Il y a un an, Ypres était demi-finaliste de la Coupe Korac. Que reste-t-il de cette fabuleuse aventure?

On a rencontré Yves Dupont (27 ans, pivot international, Bree), Herbert Baert (26 ans, ailier international, Liège), Pieter Van Hoecke (23 ans, jeune distributeur, Louvain) et Jef Van der Jonckheyd (19 ans, espoir du basket belge, Anvers).

Ypres

1. Que reste-t-il de l’expérience yproise?

Dupont: Cela n’arrive pas chaque année qu’une équipe belge atteint les demi-finales d’une coupe européenne. C’était extraordinaire, mais je reste sur ma faim. Nous avions les moyens de jouer la finale contre Malaga. Notre meilleur match fut joué lors du… tour préliminaire, contre Gérone. Nous avons ensuite émergé d’une poule qui comprenait Malaga, Le Mans et Strasbourg. Fantastique! En huitièmes de finale, Caceres est passé à la trappe. Deux matches nuls et victoire en Espagne après prolongation! En quarts, nous avons éliminé les Italiens de Trieste. Un autre exploit! Vrsac, notre adversaire en demi-finales, était une bonne équipe yougoslave… mais pas irrésistible. Dommage! Dommage aussi que l’équipe ait explosé suite aux problèmes financiers, car il y avait moyen de construire quelque chose de grand.

Baert: Sportivement, une expérience fabuleuse jusqu’au mois d’avril! L’équipe était un peu sur le déclin lorsque nous avons rencontré Vrsac en demi-finales, pour les raisons que l’on connaît. Heureusement, tout le monde est retombé sur ses pattes.

Van Hoecke: Ce qu’il reste, ce sont surtout de solides liens d’amitié. Lorsque je joue contre Michael Huger, Herbert Baert, Roger Huggins ou d’autres, j’ai l’impression de retrouver un membre de la famille. Le clan s’était formé à Anvers et s’est raffermi avec le titre en 2000, le déménagement vers la cité des chats, l’aventure européenne… J’ai gardé le contact avec tous mes anciens partenaires. J’ai emmagasiné des souvenirs que je n’effacerai jamais. En demi-finales contre Vrsac, j’ai disputé l’un de mes meilleurs matches. J’ai énormément appris à Ypres en me frottant à des adversaires de niveau international, en affrontant Michael Huger à l’entraînement, en écoutant les conseils d’Eddy Casteels et de l’assistant Luc Smout. Mais actuellement, j’attends toujours le payement de mes arriérés de salaires.

Van der Jonckheyd: Je n’étais encore qu’un junior à Ypres et j’ai surtout vécu l’aventure européenne depuis le banc. Actuellement, le sommet de ma carrière reste toujours le Nike Basketball Camp à Barcelone, avec la crème des jeunes basketteurs européens et des coaches prestigieux, dont certains venus de NBA et de NCAA. Si j’ai choisi d’accompagner les « champions anversois » dans leur déménagement vers Ypres, c’était uniquement pour travailler avec Casteels et son adjoint Smout. Etant étudiant à Malines et vivant encore chez mes parents à Wuustwezel, je n’avais aucune autre raison de m’exiler. Je ne l’ai pas regretté.

La saison 2001-2002

2. Etes-vous heureux dans votre club actuel?

Dupont: Bree est grande équipe en devenir. J’ai un peu dû adapter mon jeu, car à Bree la transition est très rapide, beaucoup de shoots à distance et donc un jeu intérieur moins élaboré. Mais je m’y suis fait, et aujourd’hui, je pense avoir retrouvé un bon niveau. Bree est une équipe ambitieuse, la nouvelle salle en atteste et l’arrivée prochaine de Matthias Desaever le démontre également.

Baert: Je n’ai jamais regretté d’avoir opté pour Liège. Avec Michael Huger et Eric van der Sluis, j’ai conservé un petit bout d’Ypres à mes côtés. On peut considérer qu’après avoir disputé une demi-finale européenne, j’ai effectué un pas en arrière, mais j’ai joué une bonne saison. J’ai retrouvé ma place de prédilection au n°4 et j’ai découvert un club à l’ambiance chaleureuse. Les dirigeants sont très proches comme à Ypres, beaucoup moins à Anvers.

Van Hoecke: Louvain était un choix délibéré parce qu’après avoir été longtemps le back-up d’un distributeur américain, j’avais envie de former la paire avec un meneur de jeu belge. Histoire de partir à égalité de chances, ou presque. Louvain a évidemment connu une saison chahutée. Notre place en fond de classement n’est guère brillante. Et j’ai travaillé avec trois mentors différents en une seule saison. Mais j’ai pu montrer mes capacités en match. C’est bien pour un jeune. Et le fait d’avoir déjà connu, à mon âge, les joies d’un titre et le stress d’une lutte pour le maintien, m’a fortifié mentalement.

Van der Jonckheyd: Je suis le seul joueur qui soit revenu à Anvers et je ne l’ai pas regretté, car j’ai d’emblée été intégré aux dix joueurs alors que j’avais très peu prouvé jusque-là, hormis dans les catégories d’âge. Tony Van den Bosch m’a très vite pris en charge et mon temps de jeu n’a cessé de croître. Il est même devenu assez important lorsque Pieter Loridon s’est blessé. J’ai lu qu’Ostende et Charleroi s’intéressaient à moi. Avoir l’étiquette de grand espoir du basket belge ne signifie rien aussi longtemps que l’on n’a pas confirmé. Je continuerai donc à m’entraîner et j’aimerais aussi terminer mes études avant de quitter Anvers et d’embrasser la carrière de pro.

Le duel Ostende-Charleroi

3. Un favori dans la lutte pour le titre?

Dupont: Charleroi apparaît plus impressionnant, mais Ostende a pris la pole-position et s’il la conserve jusqu’aux playoffs, je lui accorderai les faveurs de mon pronostic. Aller gagner à l’Arena Mister V est très difficile. En outre, Casteels a réussi à faire d’Ostende un véritable bloc. Ce n’est pas un hasard si, chaque semaine, c’est un autre joueur qui s’érige en MVP. Je reconnais dans le jeu d’Ostende certains systèmes que nous appliquions déjà avec Anvers et Ypres. Avec Casteels, tout le monde connaît son rôle sur le bout des doigts.

Baert: Avec Liège, nous venons d’aller gagner à La Coupole alors que nous avons pris la leçon à Ostende. Sur ces matches-là, il n’y avait pas photo mais d’ici les playoffs, tout peut avoir changé. Charleroi était en crise lorsque nous l’avons battu. Il n’empêche: je pencherai tout de même pour Ostende. Surtout depuis le retour de Tomas Van den Spiegel. Les Côtiers ont une équipe plus complète, plus équilibrée. Il manque un centre de haut niveau chez les Spirous. Il y a beaucoup trop de n°4. J’ai l’impression qu’à Charleroi, il y a beaucoup de talent, mais… pas d’équipe!

Van Hoecke: Ce qu’Eddy a réalisé à Ostende en très peu de temps porte la griffe d’un très grand coach. D’un autre côté, le potentiel de Charleroi me semble supérieur. Entre les deux, le choix est difficile, mais Ostende semble mieux équilibrée. Ce qui caractérise Casteels, c’est sa force de travail, sa discipline tactique et sa faculté à rendre tout le monde concerné par l’équipe. J’ai l’impression qu’à Charleroi, Louis Rowe dispose d’une plus grande liberté d’action qu’à Ypres. Cela peut paraître paradoxal alors que les systèmes tactiques de Giovanni Bozzi sont réputés complexes. En revanche, je trouve qu’il a éprouvé un peu de mal à s’adapter au jeu de Jacques Stas. Après avoir été servi pendant des années par Michael Huger, un distributeur qui fait jouer les autres, il doit évoluer aux côtés d’un joueur belge qui est d’abord un marqueur. Roger Huggins est toujours le même: il faut lui donner le ballon dans la raquette et il se débrouillera. Dans cette lutte pour le titre, n’oublions tout de même pas Bree. Et je ne dis pas cela uniquement parce que mon frère y joue.

Van der Jonckheyd: C’est curieux de retrouver mon ancien coach et deux de mes anciens partenaires dans des camps opposés. Je serai heureux pour Casteels si Ostende remporte le titre, mais je le serai tout autant pour Rowe et Huggins si Charleroi était champion. Ostende et Charleroi sont deux grandes équipes. Je suis surpris par les prestations des Côtiers, car sur papier, les Spirous sont supérieurs. Mais Casteels n’a pas son pareil pour motiver ses joueurs et travailler, tant individuellement que collectivement, avec eux. Charleroi a des joueurs expérimentés… et assez âgés, c’est peut-être un handicap. Mais il y a tellement de talent!

Daniel Devos, ,

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