à 3 points traditionnelle : la mesure s’est avérée aussi inopérante que sa s£ur aînée en coupe (cette vieille prépondérance ridicule des buts marqués à l’extérieur en cas d’égalité), elle n’a rien apporté de positif en une décennie ! Outre qu’elle châtie les adversaires qui n’ont rien fait de mal sinon être de force égale (ils ne partagent plus l’enjeu : ils n’en reçoivent tous deux qu’un tiers !), la victoire à 3 points n’a nullement amélioré le caractère offensif d’une confrontation : on n’a pas marqué davantage de buts pour la cause, ni joué davantage de va-tout offensif dans l’espoir fou de rafler 3 points inespérés. Mais la victoire à 3 points irrite en rendant tout classement moins lisible, vu que le nombre de points attribués en une saison est désormais fluctuant. Elle fait prendre des vessies pour des lanternes en laissant croire  » qu’un match nul ne vaut désormais plus grand-chose  » : ça s’entend souvent mais c’est faux, 1 point reste 1 point, refaites les classements à l’ancienne, vous le constaterez. Enfin, rarement mais quand même, la victoire à 3 points s’avère profondément injuste : en le décalant d’une seule place fatidique, elle peut priver un club d’un titre, ou le reléguer… son seul péché ayant été d’avoir commis plus de matches nuls que ses rivaux directs ! La victoire à 3 points est bête et laide.

A l’opposé, la proposition Preud’homme/Katusic est excitante. Dès les matches aller, elle pourrait inviter les équipes menant maigrichonnement au score à ne plus considérer l’attentisme comme valeur essentielle. Mais en tout cas, elle empêchera cette plaie qu’est la démobilisation, dans les rangs de l’équipe menée largement ! A mi-championnat, tout restera davantage possible pour tout le monde… puisque seulement un tiers des points aura été distribué : à chaque match retour, il y aura DEUX enjeux ! D’une semaine à l’autre, les bouleversements au classement seront plus fréquents (4 points pour l’un, que dalle pour un autre !) et nous en serons nous-mêmes heureusement bouleversés ! Finies les équipes amères parce que leur goal-average superbe ne se traduit guère au classement ! Et, durant toute la deuxième moitié de championnat, un p’tit parfum de coupe chaque semaine ! Je suis pour, quand passe-t-on à l’acte ?

par Bernard Jeunejean

La victoire à 3 points est BêTE ET LAIDE !

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