1 Belge sur 10 est obèse

Au-delà du haut niveau, il y a aussi le sport pour tous: quelle est la place effective du sport dans les programmes des partis politiques?

Même si en Belgique le sport relève pour l’essentiel de la compétence des Communautés et des Régions (pour les infrastructures) il ne peut être totalement ignoré par l’Etat fédéral car d’une part, il dépend encore pour partie de celui-ci (fiscalité, hooliganisme, etc.) et il exerce encore une tutelle sur certaines infrastructures sportives (notamment bruxelloises). Ensuite, au vu des multiples fonctions qui lui sont reconnues (éducative, santé publique, ludique, culturelle et sociale), l’Etat fédéral ne peut oublier une activité pratiquée en Belgique par plus de 3 millions de personnes (source Manifeste Olympique du COIB).

En dépit des récentes réussites sportives individuelles (notamment en tennis), on peut s’interroger sur l’actuelle santé « sportive » de la Belgique et donc sur les résultats de sa politique sportive, si politique il y a.

Le classement de la Belgique à la 55ème place au tableau des médailles à l’issue des Jeux olympiques de Sydney 2000, si superficiel qu’il puisse paraître, apporte cependant un éclairage symptomatique sur la santé sportive de notre pays.

Notre système éducatif, qui ne fait pas du sport scolaire une priorité (dans l’enseignement secondaire le temps consacré au sport est de 2 heures/semaine; en fait 2 x 36 minutes). Notre structure politique « éclatée » (le sport relève à la fois du niveau fédéral, régional, communautaire, provincial et même communal) contribue également à la dispersion des moyens. Le manque d’investissements financiers (les budgets cumulés en matière de sport représentent moins de 1% du budget fédéral) et la frilosité du secteur public à s’engager dans des projets sportifs de grande envergure peuvent constituer autant d’explications sur l’état de santé sportive du pays. Pour rappel, une enquête nationale de 1997 sur la santé montrait qu’en Belgique environ une personne sur dix est obèse.

En outre, depuis le début des années ’80, le sport est également devenu un enjeu économique majeur, et cette recomposition du champ sportif autour des valeurs marchandes qui a entraîné sa professionnalisation, entraîne de nouvelles questions.

La logique économique qui veut que « seuls les plus forts survivent » pose la question du nombre de clubs professionnels de football par ville, et entraîne dans son sillage les questions de l’endettement des clubs, de leur fiscalité, de l’argent noir, de la législation sur le travail, de leur financement (les droits TV sont très faibles en Belgique et la fancard prive de nombreux clubs de son public). D’autres questions se posent également, telles que de manière non-exhaustive les moyens mis à la disposition des athlètes avant compétition, leur reconversion post-sportive, les écarts d’investissements sportifs entre le Nord et le Sud du pays, le financement du COIB, son rôle et sa reconnaissance par le gouvernement fédéral.

Des noms

Le sport est bel et bien présent dans le programme des principaux partis politiques francophones; seul le CDF, le PTB et le PC n’y font aucune référence.

Bien qu’il soit souvent abordé en « toute fin de programme, on remarque que les partis politiques qui ont médiatiquement amené sur leurs listes des candidats issus du monde du sport sont ceux qui y portent actuellement la plus grande attention. Au MR, on a l’ancienne basketteuse Anne Humblet, la présidente des Dauphines de Charleroi Fabienne Devilers, l’ex-Diable Rouge Marc Wilmots, l’ex-dirigeant de l’Union Belge et d’Anderlecht Alain Courtois et, au cdH, l’arbitre de football Amand Ancion. Le PS fait exception à cela puisqu’il aborde le sport de manière exhaustive sans pour autant avoir médiatisé ses candidates « du sport »: les athlètes Resi Stoffels et Fatiah Baouf .

Du côté flamand, on est bien plus discret avec Edwig Van Hooydonck (VLD, ex-cycliste, double vainqueur du Tour des Flandres), l’ex-entraîneur de judo Jean-Marie Dedecker (VLD), Marc Herremans (VLD, triathlète paraplégique) et l’ancien footballeur Mike Verstraeten (Veilig Blauw)..

Lorsqu’il ne fait pas l’objet d’un traitement spécifique dans les programmes, le sport est utilisé, instrumentalisé comme support à d’autres politiques (santé, intégration, etc).

Cependant, la majorité des propositions et, de manière générale, la façon dont l’activité sportive est appréhendée, ne quittent généralement pas le seul cadre du sport amateur ou du Sport pour Tous. Il s’agit même d’un outil efficace parfois même « une panacée universelle » pour répondre à certains maux de notre société ou pour servir d’appui à d’autres politiques.

Le sport professionnel n’est que très rarement traité. Même s’il s’agit d’une avancée considérable de la prise en compte du sport par les partis politiques, la majeure partie des propositions qui sont énoncées ne dépassent pas le cadre des simples déclarations d’intention. Mais jugez vous-mêmes.

1. La détection des futures élites sportives et les sports-études

MR

Pour le MR la réussite sportive étant exceptionnelle, il recommande aux futures élites sportives qui suivent une formation intensive dans le cadre des études du 2ème et 3ème degrés de l’enseignement secondaire de se prémunir de l’éventualité d’un échec sportif via l’obtention d’un diplôme. Le MR encourage les élèves sportifs de haut niveau à développer leur aptitude dans le cadre de leur scolarité.

Concernant les formations sportives de type sports-études le MR propose de renforcer et de multiplier celles-ci et d’associer les clubs et fédérations sportives afin de mieux orienter les jeunes vers ce type de filières et de déceler aussi tôt que possible les jeunes talents en collaboration avec les centres psycho-médico-sociaux qui peuvent aider à mieux faire connaître ces filières aux jeunes en décrochage scolaire.

cdH

Pour le cdH, beaucoup d’enfants présentent des capacités et des aptitudes physiques de haut niveau. Il importe donc d’identifier ces capacités via des tests physiques effectués sur tous les enfants de 6 à 18 ans, le renforcement de la collaboration entre écoles, fédérations sportives et scolaires, et le soutien aux fédérations sportives scolaires afin qu’elles puissent organiser des compétitions interécoles.

Le cdH propose pour les élites sportives un grand centre scolaire et sportif communautaire réservé aux jeunes espoirs et aux élites confirmées et qui prendrait totalement en charge leur suivi scolaire, sportif et médical basé sur d’INSEP français ainsi qu’une maison du sport.

Pour le cdH, les sports-études, considérées comme un second choix doivent être une filière à part entière devant être valorisée et personnalisée. Le cdH propose que soit structurée l’offre en Communauté française, d’accroître les partenariats entre clubs sportifs, écoles et fédérations sportives, de définir les conditions d’ouverture de ces filières (contenu et encadrement), d’évaluer objectivement les besoins en infrastructures, et de réorganiser l’offre de formation scolaire (simplification et axée sur la formation générale de base).

2. L’accès aux infrastructures et équipements sportifs

MR

Gratuité d’accès aux salles publiques pour les équipes des jeunes de moins de 16 ans. Pour celles nouvellement créées, les communes en difficulté budgétaire pourraient limiter la gratuité aux deux premières saisons d’engagement dans la compétition. Par ailleurs, le MR encourage les clubs sportifs à investir dans les équipes d’âge.

Conclusion de conventions par la Communauté française qui « propose, voire impose » que les infrastructures sportives scolaires soient ouvertes aux clubs sportifs et au public en période de non-utilisation. Ce qui impose que soient réglés les problèmes de gardiennage qui empêchent le personnel fonctionnel et pédagogique de prester en dehors des heures de cours et le manque de visibilité des clubs en milieu scolaire.

Intensification des passerelles sport/écoles en étudiant l’utilisation optimale des infrastructures existantes, sur base du principe  » winwin ».

Mise à la disposition des clubs sportifs (via un cadre contractuel ou réglementaire) des installations sportives privées des administrations (réservées aux agents de la Fonction publique ou de l’armée) et meilleure coordination des initiatives existantes.

cdH

Il veut faciliter l’accès des écoles à l’ensemble des infrastructures disponibles en CFWB sur base d’un inventaire précis de l’offre de bâtiments sportifs pouvant être mis à la disposition et l’accès du grand public, par une baisse des tarifs de location des infrastructures ADEPS, un inventaire de celles-ci, des économies d’échelle au travers d’une synergie entre tous les acteurs, des projets de développement d’infrastructures communes dans des zones composées de plusieurs communes voisines et l’amélioration de l’accessibilité des bâtiments sportifs pour les personnes à mobilité réduite.

Ecolo

Le manque d’infrastructures et d’activités sportives accessibles « condamne les habitants à se regarder en chien de faïence ».

3. Les mesures financières incitatives à la pratique et à l’organisation

MR

Afin d’encourager l’inscription dans les clubs sportifs des enfants des familles à revenus modestes et nombreuses, le MR propose de défiscaliser les dépenses des particuliers consacrées à la pratique sportive et de créer des « bourses du sport ».

Recommande d’envisager toutes les mesures fiscales susceptibles d’aider au développement des activités sportives(investissements, TVA, affiliations, etc.).

Recommande que soit défini plus clairement le statut social et fiscal tant des clubs que des opérateurs, bénévoles, volontaires, stadiers, amateurs ou professionnels.

Création d’un fonds sportif alimenté par les domaines public et privé, chargé de redistribuer les montants collectés, sur base de critères objectifs définis prioritairement par les opérateurs de terrain (monde sportif et associatif).

PS

Propose qu’un statut fiscal et social adapté pour les sportifs de haut niveau soit instauré afin de tenir compte de la durée limitée de leur carrière sportive, et que des mesures semblables soient adoptées pour leur staff d’encadrement. Chaque fédération sportive devra déterminer, discipline par discipline, le caractère professionnel ou amateur de l’activité.

Recommande que soient adoptées des mesures législatives nouvelles afin d’instaurer ou d’augmenter le salaire minimum prévu pour les sportifs étrangers.

cdH

Dans une optique de sport intégration,il veut favoriser l’inscription des jeunes dans les clubs via:

1. l’octroi par les communes de 3 chèques-sport annuels par jeune,

2. le plafonnement des droits d’inscription dans les clubs par une conditionnalité des subventions communales,

3. un « pass-sport » afin de permettre au plus grand nombre de s’essayer à un sport,

4. le développement d’approches et contenus de formation spécifiques par catégorie d’âge.

Au vu des coûts de la pratique sportive « tant pour l’adhérent que pour le club lui-même », le cdH propose:

1. de défiscaliser les cotisations sportives et le coût des cours complémentaires pour les sports individuels,

2. d’uniformiser les différents taux de taxation,

3. de diminuer le taux de TVA sur le matériel et l’équipement sportif et de supprimer les taxes provinciales et communales.

Propose de créer un statut fiscal approprié au sportif et de défiscaliser les dons faits à un club.

Pour les personnes à bas revenus, il propose d’appliquer des tarifs préférentiels et d’octroyer des chèques-sports et des pass-sport..

4. L’organisation du sport et les moyens attribués

MR

Propose de nommer un commissaire fédéral aux sports disposant d’un rôle de coordinateur entre les entités fédérées, ainsi qu’un regroupement de toutes les compétences en matières sportives au sein d’un ministère unique en communauté française Wallonie Bruxelles car la réalité de nos institutions complexes font que le sport ne peut évoluer favorablement sans sortir de ces carcans étriqués (Communautés et Régions) et contraignants. Il doit en effet pouvoir faire usage des compétences fédérales en matière de santé, finances, emploi et travail, sécurité sociale.

Propose la mise sur pied d’une plate-forme de discussion, réunissant les fédérations, le COIB, l’AISF, la VSF, et les responsables politiques.

Souligne le sous financement chroniquedu sport (moins de moins de 1% du budget fédéral) alors que 71% des Belges font du sport de manière directe ou indirecte.

Désire imposer un pourcentage minimal des budgets communaux réservé au sport (investissements dans les infrastructures, mise en place de passerelles sport/école et de politiques de sensibilisation aux valeurs citoyennes à travers la pratique du sport, etc.).

ECOLO

Encourage la conclusion d’accords sectoriels entre les Communautés française et flamande avec une commission de coordination pour en assurer le suivi et propose que soit renforcée l’action et les moyens des clubs sportifs dans la commune pour l’accueil de tous plutôt que proposer des animations éphémères.

PS

Rappelle que le développement du sport dépend aussi à certains égards des compétences de l’Etat fédéral. Propose la création d’une conférence intergouvernementale relative à la politique sportive qui a pour but de coordonner toutes les politiques sportives (directes et indirectes).

Renforcement des synergies entre les Régions wallonne et bruxelloise et la Communauté française dans la gestion des infrastructures sportives et de la politique du sport.

cdH

Rappelle sa participation à la conclusion des accords de la Saint-Boniface qui ont permis d’accorder des moyens aux politiques sportives. Création d’une Fondation du Sport et d’un Fonds fédéral du Sport. Détermination d’une part budgétaire minimale, tous niveaux de pouvoir confondus, dans le soutien à la pratique du sport.

Proscrit « l’amateurisme » (…) « en matière de politique sportive » et propose, pour développer une vraie politique sportive en Belgique, la nomination d’un secrétaire d’Etat aux Sports ainsi que d’un seul ministre des Sports Communauté/Régionet la mise sur pied d’un observatoire belge des sports.

5. Le sport à l’école

cdH

Recommande que dans l’enseignement primaire deux heures quotidiennes (entre 13h30 à 15h30) soient consacrées à des activités sportives et culturelles en fonction des caractéristiques de chaque école en matière d’infrastructures et de disponibilité du personnel.

Pour nos enfants qui sont victimes de nos loisirs modernes(sport sédentaire et Internet), il propose de faire de l’école le premier terrain de sporten augmentant le nombre d’heures de sport à l’école (270 minutes), en organisant la formation continue des professeurs d’éducation physique, en développant le temps consacré à la psychomotricité à l’école maternelle.

Revalorisation du statut des fédérations sportives scolaires et leur attribuer des moyens nécessaires à leurs missions et apporter un soutien effectif à leurs dirigeants et offrir un choix plus varié de disciplines sportives.

Valorisation de certains « actes positifs » des jeunes (dont le sport) afin de limiter la violence à l’école.

ECOLO

Aménagement des rythmes scolaires afin de libérer des espaces pour pratiquer une activité sportive.

Propose que dans l’enseignement obligatoire soient offerts aux élèves, enseignants et autres intervenants des espaces libres (notamment sportifs).

Soulève la question des frais « facultatifs » notamment liés aux activités sportives dans l’enseignement obligatoire.

L’école doit être un exemple et favoriser l’accès aux activités sportivesafin d’inciter les jeunes à la santé.

Front National

Le Front National recommande, sans apporter plus d’explications, que le sport soit développé dès l’école primaire.

6. Le dopage

cdH

L’exemplarité du sportif justifie que le dopage soit combattu en harmonisant la lutte contre le dopage au niveau national, en renforçant les sanctions et en généralisant les contrôles. Encourage les campagnes d’information sur les risques encourus, notamment auprès des plus jeunes, de la population et des clubs, et la formation des cadres, dirigeants, entraîneurs.

Recommande que soit élaboré un code d’éthique et de conduite à remettre lors de chaque affiliation et que les peines pour les prescripteurs, fournisseurs et tous ceux qui incitent à l’usage de produits dopantssoient renforcées.

PS

Recommande sans plus de précisions, l’adoption de mesures efficaces afin de combattre toutes les dérives liées tant à la commercialisation outrancière qu’à la pratique du dopage.

7. Le bénévolat

MR

Souligne l’absence de statut fiscal clair des bénévoles et volontaires et recommande que celui-ci soit défini plus clairement de même que leur statut social.

PS

Recommande d’accroître l’exonération des indemnités perçues par les bénévoles afin que leur « travail » soit encouragé et protégé et qu’une attention particulière soit portée sur les pré-pensionnés, pensionnés, chômeurs et personnes minimexées qui ne peuvent être pénalisés pour l’appui qu’ils donnent au bon fonctionnement des associations sportives.

cdH

Rappelle que les bénévoles sont la clé de voûte du mouvement sportif et propose de donner au volontariat une référence légale, de prendre des dispositions fiscales afin de permettre un allègement de la charge que représente l’engagement bénévole, de leur assurer des formations à des prix démocratiques, de former les responsables d’équipes de bénévoles, et d’assurer la sécurité juridique et la protection civile des bénévoles dans l’exercice de leur mission.

Rappelle que le bénévole qui investit dans le sport bénéficie d’une déductibilité fiscale des frais engagés personnellement.

Propose un ensemble de mesures générales (sur le bénévolat des allocataires sociaux, sur la responsabilité du bénévole, et sur l’exonération fiscale des indemnités perçues par les collaborateurs occasionnels pour autant qu’elles ne s’apparentent pas à une forme de rémunération déguisée.

Alexandre Husting

« Le sport, c’est moins de 1% du budget fédéral alors que 71%des Belges en font » (le MR)

« Faire de l’école le premier terrain de sport » (le cdH)

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