1 an + tard

On revisite les déclarations parues dans le Sport/Foot Magazine de juin 2008.

Quand Gilbert était chanteur….

Gilbert Bodart, alors entraîneur de Wevelgem City, s’exprime sur ses tourments… louviérois :  » Je suis passé par tous les états d’âme. J’ai songé au pire mais mes enfants et ma femme m’ont aidé. J’ai fait quelques placements mais ce n’est pas mon truc…. Je maintiens que j’ai été une victime et presque tout ce qui a été écrit à mon propos était faux. « 

Marc Delire : Je garde beaucoup de tendresse pour Gilbert malgré tout ce qu’il a pu faire de néfaste. Un de mes meilleurs souvenirs de journaliste l’implique d’ailleurs directement. C’était lors d’Arménie-Belgique en 1993 qualificatif pour la World Cup. J’étais posté en bord de terrain pour récolter les impressions. Mais comme le match n’en était pas un (la Belgique s’était imposée en deux coups trois mouvements dans une ambiance de mort), je m’étais baladé tout autour du stade et m’étais arrêté derrière le goal tenu ce soir-là par Gilbert. Vu qu’il n’avait pas l’air trop concentré par les événements, je lui glisse : – Çava Gilbert ? Et lui me répond tout naturellement : – Ben oui et toi ?

Voyant la caméra tourner, il tenta de reprendre un air concentré. Moi, j’étais plié en quatre. Bodart, c’était le show-man par excellence. Que ce soit sur le terrain ou en dehors. Et les anecdotes de vestiaire que Benoît Thans m’a racontées ne font que le confirmer. Il fallait par exemple lui supplier de jouer, quasiment s’agenouiller devant lui et lui dire que sans lui, le Standard n’était rien. Il venait tout le temps avec des blessures qui n’en étaient pas. Les docteurs allaient même jusqu’à lui faire des piqures d’eau pour l’envoyer sur le terrain. Il était alors dans son élément, le héros qui devait sauver le Standard. Il faut se rappeler ses mimiques, la souffrance qui se lisait sur son visage. Beaucoup de show mais une mise en scène qui le rendait attachant. C’est clair que l’échelle de la sobriété, il était au plus bas alors que Filip De Wilde était au sommet. Deux styles et deux trajectoires aux antipodes. Il semble aujourd’hui évident que Gilbert avait des problèmes avant la fin de sa carrière. Le vice du jeu l’avait déjà frappé.

Après ce qu’il a fait, il y a chez lui un côté détestable, mais je n’arrive pourtant pas à le détester. Je ne lui ai jamais écrit en prison alors que j’y ai longtemps pensé. À mon tour d’être détestable. Et puis, il faut nuancer ce qu’il a fait : ce n’est pas glorieux, c’est même grave d’en arriver là, mais il n’y a pas mort d’homme non plus. Je souhaite qu’il s’en sorte. Pour le reste, je garderai toujours en mémoire sa belle période au Standard et ses arrêts improbables du temps de la chanson Avec les supporters. Oui, oui, pour ceux qui l’auraient oublié (et je me demande bien comment après un tel tube), Gilbert a poussé la chansonnette. Ça donnait : Il s’appelle Bodart, l’ange gardien du Standard ! Mon but c’est de gagner pour faire taire les bavards. Avec les supporters, on va changer la Terre.

Ceux qui souhaitent la suite dans leurs oreilles, je suis prêt à leur faire une copie de ce cd collector…

Bölöni, j’en suis baba

Lazlo Bölöni débarque au Standard et nous accorde sa première interview face to face. Et avance ses préceptes :  » Un joueur discipliné, ce n’est pas suffisant. Il fait son devoir, mais s’il ne se tient qu’à cela, ce footballeur est forcément limité… « 

Marc Delire : L’exigence est et restera le maître mot du coach roumain. A son arrivée l’été dernier, il avait tenu comme discours devant le groupe, et en synthétisant :  » Vous venez d’être champion mais vous n’avez encore rien prouvé.  » Aujourd’hui, c’est devenu :  » Le plus dur commence pour vous.  » Coach Lazlo adore le contre-pied.

A l’heure où les bulles sont encore dans toutes les têtes rouges, Bölôni prend la tangente. C’est sa manière à lui de couver son équipe et de la mettre en face de ses responsabilités, en s’interdisant les faux-fuyants. Vous vous rappelez du Defour du début de saison ? Celui qui tirait la gueule, celui qui devait s’asseoir sur le banc. Neuf mois plus tard, Steven est devenu le King de Sclessin grâce à une saison à plein poumons. Bölöni a vite compris que Defour devait passer la surmultipliée, gagner en envergure. Le Roumain nous envoie vers  » le principe de Peter  » qui pour résumer dit :  » Tout employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence.  » Et pour ce qui est de Steven ou d’Axel, ils sont encore loin d’avoir atteint leur niveau d’incompétence. C’est pourquoi, je ne les vois pas quitter le navire cette saison ; ils ont encore trop de choses à apporter au club, à nous apporter. Et quel meilleur stimulant que l’assurance de la Ligue des Champions ?

Par contre, pour ce qui est des autres cadors, ça va être plus compliqué. Concernant Onyewu, c’est peine perdue surtout après son énorme Coupe des Confédérations. Pour ce qui est de Jova et de Dieu, j’espère seulement en voir un des deux s’en aller. Même si le collectif liégeois a régulièrement brillé, je ne conçois pas comment l’on peut remplacer deux joueurs de cette classe. Quand Jova dit dans Sport/Foot Magazine que  » Sans moi et Dieu, le Standard serait troisième « , ce n’est pas à prendre pour de la prétention. C’est une vérité. Bölöni plaide pour un jeu rapide et en mouvements, et ça passe par des joueurs de cette dimension. Aussi, je vois, vu l’état des nouvelles fiances et des bruits de couloirs, que du lourd pourrait arriver. Bölöni a dû avoir certaines garanties à ce propos après avoir prolongé son contrat d’un an. Car en restant, il prend des risques. Il devra réaliser la passe de trois en championnat et être digne de la Ligue des Champions. Après la déification de Preud’homme, celle de Bölöni est à ce prix.

Tubize, l’Anderlecht du pauvre

Sport/Foot Magazine titrait concernant le promu, Tubize :  » Qu’est-ce qu’un club pareil fait en D1 ? « . Vincent et Raymond Langendries répondaient alors aux moqueries et avançaient les défis permanents du club de leur c£ur.  » Que nos détracteurs se gaussent ! Moi, j’affirme qu’on sera prêt !  » (Raymond Langendries)

Marc Delire : Il n’a pas fallu grand-chose pour que les Sang et Or se maintiennent. Evidement, quand tu dois tirer comme un boulet un début de saison catastrophique et pittoresque, ça n’aide en rien. D’autant que tu remets le couvert dès février 2009 en affichant un bilan lamentable de 0 sur 30. Pour le reste, et en fermant les yeux sur ces burn-out (bien trop longs, je le concède), Tubize avait les armes pour prolonger son séjour en D1. Les gens raillaient ce club dès l’annonce de sa montée.

Et c’est vrai que l’entame du championnat n’a pas aidé avec en cause des transferts ou plutôt des non-transferts très discutables. Rappelez-vous du jeune et inexpérimenté gardien, Santos De Matos. Sans vouloir raviver chez lui de mauvais souvenirs, il a quand même quelques buts gags pour sa pomme. Quand je commentais les matches de Tubize en début d’année, je voyais les joueurs fragilisés par leur défense en carton et un gardien aux abois. Comment vouliez-vous aller à la guerre avec un gars qui n’avait jamais tenu un fusil ! ? Et là, je ne mets pas en cause le gamin mais bien la direction qui s’est ramassée dans son casting ; l’arrivée d’Ardouin le démontrant à merveille puisque les points sont seulement alors arrivés… Et à ceux qui prétendent que les Brabançons n’avaient rien à faire en D1, je les invite à regarder ce qui se passe en France avec la montée de Boulogne en L1 et à contrario, la descente de Nantes en L2. Pour ressortir platement une vielle rengaine : c’est le foot. Le malheur des grands ne doit jamais amoindrir l’exploit des petits.

Souvent, on a rigolé de l’absence de public au stade Leburton mais je reste convaincu qu’une équipe faite de battants à l’image des gens du coin pourrait sur le long terme rameuter une belle assistance. Et puis ceux qui continuent à croire que Tubize n’avait rien à faire en D1, je leur dirais que c’est ce club qui a permis au Standard d’être champion. Demandez aux supporters d’Anderlecht ce qu’ils en pensent…l

par thomas bricmont-dessins de pad’r

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