2. Bayern Munich

Auteur du doublé coupe-championnat la saison passée, le club bavarois est à nouveau le grandissime favori de la Bundesliga.

Un jour, au début des années ’70, l’ancien président du Bayern, Wilhelm Neudecker avait révélé pourquoi son club avait connu un tel développement en peu de temps : parce qu’il n’avait jamais prétendu s’y connaître en football et qu’il dirigeait son club comme son entreprise de construction sur des bases financières saines… Le Bayern continue à s’appuyer sur ce principe.

Outre la gestion extrasportive, menée sur base des principes de marketing, il y a là un énorme know-how sportif. En 1979, à l’âge de 27 ans, Uli Hoeness est devenu le plus jeune manager de l’histoire du football allemand. Hoeness, qui dirige aussi une usine de saucisses, a dû mettre fin, brutalement, à sa carrière de joueur à cause d’une grave blessure au genou, après 239 matches de Bundesliga pour le Bayern (1970-1979, trois titres, 85 buts) et 11 matches pour Nuremberg.

Après un déclin sportif en 1991, le Bayern a enrôlé encore plus de connaisseurs. Le vice-président Franz Beckenbauer est devenu le numéro un en 1994, via le poste d’entraîneur. Peu après, il a attiré Karl-Heinz Rummenigge (310 matches de Bundesliga pour le Bayern entre 1974 et 1984, six titres). Si on y ajoute les 396 matches en championnat allemand de Beckenbauer, on arrive à un total impressionnant pour le trio de tête du club. Ces hommes ont ramené d’autres anciens monuments au Bayern, dans des fonctions quotidiennes. Sepp Maier est devenu entraîneur des gardiens, Gerd Müller, l’ancien meilleur buteur, s’occupe des jeunes, et l’ancien gardien Raimond Aumann est responsable des contacts avec les supporters.

Cette combinaison de gestion économique responsable et de connaissances sportives fonctionne parfaitement : le Bayern n’a jamais été relégué depuis sa promotion en Bundesliga, en 1965. Seuls le HSV, Brême et Kaiserslautern y ont évolué plus longtemps û pour rappel, la Bundesliga a été fondée en 1963. En 38 ans, le Bayern a loupé le top-cinq à cinq reprises seulement. Depuis 20 ans, à l’exception de deux saisons, il a toujours figuré parmi les quatre premiers. Il compte 18 titres nationaux de 1969 à nos jours, soit un tous les deux ans !

Le gardien Oliver Kahn, acquis à Karlsruhe en 1994, demeure la figure de proue du club. Malgré son faux-pas en finale du Mondial, il demeure un verrou fiable de la défense mais aussi un brillant organisateur et le type même du vainqueur, le genre d’homme que le Bayern aime aligner.

Michael Ballack a sa part de mérite dans le doublé coupe-championnat, la saison passée. Le médian central de 26 ans, transfuge de Leverkusen, a rejoint la Bavière après le Mondial, porteur d’énormes espoirs. Il n’a même pas eu besoin d’un temps d’adaptation. L’évolution personnelle de Ballack a époustouflé Uli Hoeness, qui n’a pas hésité à clamer que Ballack personnifiait ce que le Bayern signifiait. Offensif, parfois à la limite, pas trop gentil. Ses réponses aux critiques ? Ses prestations ! Ballack s’est emparé des rênes du jeu et, d’après Rummenigge, il est devenu le médian au meilleur potentiel offensif du monde. L’entraîneur, Ottmar Hitzfeld, s’est joint au concert de louanges, remarquant que Ballack avait su s’imposer et exiger un rôle de leader, prenant place tout en haut de la hiérarchie des joueurs.

La troisième étoile du Bayern, la seule valeur sûre en pointe, est Giovane Elber. Le Brésilien de 30 ans qui a débarqué, timide, au Bayern, en provenance de Stuttgart, en 1997, est seul au centre-avant. Il est également le seul élément offensif à jouer tous les matches dans le système de rotation prôné par Hitzfeld, qui l’a connu aux Grasshoppers.

Le Bayern compte également sur des joueurs qui, après une première année difficile, devraient apporter une plus-value. C’est surtout le cas de Zé Roberto, le médian gauche brésilien transféré de Leverkusen en même temps que Ballack, et de Sebastian Deisler, âgé de 23 ans et enrôlé au Hertha BSC l’année dernière pour 9,5 millions d’euros. Des blessures l’ont empêché de jouer beaucoup. Maintenant, il doit justifier le montant de son transfert et son statut de plus grand talent en devenir du football allemand.

Cette saison, le Bayern s’attend à davantage de concurrence en Allemagne. Champion avec 16 unités d’avance, il s’est un peu ennuyé en championnat, surtout qu’il a été éliminé prématurément de la Ligue des Champions. Le doublé coupe-championnat n’a pas apaisé l’appétit du Bayern, qui compte bien prendre sa revanche européenne cette année, même si la reconduction de son titre constitue la priorité numéro un.

Depuis l’arrivée d’ Ottmar Hitzfeld en 1998, le club a retrouvé sa stabilité sportive. Il n’est plus question du FC Hollywood. Hitzfeld (54 ans) est à l’origine de ce professionnalisme. Sous des dehors cordiaux se cache une volonté de fer. Le Bayern l’a remarqué après ses succès aux Grasshoppers Zurich et à Dortmund, avec lequel il a remporté la Ligue des Champions en 1997 et le titre en 1995 et 1996. En Bavière, il est synonyme de succès également : la Ligue des Champions en 2001 et quatre titres nationaux en cinq ans. Au total, il a été champion de Bundesliga à six reprises en huit ans, donc, mais il n’est pas rassasié. D’ailleurs, Hitzfeld n’est jamais content. C’est un entraîneur sévère, le chef absolu, sur le terrain comme en dehors. Ceux qui passent les bornes ne doivent pas compter sur sa compréhension. Ils reçoivent de solides amendes, qui peuvent s’élever à 50.000 euros. L’année dernière, suite à l’humiliante élimination au premier tour en Ligue des champions, il a resserré son emprise sur le groupe.

Alors qu’en octobre, il risquait le limogeage, il a finalement prolongé son contrat, valable jusqu’en 2004, d’un an.

Le Bayern doit maîtriser plusieurs tactiques. Seule constante, la défense à quatre, en ligne, de laquelle l’arrière droit français Willy Sagnol peut gicler régulièrement. L’identité des médians qui évoluent juste devant la défense est connue aussi : Jens Jeremies et Michael Ballack. Hormis Elber, Hitzfeld pratique la rotation, pour les autres places : ceux qui sont fatigués ou n’obtiennent pas un bon rendement sont écartés. En fonction de l’adversaire comme de son propre noyau, il opte soit pour le 4-4-2 soit le 4-5-1, ou encore le 4-3-3. Aucun des nouveaux venus ne semble en mesure d’être titulaire, même si le défenseur central argentin Martin Demichelis a coûté la bagatelle de 4,5 millions d’euros. Celui-ci trouve sur son chemin Samuel Kuffour, Robert Kovac et Thomas Linke.

Sept des 30 joueurs du noyau sont issus de l’école des jeunes du Bayern. Cinq d’entre eux sont nouveaux, dont les deux gardiens réserves. Cette percée n’est pas exceptionnelle : dans les années 70, le Bayern a acquis sa pointure internationale grâce à une génération de jeunes doués. Les Beckenbauer et autres Hoeness demeurent attentifs, maintenant, à ce que les catégories d’âge continuent à fournir des talents. Ils ont reproché à Hitzfeld d’accorder trop peu de chances de jouer aux jeunes du cru, au profit d’éléments plus chevronnés. L’entraîneur a profité de l’élimination européenne du Bayern, en automne, pour aligner des jeunes, ce qui lui a valu de bons points à l’étage directorial.

Le modèle en la matière s’appelle Bastian Schweinsteiger, international chez les jeunes. Le médian n’a que 18 ans, il est toujours Junior mais il a déjà disputé 14 matches de Bundesliga et a donc sa part dans le dernier titre. Il est également apparu en Coupe d’Allemagne et même une fois en Ligue des Champions. Markus Feulner, un médian de 20 ans également issu des équipes d’âge du Bayern, va entamer sa troisième saison dans le noyau A, même s’il n’a encore pris part qu’à 11 matches de Bundesliga.

Le Bayern investit sciemment dans son école des jeunes depuis des années. Il y consacre de deux à trois millions d’euros par an. Depuis cinq ans, il possède son propre internat, afin de pouvoir enrôler très tôt les jeunes talents allemands. Il suit également les espoirs qui ont grandi ailleurs. C’est ainsi qu’il a transféré Sebastian Deisler et que, cette année, il a acquis de Wolfsburg un défenseur de 21 ans, Tobias Rau, qui n’est cependant pas un bleu car il a déjà été international à cinq reprises.

Ces deux dernières années, seuls Dortmund et Schalke ont attiré plus de spectateurs que le Bayern, en Allemagne. La progression de Schalke 04 fait même chuter le Bayern de la deuxième à la troisième place, même si ses chiffres demeurent stables. La saison dernière, 52.625 spectateurs ont assisté aux matches, en moyenne, ce qui représente 84 % de la capacité du stade, 90 personnes de plus qu’en 2001-2002 et nettement plus qu’en 2000-2001, où  » seulement  » 49.268 supporters avaient assisté aux matches à domicile.

Contrairement à son rival, Munich 1860, qui recrute ses supporters dans la capitale bavaroise, le Bayern est l’équipe de la Bavière. Il n’a pas une connotation aussi régionale que Dortmund ou Schalke 04, car il compte des supporters dans toute l’Allemagne. C’est pour cette raison qu’il ne délivre que 20.000 abonnements par an. Il permet ainsi aux nombreux supporters rebutés par la distance de trouver une place, quelques fois par saison. Et comme il ne laisse personne indifférent, le Bayern peut compter sur une moyenne de 20.000 supporters en déplacement aussi. Il détient un record national en la matière : ses 1.900 clubs de supporters officiels regroupent 110.000 personnes.

Le Bayern jouit aussi d’une popularité incroyable en dehors des frontières nationales. Il a des clubs de supporters officiels dans 37 pays, en Europe, mais aussi deux en Chine, un en Inde, un au Kenya, trois en Iran et quatre aux Etats-Unis. Il y en a sept en Belgique. Cinq se situent dans les cantons de l’Est et au Luxembourg, deux en Flandre, à Schoten (les Jean-Marie Pfaff Ultra’s) et un à Aalter, au Nord.

Jusqu’en 1972, le Bayern et Munich 1860 ont partagé le Grünwalderstadion, au sud de la ville. Début 1966, le Comité Olympique International a attribué l’organisation des JO de 1972 à Munich. Un des atouts de la capitale était un gigantesque espace, à quatre kilomètres du centre, où on pouvait ériger un nouveau stade et le parc olympique, le tout dans la verdure. Le stade a été inauguré le 26 mai 1972 avec le match Allemagne de l’Ouest-URSS. Gerd Müller, l’avant du Bayern, a marqué les quatre buts de l’Allemagne, victorieuse 4-1.

Au terme des Jeux, le Bayern a disputé ses matches au stade olympique, ce qui lui a porté chance, puisqu’il a été sacré champion d’emblée. En 1974, l’Allemagne y a fêté son titre mondial, après sa victoire sur les Pays-Bas. Munich 1860 n’a définitivement rejoint l’Olympiastadion qu’en 1995. Auparavant, il ne quittait le Grünwalderstadion que pour les grands matches.

L’arène peut accueillir 69.000 spectateurs. 38.000 places sont couvertes et 56.500 sont assises. On ne vend jamais plus de 63.000 billets pour les matches à domicile du Bayern. L’Olympiastadion a été le premier à être équipé d’une pelouse chauffée en Allemagne.

Quand l’Allemagne a obtenu l’organisation du Mondial 2006, le Bayern a saisi cette opportunité pour promouvoir la construction d’un nouveau stade, dédié au seul football. L’Olympiastadion n’a que 30 ans mais il offre trop peu de place aux sponsors et aux VIP, il n’est pas complètement couvert et durant les longs mois d’hiver, des courants d’air glacés s’y infiltrent. En outre, la piste d’athlétisme coupe l’ambiance. On va donc bâtir un stade au nord de la Ville, près du ring. Le Bayern et Munich 1860 disputeront leurs matches à l’Allianz Arena (66.000 places) après le Mondial 2006.

Avec Manchester United, le Bayern est un des rares grands clubs à enregistrer des gains annuels : en 2000, ceux-ci s’élevaient à 8,6 millions d’euros. Il a quadruplé son budget en dix ans pour le porter à 150 millions d’euros. Il est le deuxième club le plus riche d’Europe après Manchester, suivi par le Real qui, lui, n’est pas exempt de dettes.

Aucun autre club allemand ne reçoit pareille manne de son sponsor. Avant, Opel y injectait jusqu’à dix millions par an, un chiffre doublé par Telekom, sponsor principal depuis l’année dernière et jusqu’en juin 2008. Le Bayern, qui a sciemment boudé la Bourse, a signé un contrat stratégique avec Adidas en septembre 2001. En échange de 75 millions d’euros, celui-ci a acquis 10 % des parts du Bayern et paye, en plus du sponsoring technique, dix millions d’euros cash chaque saison. Adidas est le fournisseur du Bayern depuis 37 ans et il va poursuivre sur sa lancée jusqu’en 2010 au moins.

Le Bayern boucle sans problème son budget, grâce à toute une volée d’autres sponsors. En élaborant son budget, il ne mise que sur une assistance moyenne de 40.000 personnes, ce qui fait 750.000 euros. Il n’a donc jamais de problème, puisqu’il réalise des estimations volontairement pessimistes. Depuis des années, le merchandising est parfaitement organisé et fournit autant d’argent que l’assistance. Tout cela suffit à boucler le budget, passé de 45 millions en 2001 à 60 millions l’année dernière. Il compte 15 millions d’avance sur le numéro deux national, Dortmund. Tous les autres clubs de Bundesliga travaillent avec un budget qui atteint, dans le meilleur des cas, la moitié de celui des Bavarois. C’est également le Bayern qui a la plus grosse masse salariale du championnat. Elle représente la moitié du budget, un pourcentage faible, comparé à celui de beaucoup d’autres grands clubs.

Site officiel : http://www.fcbayern.de

18 x champion d’Allemagne

11 Coupes d’Allemagne

2 Coupes Intercontinentales : 1976 2000

4 C1 : 1974 1975 1976 2001

C2 en 1967, C3 en 1996

Geert Foutré

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