10 FONDAMENTAUX

Pendant 8 mois, les géants du pays de l’Oncle Sam vont une fois de plus nous en mettre plein la vue.

1 Des Spurs toujours saignants

Les San Antonion Spurs sont champions et le seront encore au terme du prochain exercice. Du moins, si on en croit tant les bookmakers de Las Vegas que la grande majorité des observateurs. Les Spurs incarnent l’équilibre et la stabilité. Depuis leur premier titre national en 99, ils ont chaque fois atteint les playoffs et remporté deux autres trophées. Le club est géré avec sagesse. Ses trois meilleurs joueurs – et quels joueurs ! – Tim Duncan (PF), Manu Ginobili (SG) et Tony Parker (PG) se connaissent et s’entendent parfaitement. Ils ont d’ailleurs rempilé au moins jusqu’à la campagne 2009-2010. Leur inamovible entraîneur, Gregg Popovich, aux commandes depuis dix ans, est celui par qui tout arrive. Plutôt effacé par rapport à la plupart de ses collègues, on lui reconnaît cependant deux passions : la rigueur défensive et l’ambiance familiale du club.  » Si vous ne savez pas défendre, vous ne jouez pas. Et si vous ne savez ou ne voulez pas vous fondre dans le groupe, c’est encore plus élémentaire : vous faites vos valises « .

Pour faire encore plus fort cette saison, les Texans n’ont laissé partir aucun joueur et ont engagé Fabricio Oberto (PF), membre de l’équipe nationale argentine championne olympique. (Ainsi que Ian Mahinmi un jeune PF (18 ans) du Havre qui n’arrivera en NBA que l’an prochain.)

2 Des Pistons à plein régime

Pour la première fois depuis une quinzaine d’années, la NBA abrite deux dynasties potentielles dans chacune de ses deux Conferences. L’alter ego de San Antonio, c’est Détroit. Les Pistons, sacrés champions en 2004, s’annoncent comme les plus sérieux adversaires des Spurs pour le titre national et celui d’équipe de la décennie. Ils utilisent d’ailleurs les mêmes armes : profondeur, équilibre et constance. Le cinq de base, particulièrement soudé et vainqueur de la Conference Est, est reconduit : Chauncey Billups (PG), Richard Hamilton (SG), Tayshaun Prince (SF) et les deux Wallace, Rasheed (PF) et Ben (C ).

Il reste à savoir si le nouvel entraîneur, Flip Saunders – en provenance de Minneapolis où il s’est occupé des Timberwolves pendant 10 ans – sera capable de driver ce quintette comme l’a fait le maître ès basket, Larry Brown, parti à New York.

Personne ne met en doute ses compétences techniques, mais beaucoup s’interrogent sur le style de jeu qu’il va prôner.

3 Larry Brown revient à NY

Il a toujours rêvé tout haut d’un jour pouvoir entraîner les Knicks. C’est fait. Après 33 saisons à la tête d’équipes universitaires et professionnelles (huit clubs différents), Larry Brown monte enfin à New York, sa ville d’origine. Ça c’est le beau côté de la médaille. Le revers est nettement moins reluisant : malgré son expérience, son intelligence et sa sagesse, on lui prédit un parcours de combattant à la tête d’une équipe composée de bric et de broc par l’ancien joueur des Pistons Isiah Thomas, devenu un general manager à la prise de risques pas toujours calculés. Une forte personnalité, aussi, qui parvient à tout dissimuler derrière un gentil sourire. Pas impossible que le jeune loup se heurte au vieil ours si tout ne fonctionne pas comme espéré et que le choc ne laisse des traces.

Depuis 2001, les Knicks n’ont jamais gagné plus de 50 % de leurs matches. Ils devraient toutefois pouvoir faire mieux cette saison avec l’adjonction de Quentin Richardson (SG) et Nate Robinson (PG, Phoenix) ainsi que celle de l’immense Jerome James (SF, 2,16 m. – Seattle)

4 On attend les rookies

Immanquablement, chaque saison révèle un rookie qui marque le championnat de son empreinte. L’an dernier, ce fut Emeka Okafor (C, Charlotte Hornets). Avant lui, on a pu admirer LeBron James (SF, Cleveland), Amare Stoudemire (PF, Phoenix), Pau Gasol (C, Memphis)… Le titre de bleu de la saison mérite qu’on s’y attarde, car il a très souvent consacré un joueur qui allait devenir star : Patrick Ewing ( C), Wilt Chamberlain ( C), Michael Jordan (SG), Vince Carter (SG), Shaquille O’Neal (C ), Grant Hill (SF), Larry Bird (SF)…

Cette fois, il devrait se jouer entre trois Américains issus de la ligue universitaire : Chris Paul (PG, Wake Forest), Andrew Bogut (C, Utah), et Deron Williams (SF, Illinois). Sélectionné en quatrième position par New Orleans, Paul devrait s’imposer d’emblée dans l’équipe de base des Hornets et peut-être même réussir à faire oublier Byron Davis grâce à la complétude de son jeu. Du haut de ses 7 pieds (2,13 m.), Bogut est attendu comme le Messie à Milwaukee, en chute libre depuis 2001. Quant à Williams, il devrait lui aussi rapidement trouver ses marques à Salt Lake City.

5 Le retour du Zen Master

Pas moins de 10 entraîneurs sur 30 ont changé d’adresse durant l’entre saison. Parmi eux, Phil Jacksonhimself qui interrompt sa retraite pour reprendre du service à Los Angeles. L’événement est de taille. D’un point de vue humain tout d’abord. Il consacre un courageux mea culpa, celui du propriétaire des Lakers, Jerry Buss, qui un an après avoir congédié le Zen Master, avoue qu’il s’agissait d’une grossière erreur. Il marque aussi une belle réconciliation entre Jackson et Kobe Bryant (SG), deux hommes qui se sont froidement et longuement déchirés par voie de presse. D’un point de vue sportif, le retour au bercail est un fameux défi. Après avoir remporté trois titres coup sur coup (2000, 2001 et 2002) sous l’ère Jackson, les Lakers sont revenus sur terre, tête la première. Le départ de Shaquille O’Neal vers Miami au printemps 2004 leur fut fatal puisqu’ils ne remportèrent ensuite que 34 rencontres sur 82.

On pense que Jackson va en revenir à son fameux triangle, qui avait fait fureur à Chicago. Avec Bryant dans le rôle de Michael Jordan, Lamar Odom (PF) dans celui de Scottie Pippen (SF) et une des trois tours ( Chris Mihm C, Andrew Bynum SG, Kwame Brown C) dans celui de Luc Longley (C ).

6 Où reste Kwame Browne ?

En quatre saisons au sein des Washington Wizards, Kwame Brown (C, 2,11 m – 110 kg) – le jeune protégé de Michael Jordan – n’est jamais parvenu à s’imposer et à justifier les grands espoirs placés en lui. En partie parce qu’il aime trop la vitesse, la boisson et la bagarre. Premier joueur directement issu de high school à être choisi en priorité, Kwame a aligné de pâles statistiques dans la capitale nationale : une moyenne par match de 7,7 points et 5,5 rebonds. Son transfert chez les Los Angeles Lakers sous la direction d’un entraîneur d’expérience doublé d’un fin psychologue devrait enfin lui permettre d’atteindre son meilleur niveau de jeu. A 23 ans, il n’est pas trop tard, mais il est temps. Une saison de plus à Washington l’aurait définitivement enterré.

7 Ron Artest veut rembourser

Les Indiana Pacers ont perdu leur âme ( Reggie Miller, SG) mais récupéré leur symbole : Ron Artest (SF). Après une suspension de 73 rencontres – et une perte salariale de 5 millions de dollars – pour avoir joué des poings avec des spectateurs lors d’un match contre Detroit l’hiver dernier, Indiana récupère un joueur armé de bonnes intentions :  » Il est temps que j’arrête de me conduire comme une tête brûlée et que je repaie les Pacers. Je leur dois un titre « .

A condition de rester sain de corps et d’esprit, Artest est bien capable de faire d’Indiana – qui a atteint les playoffs 15 fois au cours des 16 dernières saisons – un sérieux candidat au sacre.  » Il vaut 40 points par match « , explique Shandon Anderson (SG, Miami Heat).  » Il neutralise l’attaquant adverse et puis marque tranquillement ses 20 points « . Défenseur de l’année en 2004, il affichait aussi une impressionnante moyenne de 24,6 points par match avant sa suspension.

Pour épauler Artest, Larry Bird, président des opérations des Pacers, a engagé plusieurs joueurs de qualité : Danny Granger (SF) et surtout Sarunas Jasikevicius (SG). Le Lituanien, considéré comme un des tout meilleurs joueurs de l’Euroleague la saison dernière sous le maillot du Maccabi Tel-Aviv, sera utilisé comme point guard, en alternance avec Jamaal Tinsley (PG) qui doit prouver que sa blessure au pied n’est plus qu’un mauvais souvenir.

8 Lebron James sans couronne

La presse en a rapidement fait le prochain Jordan. Après deux saisons professionnelles, Lebron James (20 ans – 2,03 m. – 109 kg) s’inscrit dans la lignée du meilleur joueur de tous les temps. Au niveau individuel, il mène la ronde des Cavaliers dans six des huit catégories de stats dont celle des points inscrits : 27,2 soit la troisième meilleure moyenne du championnat derrière AllenIverson (SG – 30,7 et Bryant (27,6). Il est indiscutablement le meilleur small forward de la ligue.

Au niveau de l’équipe, c’est malheureusement une autre histoire pour lui. Cleveland n’a pas atteint les playoffs depuis 13 longues années. Soit le pire bilan derrière les Los Angeles Clippers et les Golden State Warriors. Une spirale négative que le club entend contrecarrer. Il a acquis un directeur, Danny Ferry, un coach, Mike Brown, et trois joueurs : l’immense Lituanien Martynas Andriuskevicius (C, 18 ans – 2,18 m. – 113 kg), Donyell Marshall (PF, Toronto) et surtout Larry Hughes (PG, Washington), capable d’apporter une vingtaine de points par rencontre et donc de monopoliser une bonne partie de l’attention des défenseurs adverses. Il est par ailleurs le leader 2004-2005 des interceptions (2,89 par rencontre).

Troisième entraîneur des Cavaliers en autant de saisons, Brown pourrait s’avérer être leur meilleur transfert en raison de ses connaissances défensives. S’il n’a jamais connu les honneurs d’être le numéro un d’un club professionnel, il a toutefois été à bonne école en qualité d’assistant de Gregg Popovich (San Antonio) et Rick Carlisle (Indiana).

9 L’exil forcé de New Orleans

Avec 18 victoires seulement, les New Orleans Hornets ont connu une saison 2004-2005 pénible. Celle qui démarre l’est déjà tout autant. Trois ans à peine après avoir déménagé de Charlotte (Caroline du Nord) pour s’installer dans la ville croissant, ils ont été forcés de reprendre à nouveau la route en raison de l’ouragan Katrina qui a endommagé leur stade. C’est Oklahoma City qui les accueillera au sein de la Ford Arena, un superbe hall de 19.675 places construit en 2002. Rebaptisés New Orleans/Oklahoma City Hornets, ils y joueront 35 matches et se produiront six fois sur le campus de la Louisiana State University de Bâton Rouge, dans le Pete Maravich Assembly Center. Pete (PG) était peut-être le basketteur le plus doué et le plus spectaculaire de l’histoire. Après avoir drainé des foules immenses durant sa carrière universitaire à LSU, il a assuré le show à Atlanta, New Orleans, Utah et Boston avant de disparaître en 1988 à l’âge de 41 ans.

Les Hornets éprouveront certainement pas mal de difficultés à séduire leur nouveau public. Ils ont certes acquis quatre nouveaux joueurs, dont Chris Paul – une véritable promesse – mais leur jeunesse devrait leur être fatale. Ils sont en pleine phase de reconstruction. Comme leur ville. Comme leur stade. Comme leur vie…

10 Une nouvelle image de la ligue

LA NBA intègre cette année une règle ayant exclusivement trait au look des joueurs… en-dehors des terrains.  » Nous avons un problème d’image « , a expliqué le commissaire David Stern.  » Nous devons projeter plus de sérieux et de professionnalisme, insister sur la disponibilité des joueurs et leur présentation « .

A ce sujet, Stern a fait très fort – et fort précis ! – en imposant un code d’habillement aux joueurs à chaque fois qu’ils sont engagés dans des activités officielles de l’équipe (rencontres, déplacements, actions sociales et caritatives…) : chemise à col ou col roulé, veston (quand le joueur est sur le banc ou dans les gradins), pantalon de ville. Obligation de porter des chaussettes et des chaussures fermées. Finis donc le look négligé, gangsta ou rap. Les casquettes et autres couvre-chefs sont interdits. Bannis aussi les accessoires tels médaillons, chaînes, lunettes de soleil et écouteurs.

Cette mesure qui s’accompagnera d’amendes et même de suspension en cas de récidive, ne fait pas que des heureux. A commencer par le rebelle Allen Iverson (Philadelphia 76ers) qui exige une prime d’habillement. Un comble quand on sait que le plus petit salaire annuel de NBA l’an dernier était de 322.500 euros. Un autre joueur pris à froid par cette mesure est Tim Duncan (San Antonio Spurs) :  » Je ne possède pas un seul costume !  » a-t-il déclaré, l’air embarrassé.

BERNARD GEENEN, À chicago

RÉVOLUTION : EN DEHORS DES TERRAINS, FINIS LES LOOKS NÉGLIGÉ, gangsta ou rap…

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