1 L’ARGENT

belgique: Sans nouveaux grands stades, les budgets sont plafonnés

Le budget moyen de nos clubs de D1 est de 11,3 millions : une augmentation d’un million par rapport à l’année dernière. Dans la plupart des cas, nos équipes sont restées plus ou moins au même niveau qu’en 2008-2009 ou ont légèrement haussé leurs dépenses (cf. cadre Mouscron). Deux clubs ont fait un gros effort : Bruges (de 18 à 22,5 millions) et le Standard (de 20 à 25 millions grâce aux rentrées annoncées de la Ligue des Champions). Anderlecht a coupé dans ses dépenses prévisionnelles, vu l’absence en Ligue des Champions : de 35 à 30 millions.

Les exemples à suivre ? Malines qui, la saison dernière, a terminé à une tranquille 10e place et a joué la finale de la Coupe avec 4,5 millions. Cette année encore, ce club bouscule les grands avec 5,8 millions. Il y a aussi Courtrai, qui s’est sauvé avec le plus petit budget (3 millions). A ne pas imiter : Genk, vainqueur de la Coupe mais seulement 8e en championnat et à nouveau mal parti cette saison ; 19 millions aussi bien en 2009-2010 qu’en 2008-2009.

Nous avons un championnat à trois vitesses. Avec quatre gros cubes (30 millions à Anderlecht ; 25 au Standard ; 22,5 à Bruges ; 19 à Genk), trois cylindrées moyennes (12,5 à Gand ; 9,5 à Charleroi et au Germinal Beerschot) et tous les autres qui sont de petits véhicules sans permis.

Nos grands clubs ont peu de chances d’augmenter fortement leur budget de fonctionnement à court terme.  » Il ne faut pas s’étonner que le Standard ait du mal à rivaliser avec un Arsenal qui a 10 fois plus de moyens « , dit Pierre François, le directeur général.  » Nous ne luttons pas à armes égales. Je ne vois pas de solutions miracles. Ce n’est pas en Belgique que les gros investisseurs étrangers vont venir placer leurs billes. Je ne suis même pas sûr qu’on ait encore assez d’investisseurs belges pour bien faire tourner le manège.  »

Solution possible : agrandir les installations.  » Un bon outil est indispensable pour progresser, mais il y a le péril de plomber la trésorerie en mettant beaucoup d’argent dans le stade « , poursuit François.  » En sports équestres, des gens achètent des camions de transport extraordinaires mais n’ont plus de sou pour acheter un bon cheval ! « 

Dans un club bien géré, la masse salariale (joueurs, staff sportif et équipe médicale) ne doit pas dépasser 40 à 45 % des dépenses totales. Anderlecht a les plus gros salaires (environ 1,2 million brut par an pour Mbark Boussoufa), Bruges et Genk ont aussi l’un ou l’autre joueur autour du million. Le Standard offre moins. A l’autre bout de l’échelle, Charleroi et le Cercle sont les équipes qui payent le moins bien. Beaucoup de joueurs y sont proches du salaire minimum légal : 1.500 euros bruts par mois pour les Belges et les communautaires. Pour les extracommunautaires, c’est 80.000 euros par an, mais tout compris (primes et avantages divers comme assurance groupe, voiture, appartement, etc.). Certains clubs offrent 300 euros par point alors que des Anderlechtois toucheraient dix fois plus. Les footballeurs sont taxés comme des employés normaux : les étrangers et les Belges installés à l’étranger ne sont plus protégés par la taxation à 18 % depuis janvier 2008.  » La Belgique est un des pays les plus taxés et ça fait réfléchir beaucoup de joueurs étrangers « , affirme un agent.  » On impose autant aux Pays-Bas et en France, mais les salaires y sont plus élevés.  »

Concernant la répartition des rentrées, le Standard a vécu comme ceci en 2008-2009 : 28,2 millions de chiffre d’affaires global ; 9,7 millions pour les abonnements et la billetterie ; 6,5 millions de droits TV ; 5,4 millions pour le sponsoring, la publicité et les VIP ; 2,1 millions pour le merchandising. Cette clé de répartition est valable dans la plupart des équipes, si ce n’est que le merchandising ne fonctionne que dans cinq ou six clubs.

Côté sponsoring, Anderlecht écrase tout le monde avec près de 5 millions versés annuellement par BNP Paribas Fortis. Dexia n’offre pas beaucoup moins à Bruges. Le Standard n’arrive pas à 3 millions, tous sponsors confondus. Un fossé énorme, donc, entre les champions d’un côté, Bruges et Anderlecht de l’autre.

Les clubs de D1 se partagent 44,7 millions en droits TV (+ 25 % par rapport au contrat précédent). Une première tranche (60 %) a été versée récemment, en tenant compte de classements des cinq dernières années : Anderlecht a reçu 2,5 millions, le Standard 2,4 millions, Charleroi 1,6 million, Courtrai 810.000 euros, etc.

étranger: Les droits TV qui nous condamnent

La D1 belge a un budget global de 180 millions d’euros. Les Pays-Bas, plus ou moins comparables géographiquement et démographiquement, ont une Eredivise à 410 millions ! Twente, qui joue actuellement la tête mais n’est pas un gros cube financier dans ce pays, est passé cette saison de 16 à 28 millions (presque autant qu’Anderlecht). Feyenoord, qui va construire un nouveau stade, vise les 100 millions. Mais tout n’est pas rose chez les Néerlandais : ils ont cumulé, la saison dernière, une perte de près de 35 millions. Et la banque sponsor d’AZ Alkmaar vient de s’écrouler. Alors que chez nous, le résultat d’exploitation d’ensemble est positif saison après saison.

En Suisse, on boxe dans la même catégorie qu’en Belgique : 20 millions pour le FC Bâle, 16 millions pour les Young Boys Berne, 12 millions pour le FC Zurich. Point noir : le Servette Genève vient de faire faillite.

Les budgets en Belgique et aux Pays-Bas sont de plus en plus ridicules par rapport à ceux des grands championnats : 422 millions pour le Real Madrid (mais une dette de 327 millions !), 400 millions pour le FC Barcelone, entre 200 et 300 millions pour la plupart des grosses équipes anglaises et allemandes. Un espoir pour les petits pays : Michel Platini veut  » combattre les dérives financières à crédit  » et vient de nommer Jean-Luc Dehaene comme shérif financier de l’UEFA. Pour payer moins d’impôts, c’est en Espagne qu’il faut jouer : environ 30 %. C’est 45 % en Italie. L’Angleterre passera de 40 à 50 % en avril 2010.

Les meilleurs clubs belges visent un agrandissement de leur stade pour se rapprocher des bonnes équipes européennes mais cela ne les aidera pas beaucoup car ce sont les droits télé qui font vraiment la différence. Les écarts sont saisissants. La D1 belge reçoit donc 44,7 millions. La Ligue 1 a 668 millions. La Premier League voit arriver 1,3 milliard. L’ Eredivise encaisse 81 millions. Le Real touche 135 millions : trois fois le montant de toute notre D1. Barcelone a 116 millions. Marseille encaisse 47 millions (l’équivalent du contrat Belgacom). Et Lens, champion de Ligue 2 en 2008-2009, a reçu 5,2 millions : pas beaucoup moins que le Standard…

par pierre danvoye

Je ne vois pas de solutions miracles pour avoir subitement plus d’argent. (Pierre François)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire