2 ans sans jouer !

L’attaquant nigérian des Rouches a déjà marqué contre Lokeren et Mons.

Il a donné la victoire au Standard contre Lokeren. Contre Mons, monté au jeu, il a, de la tête, trompé le gardien adverse. Ceux qui l’ont suivi depuis ses débuts ne s’en sont pas étonnés : ce jeune garçon n’était-il pas une grande promesse du football mondial appelé à remplacer George Weah à la pointe de l’attaque du Milan AC ? Et le voilà en train de se refaire une santé au Standard.

Comment êtes vous arrivé en Italie ?

Je disputais un tournoi international au Portugal avec l’équipe nationale des û17 ans. De nombreux scouts de clubs européens étaient présents et notamment des représentants de clubs italiens. Mon manager prit contact avec ces clubs mais, malgré l’intérêt de Milan, il me conseilla de rejoindre Padoue. Ce cercle de D2, accordait réellement une chance aux jeunes et en avait recruté quatre dont mon ami Gerva, qui actuellement évolue en C1 italienne. En janvier, comme il ne pouvait pas participer au célèbre tournoi de Viareggio, Padoue décida de me prêter à Ravenne pendant le temps de cette compétition. Nous n’avons pas gagné mais je me suis mis en évidence notamment contre Milan. Cette fois, Ariedo Braida, le directeur général du club milanais, n’hésita plus. Il m’a laissé terminer la saison avec Padoue avant de m’enrôler.

Vous avez fait votre première apparition en Série A à 16 ans.

Je jouais avec la Primavera – nous avons d’ailleurs remporté le tournoi de Viareggio – mais je m’entraînais aussi avec l’équipe Première. Alberto Zaccheroni était donc en mesure de juger mon potentiel. A plusieurs reprises, il m’avait laissé entendre qu’il me lancerait dans la bagarre. J’attendais donc impatiemment de pouvoir faire mon apparition mais, en même temps, j’avais des doutes. L’entraîneur ne m’avait pas retenu alors que l’équipe jouait mal, je ne voyais donc pas pourquoi il l’aurait fait alors qu’elle tournait à plein régime. Pourtant, c’est bien ce qui a fini par arriver puisque, quand j’ai remplacé Leonardo à la 77e à Bologne, nous disputions un match capital pour le titre car il nous permettait de revenir sur la Fiorentina, leader à ce moment-là. Je me suis retrouvé sur le terrain à côté d’Oliver Bierhoff. Weah, mon idole, était absent.

118 minutes avec Sienne

A l’époque, George Weah a amené de nombreux jeunes Africains à Milan. Il continue toujours puisqu’il vient d’y envoyer son fils.

C’est exact, mais George ne se contentait pas de donner des noms de joueurs. Il prenait son rôle à c£ur et n’hésitait pas à nous donner des conseils. A l’entraînement, ils nous prenait quasiment en charge. Je lui dois donc beaucoup tout comme à Demetrio Albertini qui, lui aussi, n’a jamais cessé de m’expliquer ce que je devais faire. C’était presque comme un frère. Ces deux hommes sont pour beaucoup dans ma progression et ils m’ont permis de respecter le conseil d’Ariedo Braida selon lequel je ne devais penser à rien d’autre qu’à mon jeu et surtout de ne pas perdre mon temps à discuter. C’est probablement à cette époque que remonte ma réputation de solitaire. En réalité, j’aime rire et, quand j’arrive dans un nouveau groupe, je suis comme par enchantement attiré par les joueurs qui mettent de l’ambiance.

En 1999 est arrivé Andriy Shevchenko. Weah n’a quasiment pas joué et a préféré aller à Chelsea et on ne vous a vu qu’une seule fois sur le terrain.

Je n’ai a jamais eu de problème avec l’Ukrainien même si c’est vrai qu’il ne parle pas beaucoup. C’est une personne réservée.

En 2000-2001, Milan vous a prêté une première fois à Monza.

C’est probablement ma meilleure saison puisque j’ai disputé 26 rencontres et que j’ai inscrit trois buts.

Une expérience positive qui a incité Milan à rappeler au bercail sa  » gazelle rossonera « .

Malheureusement, je n’ai pas eu beaucoup de chance puisque le 12 septembre j’ai été opéré à un cartilage du genou droit à Varèse. J’ai vécu une très mauvaise période. Au départ, les médecins m’avaient dit que trois mois de revalidation suffiraient. Puis ce fut six et j’ai compris que ma saison était finie, que je n’aurais pas le temps de revenir dans le parcours d’autant que la compétition terminait tôt à cause du Mondial.

Vous êtes donc parti à Sienne où on n’a pas souvent vu votre numéro 16 : quatre présences mais seulement 118 minutes de jeu.

J’avais choisi le numéro 16 parce que c’était l’âge que j’avais lors de mon premier match en première division. Comme il m’avait porté chance jusque-là, je l’ai gardé. Mais je n’étais pas débarrassé de mes problèmes physiques. Je me suis occasionné une déchirure à la cuisse droite. Mon retour était prévu pour décembre. Mais là encore le doute s’est installé dans mon esprit. Les médecins m’avaient annoncé que 40 jours suffiraient pour que je redevienne opérationnel. En fait, j’ai dû patienter trois bonnes semaines supplémentaires. L’entraîneur, Papadopulo, comptait sur moi et j’étais prêt à faire mon apparition quand je me suis occasionné une nouvelle déchirure. Elle a eu beau guérir dans des délais normaux, l’équipe était lancée vers la Série A et je pouvais pas prendre part à cette promotion.

Aliyu et pas Datti

Le 9 mai, on vous annonçait à la Reggiana. Le 25, c’était fini, soi-disant pour des problèmes administratifs, et vous voilà au Standard.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne suis au courant de rien. J’étais au Nigeria quand Ariedo Braida m’a annoncé que je devais partir à l’étranger. Cela ne m’effrayait pas puisque j’avais déjà quitté ma famille à 15 ans et que, tout compte fait, il y a moins de différence entre l’Italie et la Belgique qu’entre le Nigeria et l’Italie. Je ne comprends pas pourquoi les dirigeants de la Reggiana, un club de D3, voulaient m’engager. D’accord après deux saisons sans jouer, les candidats acquéreurs n’étaient pas nombreux. Mais pour Milan, il n’était pas question que je descende trop bas surtout que j’ai prolongé jusqu’en 2008, le contrat qui, à l’origine, me liait au club jusqu’en 2005. Quant aux problèmes administratifs, ce n’était qu’une excuse. Mon permis de séjour était arrivé à terme le 30 juin et il fallu attendre quelques jours pour qu’il soit renouvelé, juste le temps que la direction de Milan effectue les démarches auprès de l’ambassade. En principe, je suis ici pour deux ans. On verra bien. Les premiers contacts se sont bien passés et, le fait que l’entraîneur se débrouille en italien m’aide un peu.

Vous a-t-on dit que le club attend le titre depuis 20 ans ?

Oui, mais c’est vrai que j’étais obligé de m’informer parce que je ne connaissais pas le Standard. Je ne savais pas qu’il y avait des Nigérians qui y évoluaient. J’avais déjà vu Okpara avec l’équipe nationale à la télé mais je ne savais pas qu’il jouait ici. Je connaissais moins bien Enakarhire.

A Padoue et à Monza, on vous appelait Mohammed. C’était d’ailleurs le nom qui figurait sur votre maillot. Quand vous êtes retourné à Milan, vous étiez devenu Aliyu. Et lors de votre présentation au Standard, ce fut Datti. Quel casse-tête puisque c’est Aliyu qui figure sur votre maillot !

C’est vrai mais en fait toute cette confusion est due à une erreur de transcription dans mon passeport. Au départ, mon prénom est Mohammed Aliyu tandis que Datti est mon nom de famille. Mohammed est un nom accolé comme on le fait souvent dans des pays où l’on veut rendre hommage au prophète. Comme parfois on appelle El Hadj, les personnes qui sont allées en pèlerinage à La Mecque. Suite à cette erreur, Mohammed est devenu mon nom de famille tandis qu’on a accroché Aliyu à Datti, qui est devenu mon prénom. Pas facile, n’est-ce pas ?

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