1989 : le mythe Liverpool-Arsenal

En Premier League, tout s’est joué lors de la dernière journée. A l’aube de celle-ci, c’est à la différence de buts que City était devant. Jamais une équipe n’a été sacrée à la différence de buts. Vous savez ce qu’il en est advenu…

Fabuleuse saison, fabuleux final mais il y a déjà eu mieux en Angleterre. Beaucoup mieux. C’était l’époque de la Division One. C’était trois ans avant la création de la Premier League. C’était quand Liverpool jouait encore  » avec « . Dans la cour des grands. Avec déjà Kenny Dalglish sur le banc. Le final de cette saison 1988-1989 est énorme. Tout se joue lors de la dernière journée. Restent deux prétendants au titre. Ils se rencontrent.

Liverpool reçoit Arsenal. Liverpool vient de gagner la FA Cup contre Everton. Ça donne le ton. Arsenal a compté jusqu’à 15 points d’avance. Il en a trois de retard à l’aube de cette dernière tragédie devenue mythique. Le 26 mai 1989, Liverpool a trois points d’avance et une différence de but favorable de +4. Arsenal coince depuis trois matches. Plus de victoire, juste un petit partage. Un peu comme son bilan à Anfield Road. Il n’y a plus gagné depuis quinze matches. Il doit s’y imposer, mais pas seulement. Il doit le faire par deux buts d’écart car, dans ce cas, la différence du but de 0 et, grande différence, Arsenal a la meilleure attaque. Mais bon courage, Liverpool n’a plus perdu à domicile par deux buts d’écart depuis presque quatre ans.

Pourtant, Arsenal va gagner 0-2. Et pas n’importe comment. Au bout du bout du temps additionnel. 91min22sec, dernière attaque. Le temps s’arrête. L’horloge biologique se dissocie du temps présent. L’éternité se fige dans une dernière dizaine de secondes. Dernière attaque, dernières secondes du dernier match de la saison. L’histoire de notre beau sport se fige à jamais dans une dernière ébauche de mouvement. Jamais on ne fera mieux. Ou pire diront les fans de Liverpool.

Le GunnerMichael Thomas sort le geste de sa vie. Il pique son ballon devant Bruce Grobbelaar. Le gardien zimbabwéen en grommellera toute sa vie… But et chute. Liverpool rêvait de doublé, il se fait doubler sur la ligne. Et pleure les quelques dernières larmes qu’il lui reste car la dramaturgie de cette dernière furie n’est rien comparée à la dramatique de cette fin de saison. Ce match n’aurait jamais dû se jouer en ce mois de mai. Ce final n’aurait jamais dû mettre  » la lutte finale  » en concurrence avec  » You’ll never walk alone « . Ce match aurait dû avoir lieu bien avant. Sauf qu’il était programmé juste après une demi-finale de Coupe. La plus meurtrière de l’histoire. Liverpool-Nottingham Forest à Hillsborough. Ça vous dit quelque chose ? 96 morts.

Le drame repousse donc le mélodrame à fin mai. Les survivants se sentent comme les victimes. Sans vie. Elle s’arrête à Anfield. Temple de la croyance que l’âme humaine renaît grâce à un ballon et de braves soldats. L’histoire est en marche avec ce qu’elle a de plus beau et de plus tragique. Tellement qu’elle restera gravée dans les mémoires, dans les pages et dans la pellicule. Nick Hornby, célèbre écrivain anglais et grand fan d’Arsenal, en fera un livre : Fever Pitch. On en fera un film. On dit souvent que la réalité peut parfois dépasser la fiction. Personne n’aurait jamais osé écrire pareille histoire.

Personne n’aurait pu prédire que Michael Thomas allait rentrer dans l’histoire du foot anglais. Que cet attaquant converti milieu de terrain parce qu’il ne… marquait pas assez allait inscrire LE but le plus mythique de l’histoire du foot anglais. Michael est maintenant retraité du foot mais il joue toujours avec les légendes de… Liverpool. Et oui, le plus fou est que deux ans après ce coup de poignard, Thomas portera le maillot des Reds. Ils gagneront, ensemble, la FA Cup. 2-0 contre Sunderland. Un but et un assist de… Thomas. Le cauchemar londonien s’est fait rêve. Heureusement qu’on l’a vu, sinon on n’aurait jamais cru pareille histoire.

La double vie de Michael Thomas !

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