» 1970 : mon jubilé contre Man City, détenteur de la Coupe des Coupes « 

 » Il y a bien longtemps, les clubmen représentaient les traditions : personne ne songeait tous les six mois à filer ailleurs pour gagner plus. On ne parlait pas de l’arrêt Bosman ou de la liberté du joueur en fin de contrat. Personnellement, j’ai été approché un jour par le FC Cologne. J’ai préféré rester à Anderlecht où j’avais débuté en D1 en 1959 (le 29 novembre contre l’Antwerp : 2-1). A la fin de chaque saison, le Sporting prenait part à de grands tournois, à Barcelone, au Parc des Princes où nous avons mérité le surnom d’ Enfants de Paris, etc. Chaque équipe misait sur ses richesses techniques : le public adorait ces matches de propagande pour le beau jeu. A l’étranger, ou chez nous, je me suis mesuré à Peléet son FC Santos . Je l’ai revu plusieurs fois plus tard, comme au Mundial 86 où j’étais consultant. Il m’a reconnu, a évoqué Paul Van Himst et tout ce qu’il avait vécu à Bruxelles. Pelé n’avait rien oublié !

A cette époque, Anderlecht organisait des jubilés au profit de ses joueurs présents en équipe Première depuis 10 ans. Après Martin Lippens, Pierre Hanon, Jef Jurion, Van Himst, Jean Trappeniers et Jean Cornélis, j’ai au droit au mien. Notre secrétaire général, Eugène Steppé, excellait dans l’organisation de ces galas.

Les footballeurs ne percevaient pas de prime à la signature et Steppé tenait à remercier les plus fidèles. Le 18 novembre 1970, il invita Manchester City, détenteur de la Coupe des Coupes après son succès contre Gornik Zabrze (2-1) à Vienne. Un grand d’Angleterre à Bruxelles avec ses Francis Lee et Colin Bell ! La presse présenta largement l’événement et le Parc Astrid était bondé. J’ai été fleuri et couvert de cadeaux : des dizaines de bouteilles de vin et de champagne, un vélo, des meubles de grande valeur, etc. J’ai dû louer une camionnette pour ramener cette montagne de présents chez moi.

Chaque jubilaire avait droit à l’équivalent de 18.750 euros bruts. Après avoir versé 50 % de ce montant au fisc, il me resta assez pour acheter un terrain à bâtir à Dilbeek où j’ai construit ma maison. Cette prime ferait sourire les footballeurs actuels. Mon père découpa et garda les nombreuses coupures de presse consacrées à ce match de gala qu’Anderlecht remporta 1-0 (but de notre médian suédois Tom Nordahl). Je les garde précieusement car cette soirée du 18 novembre 1970 demeure un des moments les plus émouvants de ma carrière.  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

propos recueillis par pierre bilic

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