10 TEAMS 20 PILOTES

FERRARI

L’armée rouge du général Jean Todt demeure la référence absolue : six titres consécutifs des constructeurs, cinq chez les pilotes grâce à un chef de file emblématique. Quels dangers guettent la Scuderia ? L’usure du pouvoir, peut-être. Quoique, le patron excelle dans l’art de maintenir la motivation de ses hommes. Un loupé technique, alors ? Là non plus, on n’y croit guère. Cependant, aucune écurie n’est à l’abri d’une erreur de jugement et la refonte des règlements a contraint les ingénieurs à revoir fondamentalement leur copie. Par ailleurs, Rory Byrne qui a dessiné les dernières voitures rouges, prend peu à peu du recul avant de quitter définitivement la scène en 2006 et il a laissé à son adjoint Aldo Costa l’essentiel des responsabilités pour la F2005. Ferrari débutera la saison avec la 2004 M, une version améliorée de la championne, l’entrée en lice de sa nouvelle arme n’étant programmée pour le début de la campagne européenne.

1 : Michael Schumacher GER, 211 GP, 83 victoires, 7 fois champion du monde (1994, 1995, de 2000 à 2004)

2 : Rubens Barrichello BRA, 198 GP, 9 victoires

Moteur : Ferrari

Pneus : Bridgestone

+ : La loi des séries, un formidable potentiel technique et humain, la force du trio Jean Todt (directeur) û Ross Brawn (manager et tacticien) û Rory Byrne (directeur technique), un budget costaud, l’appui inconditionnel de Bridgestone, un pilote au-dessus du lot et un équipier dont bien des teams se contenteraient comme leader.

– : L’usure du pouvoir, peut-être

BAR-HONDA

Révélation de la saison 2004, la formation anglo-japonaise se trouve devant un énorme défi : faire mieux, donc gagner ! C’est vrai aussi pour Jenson Button, qu’on espère sorti indemne d’un mauvais feuilleton juridico-sportif (il voulait partir chez Williams mais a été obligé de rester chez BAR). L’organigramme du team a été modifié suite au départ de David Richards et à la prise de participation majoritaire de Honda. Le motoriste nippon veut retrouver sa splendeur passée et, accessoirement, infliger une sérieuse défaite à son rival national Toyota. Son V10, très puissant, a semblé fragile lors des séances d’avant saison ; un élément important en fonction de l’entrée en vigueur de la règle des deux GP avec le même moteur. Rayon pilotes, le tandem 2004 est reconduit. Button doit décrocher une première victoire… qui peut en appeler d’autres. Takumo Sato, auteur de quelques sorties de piste cet hiver, doit se montrer plus constant. Pour devenir un nouveau dieu dans son pays, il lui  » suffit  » d’être le premier Japonais à gagner un GP.

3 : Jenson Button ENG, 84 GP

4 : Takuma Sato JPN, 36 GP

Honda

Michelin

+ : Gros potentiel technique de Honda désormais majoritaire dans le team, moteur puissant, pilotes brillants et volontaires.

– : V10 fragile lors des tests, mise à l’écart de Richards, pilote n°2 parfois trop fougueux.

RENAULT

Patrick Faure, le patron de l’écurie française, a clairement désigné les objectifs :  » Gagner des courses en 2005, décrocher le titre en 2006 !  » Les troupes managées par le bellâtre italien Flavio Briatore ne peuvent se louper. Si l’on se base sur le verdict des essais d’avant saison, la nouvelle Renault R25 est très bien née et doit jouer les tout premiers rôles. Attention cependant au fossé qui peut séparer les tests de la compétition proprement dite… Le duo Alonso-Fisichella ne manque pas d’allure mais sa complémentarité ne saute pas aux yeux : ils sont deux formidables battants et chacun rêve d’imposer ses vues à l’autre. Pression supplémentaire sur le team : Carlos Ghosn, le nouveau PDG, débarque chez Renault après avoir brillamment relancé Nissan. Et cet Argentin ne fait pas de sentiments : l’engagement en F1 ne se justifie que s’il contribue à faire vendre des voitures. Mieux vaut gagner, sans quoi il faudra rendre des comptes.

5 : Fernando Alonso ESP, 51 GP, 1 victoire

6 : Giancarlo Fisichella ITA, 141 GP, 1 victoire

Renault

Michelin

+ : Châssis R25 très efficace, bonne exploitation des Michelin, pilotes ambitieux et performants.

– : Obligation de résultats, grosse pression venue  » d’en haut « , rivalité entre les deux pilotes.

WILLIAMS

Tout est nouveau, ou presque, au sein de l’écurie anglo-allemande : le châssis FW27 doit faire oublier son aîné très innovant mais peu performant, le V10 BMW est proposé dans une déclinaison un rien moins puissante mais capable de tenir deux GP, et last but not least, Mark Webber et Nick Heidfeld sont appelés pour la première fois dans un top team, le longiligne Australien et son ailier allemand ne pourront plus se contenter de signer l’un ou l’autre coup d’éclat, on les attend dans le groupe de tête. Le premier a tout d’un futur grand : pointe de vitesse, force mentale, compétences techniques et belle gueule. Son équipier a été poussé par BMW qui voulait un Allemand dans la pièce. Moralement blindé après ses passages chez Jordan, il brûle de montrer aux dirigeants de… Mercedes qu’ils ont eu tort de ne pas lui faire confiance. Reste que la gestion des ressources humaines n’est pas la tasse de thé du patron Frank Williams et de son bras droit Patrick Head.

7 : Mark Webber AUS, 50 GP

8 : Nick Heidfeld GER, 84 GP

BMW

Michelin

+ : Pilotes motivés et moralement solides, moteur performant, envie de renouer avec les sommets.

– : Compétitivité du châssis restant à prouver, gestion humaine.

McLAREN

La période de vaches maigres doit impérativement se terminer pour les Gris. Ron Dennis le patron de McLaren et Norbert Haugg son sémillant alter ego chez Mercedes comptent sur la nouvelle MP4-20 a priori mieux réussie que sa devancière. Ils comptent surtout sur un duo mariant la glace de Kimi Raikkonen et le feu de Juan-Pablo Montoya. Le Finlandais est insensible à la pression, mais ses récentes frasques extra sportives (des soirées très arrosées à Ibiza et à Londres) ont montré qu’il était plus humain qu’on ne le pensait. Et au volant, c’est un dur à cuire. Le second, héros de toute la Colombie, rêve de bouffer du Schumi à tous les GP et n’a peur de rien. Globalement, ce team demeure une valeur sûre, Schumi en fait même le principal adversaire de Ferrari.

9 : Kimi Raikkonen FIN, 68 GP, 2 victoires

10 : Juan-Pablo Montoya COL, 68 GP, 4 victoires

Mercedes

Michelin

+ : Blason à redorer, motivation, moyens financiers, pilotes  » explosifs  »

– : Dernières saisons difficiles, pilotes… trop  » explosifs  »

SAUBER

L’équipe suisse prend peu à peu ses distances vis-à-vis de Ferrari, notamment en quittant Bridgestone pour rejoindre Michelin et en annonçant qu’en 2006, ses monoplaces ne seront plus propulsées par un bloc made in Maranello. Disposant désormais d’une soufflerie dernier cri, les ingénieurs Sauber ont innové sur la C24 mais les deux pilotes ont peiné lors des séances préliminaires. Après un lamentable retour aux affaires avec Renault en 2004, Jacques Villeneuve doit redresser la tête sous peine d’être catalogué de champion du monde au rabais. Felipe Massa a intérêt à terminer des courses ailleurs que dans les barrières de sécurité. Bref, cette saison 2005 est capitale pour Sauber qui peut y gagner une place parmi les top teams ou revenir à la case départ.

11 : Jacques Villeneuve CAN, 133 GP, 11 victoires, champion du monde 1997

12 : Felipe Massa BRA, 34 GP

Ferrari (rebaptisé Petronas)

Michelin

+ : Appui de Ferrari (dernière année), pilotes sympas, écurie  » familiale  » et soudée.

– : Aérodynamique peut-être trop innovante, adaptation aux Michelin, pilotes capables du meilleur comme du pire.

RED BULL

Au terme d’un long feuilleton, le géant de la boisson énergétique a racheté la défunte écurie Jaguar. Le défi que se lance Dietrich Mateschitz, le patron de Red Bull, est colossal : il veut réussir là où le groupe Ford s’est planté. Son écurie fait souffler un vent nouveau sur la F1, y apportant une dose de fun et de glamour tout en abordant sa première saison avec sérieux et humilité. Sera-ce suffisant pour durer ? L’avenir le dira. On notera que plusieurs pions majeurs de l’équipe Jaguar ont été remplacés par de nouvelles têtes, ce qui peut nuire à l’homogénéité de l’ensemble. Avec David Coulthard, Red Bull formation joue la carte de l’expérience et l’Ecossais semble avoir retrouvé une seconde jeunesse dans cet environnement. Christian Klien pourtant peu convaincant sur la Jaguar en 2004 û sera son ailier pour les premiers rendez-vous mais l’Italien Vitantonio Liuzzi, très saignant en F3000, est prêt à prendre sa place.

14 : David Coulthard SCO, 175 GP, 13 victoires

15 : Christian Klien GER, 18 GP

Cosworth

Michelin

+ : Motivation, humilité, expérience de Coulthard.

– : Nombreux changements dans le team, rivalité Klien-Liuzzi, organigramme peu clair.

TOYOTA

Selon certaines sources, le budget engagé par le constructeur japonais est le plus élevé de toute la F1. Mais jusqu’ici, les résultats n’ont pas suivi et en haut lieu, on s’impatiente. Toyota a (encore) délié les cordons de sa bourse afin de débaucher le designer anglais Mike Gascoyne chez Renault et d’attirer deux pilotes ayant déjà gagné en F1. Ils se montrent raisonnablement optimistes quant à leurs chances de succès, espérant que le défaut majeur de la monoplace 2005 û elle use très vite ses pneus arrière û sera corrigé pour le premier GP.

16 : Jarno Trulli ITA, 128 GP, 1 victoire

17 : Ralf Schumacher GER, 127 GP, 6 victoires

Toyota

Michelin

+ : Budget colossal, recrutement d’hommes d’expérience, pilotes brillants.

– : Lourdeur de la structure, pilotes au moral inconstant, impatience palpable de la direction.

MIDLAND

La formation irlandaise aurait sans doute disparu si Eddie Jordan n’était pas parvenu à la vendre à Alex Shnaider, un jeune businessman russe devenu très riche rapidement. Ce nouveau boss compte aligner en 2006 des monoplaces conçues par Dallara et portant le nom de son groupe Midland. Mais en rachetant l’écurie Jordan, il économise les droits d’entrée en F1 et touche d’emblée une part des droits TV. Cela dit, l’aventure donne un arrière-goût d’improvisation : la voiture est une Jordan 2004 juste adaptée au nouveau règlement et propulsée par un V10 Toyota, le team est dirigé par l’Anglais Trevor Carlin surtout connu en F3 et les deux pilotes sont de purs néophytes puisque Tiago Monteiro et Narain Karthikeyan peuvent juste se prévaloir de quelques performances dans les World Series by Nissan. Mais ils sont commercialement intéressants, surtout le second nommé qui devient le premier Indien à s’aligner en GP. Et l’Inde fait rêver les hommes d’affaires…

18 : Tiago Monteiro POR, 0 GP

19 : Narain Karthikeyan IND, 0 GP

Toyota

Bridgestone

+ : Un budget a priori correct.

– : Pilotes, management, direction, rien que des néophytes.

MINARDI

Traditionnel petit poucet de la F1, ce team continue vaille que vaille son parcours avec des budgets dérisoires. D’où l’obligation absolue de trouver des pilotes payants (10 à 12 millions d’euros…), en l’occurrence le Hollandais Albers û brillant en DTM l’an passé û et l’Autrichien Friesacher vu surtout en F3000. Preuve supplémentaire d’un cruel manque d’argent, Chanoch Nissany, un Israélien de 42 ans totalement inconnu, s’est  » acheté  » la place de pilote d’essai… Par rapport à Bas Leinders, on croit rêver. Une nouvelle voiture est annoncée pour le début de la saison européenne mais Minardi restera en fond de grille. Et si l’un des pilotes marque ne fut-ce qu’un point, on pourra parler de miracle.

20 : Christian Albers NED, 0 GP

21 : Patrick Friesacher AUT, 0 GP

Cosworth

Bridgestone

+ : La passion, un pilote (Albers) qui peut surprendre.

– : Le manque d’argent, une lacune rédhibitoire en F1.n

Eric Faure

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