Il aura 37 ans le 5 juin mais ne veut toujours pas raccrocher.

En 1988, on renseigna à Jos Verhaegen, président du Germinal Ekeren, un joueur du RBC, alors amateur. Verhaegen se rend à Roosendaal pour visionner HenkVos à plusieurs reprises. Le gamin n’avait que 17 ans et n’avait plus joué depuis six mois. Il fallait se faire une idée du personnage…

Verhaegen :  » Il était en fait affilié à Eindhoven. Le RBC m’a dit qu’il avait une mauvaise réputation, qu’il était un facteur de risque mais ça ne m’a pas rebuté, au contraire : il faut juste connaître le mode d’emploi. Il est arrivé au Nouvel An. Nous avons été champions de D3 puis de D2, l’année suivante. Après un semestre en D1, le Standard l’a enrôlé pour 750.000 euros. Nous l’avions payé 25.000 euros « .

Verhaegen s’occupa personnellement de Vos :  » Je lui ai donné du travail dans mon entreprise. Il livrait des cuisines et des salles de bains tous les matins. J’ai investi beaucoup de temps en lui car il avait eu une jeunesse difficile mais nul ne s’est jamais plaint de lui. Nous discutions plusieurs fois par semaine, de tout et de rien. Je le mettais en garde contre certaines choses « .

Henk Vos reconnaît aujourd’hui que Verhaegen a joué un rôle décisif :  » J’ai toujours écouté ses conseils. J’étais toujours à temps pour partir en camionnette. Beaucoup de jeunes sous-estiment ce qu’ils doivent faire un moment donné « . Quand Jos Verhaegen a quitté le Germinal, Vos a continué à lui envoyer des cartes de v£ux :  » Je lui avais dit qu’il pourrait toujours me téléphoner en cas de problème et il l’a fait en me demandant s’il pouvait effectuer un stage d’entraîneur au Germinal Beerschot. Et bien oui. Et comme on a découvert qu’il jouait toujours bien, on lui a offert un contrat de trois mois car nous manquons d’avants. Nous nous sommes sauvés sans lui mais que serait-il arrivé si, après la blessure de MoussaDembele, Cadu ou JurgenCavens avaient été indisponibles ? »

Le Germinal Beerschot

Henk Vos :  » Je suivais les cours d’entraîneur et je devais effectuer un stage. John Evers, mon manager, a contacté Verhaegen. Je devais seulement observer les entraînements. Je me suis présenté et le premier jour, j’ai observé la séance de la ligne puis l’entraîneur des gardiens, Pier Theys, m’a demandé un coup de main. J’ai shooté dans quelques ballons, sous le regard du président. Je n’ai rien demandé mais j’aime toujours jouer…  »

Vos n’a pas retrouvé beaucoup de connaissances du passé.  » Avec tout mon respect, je ne pense pas avoir jamais entendu parler d’un de ces joueurs. Je connaissais Jos Verhaegen, Pier Theys et le scout, Rik Van Goethem « .

Il s’est aisément intégré :  » Je peux dire qui je suis et que je vais montrer ce qu’il faut faire mais si je suis dans un mauvais jour, je le dis aussi. Je mets de l’ambiance en dehors du terrain. Il le faut bien : je suis le seul Néerlandais ! Je n’avais arrêté à Oss que depuis trois ou quatre semaines. Je n’avais donc pas perdu ma condition. Je ne suis plus aussi rapide qu’avant mais je me démarque plus facilement grâce à mon expérience. Je devais aider le club à se maintenir. Mon rôle était clair : entrer au jeu, tenter de conserver le ballon en pointe et soutenir l’avant. J’y suis parvenu et je suis heureux d’avoir vécu ça mais j’aurais voulu jouer plus. Je me demande comment ce serait si je pouvais entamer la saison et si je tiendrais jusqu’au bout « .

Le football est différent des Pays-Bas :  » La Belgique s’appuie sur une organisation très défensive. Mes compatriotes sont plus ouverts, évoluent généralement en 4-3-3. La différence me frappe plus qu’avant mais ne me gêne pas. Pourquoi une équipe qui se bat pour prendre des points ne pourrait-elle pas être défensive ? Un joueur doit aussi s’effacer devant l’intérêt de l’équipe « .

Il décèle des talents en Belgique.  » Comme mon coéquipier défenseur Pieter-Jan Monteyne. S’il poursuit sur sa lancée, il doit être candidat international sur le flanc gauche. Jonathan Blondel est un joueur fantastique aussi « .

Le Standard

Vos a fêté ses débuts au Standard en 1990 par une belle performance en Coupe, à Gand, mais a été confronté à l’ancienne limitation à trois du nombre d’étrangers en championnat.  » Trois joueurs formaient l’axe central du Standard : Guy Hellers, LjubomirRadanovic et Frans Van Rooij « . Il a passé six mois au FC Metz puis Arie Haan a succédé à George Kessler.

Arie Haan précise :  » Le Standard n’en voulait plus. Henk a toujours eu des problèmes avec ses entraîneurs et ses clubs. Je suis parvenu à le conserver, heureusement, car il disposait de qualités incroyables. Il avait un pied gauche en or, était rapide, fort de la tête et disposait d’un bon bagage technique. Que voulez-vous de plus ? Une chose lui faisait défaut : la stabilité et le calme en dehors du terrain. Je m’en occupais beaucoup à l’entraînement. De pur attaquant, il est devenu un ailier gauche. Nous avons travaillé pendant des mois, durant les séances collectives mais aussi individuellement. Il assimilait tout et le courant passait bien. Je savais d’où il sortait. Il fallait constamment l’avoir à l’£il. Je ne veux pas entrer dans les détails mais il faut savoir le prendre. Il doit sentir qu’on le respecte « .

Vos le reconnaît :  » Je me reposais sur mon talent. Il fallait donc veiller à ce que je reste affûté « .

Vos s’entendait bien avec ses collègues, selon Stéphane Demol :  » Henkie était un bon gars, pas un de ces Hollandais qui sait tout mieux que les autres. C’était un homme avec lequel jouer et vivre était agréable. Après les matches, nous sortions à cinq ou six. Henkie nous accompagnait mais ne prenait pas l’initiative. Quand il n’avait pas prévu d’argent, nous le lui avancions. Je ne sais pas d’où vient sa réputation d’enfant terrible. Plus jeune, il a fait du karaté ou du kick boxing mais il n’y a jamais eu d’incident « .

Vos :  » C’était pour canaliser mon énergie « .

La France

 » J’aurais mieux fait de rester plus longtemps dans un club mais la loi de l’offre et de la demande prévalait « , commente Vos.  » Je ne regrette aucune décision, même pas mon départ du Standard pour Sochaux. J’étais proche d’un accord avec Duisburg mais Sochaux m’offrait plus. La vie en France me plaisait moins. Avec les enfants, nous vivions selon nos coutumes néerlandaises, en faisant tout à heure et à temps. Le soir à cinq heures, nous étions à table alors que les Français ne prenaient pas encore l’apéritif. J’ai découvert à quel point les gens pouvaient être relax mais ce n’est pas mon truc. Quand nous avions entraînement à dix heures, je me retrouvais souvent seul dans le vestiaire à dix heures moins cinq « .

Les Pays-Bas

C’est Haan qui l’a arraché à la France :  » Je l’ai transféré à Feyenoord alors qu’il était sur une voie de garage à Sochaux. Son éternel problème : son manque de stabilité. Après un début difficile à Feyenoord, il a trouvé ses marques puis il a joué en chaussures blanches. Ce n’était pas une bonne idée…. Dès cet instant, il n’était plus bon à rien aux yeux du public « .

Haan soupire :  » Il aurait pu retirer davantage de sa carrière, comme un autre joueur de Feyenoord, Henk Fraser. Il avait des possibilités aussi mais il fallait le tenir à l’£il « .

Vos :  » J’ai connu ma meilleure période au Standard. Pourtant, mes années à Feyenoord sont les plus belles de ma carrière : à chaque match, je me produisais devant 40.000 personnes. J’ai été champion, j’ai disputé la Ligue des Champions. Par contre, j’ai eu une plus grande part dans le succès du Standard. Le noyau de Feyenoord était étoffé et je faisais souvent banquette tandis qu’au Standard, j’étais important. Quand j’éprouve ce sentiment, je le rends au centuple. Ensuite, passer de Feyenoord à Den Bosch ne constituait pas un recul à mes yeux. Je ne jouais plus à Rotterdam. J’aurais pu me contenter de compter mon argent mais je voulais jouer. Feyenoord préférait me louer à Heerenveen et moi, je n’avais aucune envie de passer six mois en Frise. Den Bosch a malheureusement été relégué. Je suis retourné au RBC, chez moi. Beaucoup pensaient que j’avais bouclé la boucle, que j’y achèverais ma carrière. Il n’a pu m’offrir un contrat de longue durée et le NAC, qui allait être européen, s’est manifesté. A 35 ans, j’ai relevé ce défi. Ce que je n’ai pas fait pour l’argent.

Ici, j’ai retrouvé Orlando Engelaar, avec lequel j’avais joué en équipe B à Feyenoord. Je n’ai jamais compris que pareil footballeur se retrouve dans le noyau B au Kuip. Il était fantastique au NAC et je suis content qu’il jouisse d’une grande liberté à Genk où l’entraîneur ne lui impose pas de carcan tactique. S’il deviendra international néerlandais ? Il se fait oublier en Belgique… Cela m’est arrivé aussi. On m’a visionné l’une ou l’autre fois au Standard mais sans que ça se concrétise « .

L’avenir

Combien de fois n’a-t-il pas clamé qu’il ne serait jamais entraîneur ? Il rit :  » Souvent, parce qu’il me semblait difficile d’effectuer des choix, de renvoyer des joueurs dans la tribune. Je sais l’effet que ça fait. Je ne supporte pas l’injustice. Je deviens fou quand on me refuse un corner par erreur. Je n’ai pas changé. J’enrage quand je vois un joueur du Cercle injustement exclu alors que c’est un coéquipier à lui qui a commis la faute. Heureusement, les cours d’entraîneur nous apprennent à gérer ces situations « .

Top Oss l’a incité à suivre ces cours :  » Il m’a offert une perspective attrayante quand le NAC n’a pas prolongé mon contrat : jouer tout en m’impliquant dans la formation des jeunes. Je suis reconnaissant au club de m’avoir ouvert cette possibilité mais nos idées divergeaient. Si on m’engage comme numéro neuf, il ne faut pas m’aligner sur le flanc gauche. J’y ai évolué pendant six mois. Je devais réaliser des actions puis délivrer des passes. Je n’en pouvais plus, je n’apportais plus rien à l’équipe. Je n’avais plus envie de m’entraîner. On a le temps de réfléchir, quand on parcourt quotidiennement 110 kilomètres aller et autant pour rentrer. J’avais toujours dit à ma femme que je raccrocherais si je perdais l’envie de m’entraîner. Après notre victoire en Coupe contre le RKC, je lui ai dit : – J’arrête. J’ai prévenu le club. Aucun autre ne s’est présenté. Comme je voulais encore jouer, j’ai pensé le faire à Nieuwmoer, à un niveau inférieur « .

Il obtiendra son diplôme en juin mais ne se voit pas encore entraîneur. En juin, Vos et Verhaegen discuteront une éventuelle collaboration la saison prochaine.  » Je reste passionné par le football. Je voudrais continuer à jouer, au Germinal Beerschot, dans un autre club belge de D1, voire même plus bas. Qui dit que le Germinal Beerschot sera le dernier club de ma carrière de joueur ? »

Geert Foutré

 » Vos aurait dû RETIRER BEAUCOUP PLUS de sa carrière  » (Arie Haan)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire