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Les Diables Rouges partent à la chasse aux points

Vendredi, les Diables Rouges jouent au Kazakhstan et mardi, ils reçoivent l’Autriche à Bruxelles. Ils sortent d’un 0 sur 6 après l’Allemagne et la Turquie et ont besoin de 6 points. Comment y arriver?

62e au classement FIFA, la Belgique se déplace au Kazakhstan (126e), où elle évoluera sur une pelouse artificielle, et elle reçoit ensuite l’Autriche (61e au classement FIFA). « Le classement FIFA ne m’intéresse pas », affirme Marc Wilmots, entraîneur-adjoint de Georges Leekens et international à 70 reprises. « A ce niveau, chaque match est difficile, quel que soit l’adversaire. Face à la Turquie et l’Allemagne, notre prestation a été bonne mais nous devons affiner notre sens du but. Sans efficacité, le talent ne représente rien. Récemment, un journaliste autrichien m’a rendu visite et il m’a dit: « Nous n’avons pas bien joué contre le Kazakhstan ». Je lui ai répondu qu’à la fin, le marquoir affichait 2-0 pour l’Autriche. C’est la seule vérité. Un match peut se décider très vite. Durant le premier quart d’heure, le Kazakhstan a balayé la Turquie, il s’est créé trois occasions sans les concrétiser. En revanche, la Turquie a marqué sur sa première opportunité et elle a doublé la mise peu après. »

En guise de préparation à ce match sur pelouse artificielle, la Belgique s’est entraînée pendant quatre jours sur la pelouse synthétique de Woluwé. « Le Kazakhstan est techniquement fort, ses médians sont rapides et giclent de la deuxième ligne », poursuit Wilmots. « Son jeu ressemble assez fort à celui de la Russie mais nous devons avant tout nous occuper de notre football. Tactiquement, les matches contre l’Allemagne et la Turquie ont été très bons mais il faut mettre fin à ces petites fautes, qui nous démolissent. Chacun doit être prêt à aller au feu pendant 90 minutes, voire davantage. Nous devons oser, sans pour autant courir comme des idiots en attaque et nous exposer à un contre. Chacun doit penser en termes offensifs et défensifs. Il nous faut une véritable équipe sur le terrain. »

Comment enfin stabiliser la défense?

Contre l’Allemagne et la Turquie, la Belgique a fait appel à quatre défenseurs centraux: Toby Alderweireld, Vincent Kompany, Daniel Van Buyten et Thomas Vermaelen évoluent au coeur de la dernière ligne de leurs clubs. Contre le Kazakhstan et l’Autriche, ne serait-il pas plus indiqué d’aligner au moins un arrière latéral qui confère des élans offensifs, pour mieux développer le jeu (sans oublier que Kompany est suspendu pour le premier match et Vermaelen blessé)?

« Eventuellement, on peut opter pour des arrières qui montent en les couvrant avec des médians défensifs, mais la question reste : qui? », commente Aimé Anthuenis, ancien sélectionneur des Diables. « A droite, il y a Gillet. Avec Jonathan Legear devant lui, on profite des automatismes acquis à Anderlecht. Mais vous savez également que Gillet a parfois des problèmes sur le plan défensif… Si on peut s’attendre à une forte pression sur ce flanc, mieux vaut y aligner Alderweireld. Il est capable de mettre le verrou mais il ne faut pas attendre de lui qu’il atteigne le rectangle adverse. A gauche, sans Vermaelen, Olivier Deschacht permet de jouer un peu plus offensivement et JelleVan Damme constitue aussi une option. Peut-être faut-il choisir l’association Deschacht-Van Damme sur le flanc gauche. La saison passée à Anderlecht, ce tandem a bien fonctionné. Van Damme peut aussi prendre place à gauche d’un triangle médian. S’il est en forme, je l’alignerais toujours: il est grand, fort et gaucher. La suspension de Kompany constitue une grande perte. Je ferais reculer Jan Vertonghen, qui a été très fort la semaine dernière contre l’AC Milan. En l’associant à Alderweireld, on peut s’appuyer sur des automatismes de club. Nicolas Lombaerts constitue également une option. En équipe nationale, il faut tendre vers un système fixe et un onze de base qui reste intact le plus possible, quitte à s’adapter à l’adversaire quand c’est absolument nécessaire. »

Ne pas accepter que Van Buyten soit le seul buteur

Contre l’Allemagne et la Turquie, la Belgique a aligné trois médians aux qualités essentiellement défensives, Timmy Simons, Jan Vertonghen et Marouane Fellaini, même si ce dernier a souvent mis le nez à la fenêtre. Ne serait-il pas opportun de titulariser un autre type de joueur, un médian offensif ou un avant en décrochage?

« Attendre un peu ou spéculer, ce serait trop risqué après deux défaites », commente Franky Van der Elst, international à 86 reprises et présent à quatre Mondiaux. « J’envisagerais l’adaptation suivante: placer Fellaini devant la défense à côté de Vertonghen et lui laisser la possibilité de monter au lieu de lui assigner une positon offensive. Il excelle dans ce rôle, avec son gabarit, sa puissance et son énorme abattage. Au numéro dix, on a alors le choix entre un footballeur créatif qui sait garder le ballon et créer une brèche, comme Eden Hazard, ou un second avant qui décroche en perte de balle, comme Jelle Vossen le fait à Genk. Je préférerais Vossen à Wesley Sonck: il est un rien plus mobile, il a plus de volume et il joue bien. Je ferais entrer Sonck comme joker. Il est apte à surprendre une défense. Il jouerait près de Romelu Lukaku mais sans trop décrocher. Déterminer le jeu n’est pas vraiment son point fort. Hazard peut apporter son bagage à droite. Legear, qui revient de blessure, constitue un atout sur le banc. Avec Van Damme à gauche, l’équipe est équilibrée, je pense. Il y a encore le bagage footballistique de Steven Defour et d’Axel Witsel, mais ils sont plus axiaux. Je pense que Vertonghen doit rester à son poste. Il y a fait son trou lors des derniers matches et il a une longue passe précise. »

Lors des deux derniers matches, nous n’avons marqué qu’au départ de phases arrêtées, et des oeuvres d’un défenseur central, Van Buyten. Comment l’expliquer? « Nous n’alignions pas beaucoup de buteurs », répond Erwin Vandenbergh, ex-international et ancien meilleur buteur européen. « En outre, Lukaku n’a encore que 17 ans et une blessure l’a privé de la majeure partie de sa préparation. Je sais par expérience qu’il faut une demi-saison pour retrouver son meilleur niveau. J’ai été surpris que Vossen, le meilleur buteur belge, n’ait pu entrer au jeu qu’en fin de rencontre contre l’Allemagne et ait fait banquette en Turquie. Au lieu de le lancer plus tôt, on a envoyé Fellaini plus en profondeur. Celui-ci continue à y travailler et à s’y battre mais il n’a pas de finesse, il ne délivre pas la dernière passe. Contre le Kazakhstan, il faudra sans doute aligner quelqu’un d’autre… »

Christian Vandenabeele

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